SERPENT DE MER – Faut-il créer une crèche à l’Assemblée nationale, notamment pour permettre à de jeunes parents d’accéder plus facilement à la représentation nationale ? Le projet, que Ségolène Royal réclamait dès 1991, a été relancé par deux députées PS en décembre 2012.
L'ouverture d'une crèche à l'Assemblée encore repoussée
Des couches culottes et des hochets sous les ors du Palais-Bourbon ? La demande d’une création d’une crèche à l’Assemblée nationale, demande dans les tuyaux depuis une quinzaine d’années, ressurgit en ce début de législature … et s’apprête à y retourner, selon les informations du Lab.
Tout débute par un courrier de sollicitation adressé à Claude Bartolone le 11 décembre 2012.
Les deux députées PS, Axelle Lemaire et Barbara Romagnan, y réclament la mise en place d'un service de crèche à l'Assemblée nationale. Une proposition déjà formulée par Ségolène Royal en 1991.
Dans une lettre de réponse datée du 12 février et que Le Lab s’est procurée, Bernard Roman, le premier questeur de l'Assemblée, en charge des questions financières ou administratives , accuse réception de la suggestion en plus pure langue administrative :
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Votre demande, qui doit être examinée dans toutes ses dimensions, fait actuellement l’objet d’un examen approfondi et nous ne manquerons pas de vous apporter très prochainement une réponse sur ce projet qui vous tient particulièrement à coeur.
"Interrogé par Le Lab, le député du Nord est plus précis :
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Nous n'avons pour l'instant rien engagé.
Nous cherchons une solution foncière pour les besoins de l’Assemblée, et notamment mieux accueillir les députés.
Et il ne peut rien y avoir tant que nous n’aurons pas trouvé de réponse foncière.
"Les espaces recherchés visent notamment à fournir un logement à l’ensemble des élus qui ne vivent pas sur Paris. Rien ne dit, pour le moment, s'ils permettraient la création d'une crèche.
Axelle Lemaire , députée de la troisième circonscription des Français établis hors de France (Europe du nord) prend pourtant cette réponse positivement :
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La question est prise très au sérieux.
Je savais bien que le projet n’allait pas être lancé directement.
Et puis mieux vaut une solution pérenne que quelque chose fait à la va-vite.
"Dans sa lettre cosignée avec Barbara Romagnan, elle proposait, en joignant un livret "Crèches et entreprises"édité par l'Observatoire de la parentalité en entreprise avec le Ministère des solidarités, une mise en place avec une entreprise privée. "Comme c'est le cas dans certains ministères", souligne-t-elle.
Une situation qui n'est pas celle souhaitée par la questure. Axelle Lemaire coupe :
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J'entends très bien l'argument du caractère pérenne.
Mais cela reste positif. D'autant plus que j'ai cru comprendre qu'ils sont sur une piste sérieuse pour trouver des locaux.
"A l'origine de ce courrier, dont elle a pu discuter brièvement avec Claude Bartolone au détour d'un ascenseur le 4 février, la députée qui a refusé une place au gouvernement sur le plateau du Grand Journal de Canal , le 21 juin 2012, donne ses motivations.
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Il faut réfléchir à deux fois avant de se lancer en politique lorsque l’on a des enfants en bas âge. C’est un rythme un peu fou. […]
Et puis c’est parfois dur de quitter ses enfants. Il m’arrive de ne pas les voir pendant huit jours alors qu’ils pourraient éventuellement venir avec moi le week-end. [...]
C’est une question qui traine depuis plusieurs décennies. J’imagine que Ségolène Royal a dû se sentir très isolée en 1991.
Aujourd'hui, nous sommes beaucoup de jeunes parents parmi les nouveaux députés. C'est mon rôle de donner l'impulsion.
"Le premier questeur, Bernard Roman montre son accord :
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C'est une question nouvelle qui se pose, avec le rajeunissement des députés.
Et puis nous sommes complètement sur la même longueur d'onde, avec le Président, nous souhaitons une Assemblée en phase avec la société.
"Du côté du Parti socialiste, outre les deux députées à l'origine de la demande, "Sébastien Pietrasenta, Olivier Véran, ou Yann Galut" font notamment partie des jeunes parents, d'après Axelle Lemaire.
Xavier Jullien, directeur de la communication du groupe socialiste à l’Assemblée, concède "sans doute un intérêt", mais ne possède pas de chiffre exact du nombre de jeunes parents parmi les députés PS.
La création d'un tel service ne concernerait pas uniquement les députés, mais bien l'ensemble des salariés de l'institution : parlementaires, collaborateurs, ou encore membres du personnel. Et certains ont déjà exprimé le souhait d'ouverture d'une crèche.
Le responsable CGT du personnel de l'Assemblée se souvient avoir formulé une demande avec l'ensemble des syndicats, "il y a une quinzaine d'années". Une sollicitation à laquelle Philippe Thiénard n'a "jamais eu de réponse".
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Cette demande est une bonne chose, nous sommes très intéressés, à condition, évidemment, que le personnel puisse en profiter.
"C'est justement avec l'ensemble des salariés concernés que la création d'un tel service sera étudiée. Bernard Roman conclut dans l'incertitude :
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Lorsque nous en discuterons avec les syndicats, nous hiérarchiserons les réponses prioritaires à apporter à leurs demandes.
"Pas pour demain, donc.
>> La lettre de Axelle Lemaire et Barbara Romagnan