Cela fera office de seule et unique rencontre des six pré-candidats à la présidence de l’UMP. Avant la clôture du dépôt de parrainages le 18 septembre, Bernard Accoyer a invité les candidats en quête de signatures dans sa fédération, en Haute-Savoie, pour qu’ils puissent défendre leurs idées devant des militants.
En lieu et place d’un débat, les six se sont succédé à la tribune pour des discours allant de quinze à une trentaine de minutes. A noter, deux absents: Jean-François Copé, en déplacement de campagne à Vannes, et Xavier Bertrand, qui doit annoncer le 16 septembre sur Europe 1 s’il est candidat en solo ou s’il rejoint une équipe.
Alors que raconte un candidat à la tête de l’UMP devant des militants, et sous le regard de ses concurrents ? Le Lab revient sur l'intervention, la stratégie et le style de chacun.
Blagues, programme, troisième voie et deuil
> NKM, encore et toujours la troisième voie
C’est son crédo, le message qu’elle répète à chaque passage médiatique : Nathalie-Kosciusko Morizet est troisième dans les sondages. Certes, elle ne rassemble que 6% des suffrages, derrière un Copé à 20% et un Fillon à 59%, mais c’est cette troisième place qui compte.
Ce 15 septembre, elle a donc enjoint les militants à lui laisser sa chance, par esprit démocratique :
Je trouve [dans cette rencontre] l’écho de beaucoup de cadres qui souhaitent avoir une troisième voie. Il faut que vous ayez le choix, peut-être autrement que ce que proposent les médias qui sont parfois un peu binaires.
Autre angle d’attaque, une forte critique du gouvernement actuel qui provoque selon elle une "désillusion" précoce. NKM a estimé au passage que le chef de l’Etat s’était comporté en "parrain" dans la désignation du nouveau premier secrétaire du parti.
L'ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy s'est ensuite esquivée après son discours pour "aller inaugurer le clocher de l'église de Longjumeau", ville dont elle est maire.
> Luc Chatel, Monsieur vannes
Lui n'a pas l'intention d'être président de l'UMP mais si Jean-François Copé est élu, il aura le poste de vice-président. Luc Chatel est venu s'exprimer à la place de son candidat, lui-même en déplacement à Vannes. Sa stratégie : taper, taper et taper encore sur le gouvernement socialiste, si possible accompagné de bons mots. Florilèges :
Sur les vacances, trop longues à son goût, du chef de l'Etat :
Ils avaient installé les meubles de jardin, il parait qu'ils étaient sur le point de mettre le chauffage pour l'hiver.
Sur l'agenda du redressement présenté par François Hollande sur TF1 le 10 septembre :
Monsieur Hollande a donc plusieurs agendas. On va l'appeler Monsieur Filofax, l'homme qui distribue les agendas.
Après François Hollande "Filofax", Martine Aubry a été qualifiée de "Madame Tape-dur" et le Premier ministre de"Little Ayrault".
Quant à la désignation d'Harlem Désir comme futur premier secrétaire du PS :
Une chose est sûre : Harlem n'a pas été le fruit du Désir.
Outre les jeux de mots, Luc Chatel a rappelé l'importance des mouvements que Jean-François veut faire exister au sein de l'UMP. Lui même fait partie du courant des Humanistes et Libéraux avec Jean-Pierre Raffarin.
> Bruno Le Maire, la liste de propositions
Les blagues, ce n'est pas trop le truc de Bruno Le Maire. Il est arrivé avec une liste d'idées pour changer l'UMP et la politique en générale. En commençant par un constat peu folichon :
Il faut faire un diagnostic lucide. La droite a tout perdu : elle a perdu les pouvoirs locaux, elle a perdu les pouvoirs régionaux et elle a perdu les pouvoirs nationaux, Sénat, Assemblée nationale, présidence de la République.
Tout est à reconquérir pour la droite, en France.
Dans sa besace pour le changement à l'intérieur de l'UMP, Bruno Le Maire a sorti le "référendum d'initiative militante", pour que 10% des militants puissent imposer un sujet aux "instances parisiennes" :
Si on vous avait donné la parole dès 2007, vous auriez exigé de nous la suppression définitive et totale des 35 heures et vous auriez eu raison !
Enfin, Bruno Le Maire a voulu se démarquer des autres candidats sur le thème du "respect":
Vous n'entendrez jamais sortir de ma bouche le moindre mot désagréable ou un peu acide à l'égard d'un autre candidat, car dans une famille politique on se respecte.
> Henri Guaino, l'endeuillé
Chaque pré-candidat a mis en avant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais il en est un qui continue de le considérer comme leur chef à tous : son ancienne plume, Henri Guaino.
Candidat depuis peu à la présidence de l'UMP, Henri Guaino estime que cette élection n'est pas là pour trouver un "nouveau chef"à l'UMP :
Je n’ai pas fait mon deuil de ce qui s’est passé il y a quelques mois, ni du départ de Sarkozy. [applaudissements nourris dans le public].
Je ne suis pas dans l’état d’esprit de lui trouver un remplaçant pour l’élection présidentielle ou même un chef. Un chef ça ne se décrète pas.
Pour l'ex-conseiller spécial, cette élection n'est pas faite pour construire un nouveau projet politique car "il existe déjà" :
Il ne s’agit pas non plus de choisir un projet politique. J’ai entendu tous mes amis qui m’ont précédés. Je ne suis pas en train de réfléchir au projet politique de l’UMP.
Quelques mois à peine après les élections, mon projet je l’ai, je l’ai défendu devant tous les Français, durant des mois.
On ne choisit pas un projet mais dans quelles conditions on va le faire évoluer.
> Xavier Bertrand ... absent
Il prépare une grande émission au cours de laquelle il annoncera sa décision vis-à-vis de sa candidature.
Voilà l'excuse de Xavier Bertrand pour ne pas participer à ce rendez-vous des pré-candidats. Celui qui se targue d'avoir déjà dépassé le nombre de parrainages nécessaires sera l'invité de Europe 1 le 16 septembre. Il annoncera s'il fait candidature seul ou en équipe.
> François Fillon, l'ovationné
Il est arrivé avec son équipe pendant le discours de Damien Meslot, député de Belfort chargé de parler à la place de Xavier Bertrand. Résultat : personne n'a plus fait attention à l'orateur.
Le bout des béquilles de François Fillon à peine entré dans la salle, les militants se sont levés pour l'applaudir. L'ovation a duré jusqu'à son arrivée, clopin-clopant, sur l'estrade. Et c'est en candidat très sûr de lui que François Fillon a pris la parole, assis sur un bord de table, sans note.
L'hommage à Sarkozy de rigueur :
Si Nicolas Sarkozy avait voulu être président de l'UMP, tout le monde l'aurait accueilli à bras ouverts. Il a fait un autre choix.
Les critiques vis-à-vis du gouvernement actuel :
Les cent premiers jours ont divisé profondément notre pays et rendent impossible un rassemblement.
Quand on insulte les riches, qu'on insulte les chefs d'entreprise, quand on divise les Français, on est disqualifiés pour rassembler les Français
Pendant une longue demi-heure (là où les autres candidats ont plus ou moins respecté les quinze minutes imposées), François Fillon a également donné sa vision du "redressement national" pour "éviter le déclin".
Au niveau interne, il s'est opposé à ce que des "courants comme au Parti socialiste" naissent à l'UMP, manière de s'opposer aux mouvements voulus par Jean-François Copé.
> 13h30, fin du rendez-vous. Sur l'estrade, on ne voit plus que François Fillon. Les autres sont déjà partis remplir d'autres obligations ailleurs.
(Toutes les photos publiées sont des captures d'écran de LCP)