Une enquête de BuzzFeed News publiée mardi 6 juin épingle 97 candidats investis par le Front national pour les législatives. En cause : des propos ou approbations de propos racistes, antisémites et homophobes sur leur compte Facebook et/ou Twitter, qui mettent à mal la stratégie de dédiabolisation emmenée par Marine Le Pen. Seront-ils exclus du parti frontiste, comme le veut la règle ? Les cadres FN et sa présidente se sont montrés assez flous.
Ce mercredi sur France bleu Paris, Wallerand de Saint Just n’est pas beaucoup plus clair mais apporte une précision importante : les sanctions interviendront plus tard, mais "pas avant le premier tour" des législatives. Il a déclaré :
"- Wallerand de Saint Just : Cette enquête de BuzzFeed, bien entendu, n’a pas du tout été faite au détriment ou au profit d’autres candidats d’autres formations en politique. Ils ont trouvé, souvent, des indications extrêmement anciennes et qui visent principalement l’islam. Christophe Versini, qui est candidat à Paris, il a écrit en 2015 : 'L’ennemi, c’est l’islam nous sommes en guerre contre l’islam'. À l’époque, il était encore à l’UMP. Maintenant, il est au Front national. Et je lui ai dit : 'Tu n’écris plus ça'.
- Journaliste : Mais sur les autres qui sont au FN et qui tweetent, retweetent ou likent des messages homophobes…
- Wallerand de Saint Just : Écoutez, la pression est quand même énorme. Les musulmans ne sont certainement pas tous des terroristes, mais encore une fois, ce ne sont pas les pentecôtistes ou les mormons qui posent des bombes qui tuent.
- Journaliste : Donc vous approuvez ce message ?
- Wallerand de Saint Just : On peut les comprendre.
- Journaliste : Vous les condamnez ?
- Wallerand de Saint Just : Bien entendu, je les condamne. Mais je l’ai fait venir, Versini. Il est venu au Front national et maintenant il n’écrit plus ça et il ne pense plus ça.
- Journaliste : Et les autres qui écrivent cela, vous les sanctionnerez ?
- Wallerand de Saint Just : Bien entendu qu’on les sanctionnera, bien entendu.
- Journaliste : Pas avant le premier tour ?
- Wallerand de Saint Just : Voilà, pas avant le premier tour.
"
Cela signifie que certains des candidats visés par l’enquête pourraient se retrouver à l’Assemblée nationale alors qu’ils risquent l’exclusion de leur parti. Le FN n’était de toute façon pas en mesure d’investir d’autres candidats puisque les inscriptions avaient été closes avant la publication de l’enquête.
Ce mercredi sur France 2, Marine Le Pen a expliqué que l’"immense majorité" des propos polémiques relevaient en fait de la "considération politique" . L’ex-candidate à la présidentielle n’a pas précisé quel "dérapage" vaudrait exclusion. Si ce serait le cas par exemple pour Grégory Stich (candidat dans le Haut-Rhin), qui a relayé un photomontage sur le "lobby juif", ou encore pour Bernard Sironneau (candidat dans la Drôme) qui a partagé un photomontage mettant sur le même plan Christiane Taubira et la publicité Banania "Y’a bon". Mardi, Nicolas Bay a largement minimisé ce dernier cas en assurant qu’il s’agissait d’"humour de mauvais goût", alors que l’abbé Beauvais avait été condamné pour injure raciale pour avoir fait la même *blague*.
[EDIT 14h50]
Comme le précise le journaliste de l'AFP Guillaume Daudin, Christophe Versini avait déjà rejoint le Front national lorsqu'il a rédigé le tweet évoqué.
WSJ dit que Versini a écrit son tweet de juin 2015 en étant encore UMP, mais il était déjà au FN depuis sept. 2014https://t.co/zup8oVgev4https://t.co/kiM0k4LFaH
— Guillaume Daudin (@GuillaumeDaudin) June 7, 2017
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