Quand le PS s'indigne d'une proposition de "Sarkosy" (sic) vieille de... 2012

Publié à 20h37, le 13 septembre 2016 , Modifié à 00h43, le 14 septembre 2016

Quand le PS s'indigne d'une proposition de "Sarkosy" (sic) vieille de... 2012
Le patron des députés PS, Bruno Le Roux © JACQUES DEMARTHON / AFP

PLUS C'EST VIEUX PLUS ÇA PASSE - Cela est de plus en plus clair : François Hollande compte faire de son opposition frontale à Nicolas Sarkozy l'un de ses principaux arguments de campagne en vue de 2017. On l'a vu lors de son discours de président-candidat, salle Wagram, lorsque le chef de l'État a défouraillé sur la droite et surtout sur son prédécesseur à l'Élysée. Manuel Valls aussi cible l'ex-président à l'envi, voyant en lui une "menace considérable". Au PS, il est donc convenu de s'en prendre à Nicolas Sarkozy dès que possible, dans l'espoir de ressouder un camp miné par les divisions.

Quitte à faire un peu n'importe quoi.

Exemple avec ce petit dépliant d'une quinzaine de pages produit par le groupe PS à l'Assemblée nationale, distribué mardi 13 septembre à l'occasion du séminaire de rentrée des députés socialistes, en présence de Manuel Valls. Détournant le logo de LR et intitulé "Les Réactionnaires, les propositions d'une droite qui déraille", le document vise à recréer, dans l'esprit de tout le monde, l'idée d'une véritable différence entre la gauche et la droite, et donc de réimposer ce clivage comme marqueur de la prochaine présidentielle.

Sur la première page, on trouve une petite photo de chacun des huit candidats à la primaire de la droite. Une citation ou une proposition formulée par eux y est accolée. On remarque d'emblée qu'au PS, on ne sait pas écrire correctement le nom du sixième président de la Cinquième République française. Celui-ci est en effet renommé "Sarkosy"...

Surtout, il lui est prêté une idée - "réactionnaire" et "qui déraille", donc - franchement datée. Il s'agit de ce qui suit : "Le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi". Or, cette proposition date en réalité de la campagne de 2012 et n'a pas été reprise aujourd'hui par celui qui brigue de nouveau l'Élysée. À l'époque, le président sortant voulait organiser un référendum sur le système d'indemnisation du chômage. Dans Le Figaro Magazine au mois de février, il disait :

 

"

Passé un délai de quelques mois, toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante. À l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé.

"

La phrase est donc vraie (quoique tronquée)... mais elle ne peut pas franchement être utilisée dans la campagne qui nous occupe en 2016. Car nulle trace de cette mesure ne peut être trouvée dans son programme pour la primaire de la droite (et plus si affinités) - Nicolas Sarkozy propose en revanche une dégressivité des allocations chômage, ainsi que de "retirer les subventions aux demandeurs d'emploi ayant refusé plus de deux offres d'emploi ou de formation". Des mesures qui répondent à la même logique et qui sont dans la droite ligne de la première, mais qui ne sont pas identiques, tout simplement. 

Et cela est totalement délibéré puisqu'à l'intérieur du document, la référence de la citation (reprise in extenso cette fois) est bien précisée : "N. Sarkozy, interview au 'Figaro Magazine', février 2012".



En toute connaissance de cause, le Parti socialiste fait donc campagne sur une proposition de l'un de ses principaux adversaires vieille de quatre ans. Pour tous les autres candidats présents dans ce document, cependant, les propositions contestées datent au plus tard de 2014... Seul Nicolas Sarkozy se voit donc reprocher ses idées du passé.

[BONUS TRACK] Et Poisson alors ? 

Ce document de campagne s'en prend donc à tous les candidats à la primaire. Tous ? Non, car Jean-Frédéric Poisson est quelque peu oublié. Certes, il figure sur la page de garde. Mais on y trouve seulement sa photo. Ni son nom, ni une citation, contrairement à tous les autres. À l'intérieur, idem : aucune de ses idées n'est soulignée. 

La perche était pourtant démesurément aisée à saisir pour le PS : le président du Parti chrétien démocrate est l'un des plus fervents pourfendeurs du mariage pour tous, dont il promet l'abrogation. Rien de plus simple, donc, que de défendre cette réforme sociétale présentée comme l'un des aboutissements du quinquennat...

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