On savait déjà que, pour Jean-Marie Le Pen, le Front national n'est pas un parti de gouvernement . Une idée avec laquelle Marine Le Pen n'est pas tout à fait d'accord, mais bon, une fois n'est pas coutume, n'est-ce pas ? On sait aujourd'hui que le même Jean-Marie Le Pen ne croit pas une seconde que le FN soit "aux portes du pouvoir". Ce qui fait - au moins - un deuxième point d'accroche avec sa présidente de fille, mais aussi avec Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls , qui pensent tous deux l'inverse.
Cité par L'Express du mercredi 15 avril, le fondateur du FN explique pourquoi son parti n'est pas près de gouverner. Et ce ne sont pas les succès électoraux, là aux européennes, là aux départementales, qui vont le faire changer d'avis. Il dit :
"Ils ont tous pris la grosse tête. Ils regardent leurs succès aux élections sans se rendre compte que ce sont avant tout leurs adversaires qui sont pitoyables. Nous serions aux portes du pouvoir ? Jamais de la vie ! Et encore moins avec un parti divisé.
"
Ce théorème du "parti divisé" est une constante chez Jean-Marie Le Pen, un argument qu'il réédite à chaque fois qu'il est brocardé par les siens pour des propos jugés *un chouïa* gênants pour la direction du FN. Vendredi 9 avril, sur RTL, le "Menhir" avertissait sa fille . "[Mon exclusion] me parait être une idée tellement mirobolante qu'elle contient en elle-même le risque d'implosion du Front. Si cette décision était prise, elle serait complètement folle", expliquait-il.
L'idée selon laquelle le FN n'est pas aux portes du pouvoir est, en revanche, plus récente. Ou, plutôt, Jean-Marie Le Pen feignait de penser le contraire. Cité par Le Figaro lundi 13 avril, il prévenait déjà :
"Au Front national, un certain nombre de gens déclarent qu'ils sont aux portes du pouvoir. C'est qu'ils ne savent pas ce qu'est le pouvoir, ni où il est. Nous ne sommes pas exactement aux portes du pouvoir parce qu'on a fait quatre, cinq ou même six millions de voix. Il faut en faire plus que ça.
"
À mille lieux, donc, de ses déclarations pourtant pas si anciennes. En novembre dernier, dans Le Parisien, le président d'honneur comparait Marine Le Pen à Angela Merkel et Margaret Thatcher et louait les succès électoraux de son camp. "En trois ans, le Front national s’est considérablement développé. Nous sommes arrivés premiers aux dernières européennes, et ce n’est qu’un début", disait-il.
Le 1er décembre, sur le plateau de C à vous, le patriarche voyait même Marine Le Pen devenir la première femme présidente de la République. Enfin, Jean-Marie Le Pen l'imaginait, mais pas grâce aux talents de sa fille. Il disait :
"Je pense qu'elle peut l'être. Je pense qu'elle peut l'être pour des raisons qui sont contrastées d'ailleurs. D'abord à cause de la dynamique du Front national et de ses qualités propres mais aussi par l'effondrement de ses adversaires.
"
En avril 2014, Jean-Marie Le Pen expliquait que même en avril 2002, alors qu'il était au second tour de la présidentielle, le FN n'était "pas prêt à prendre le pouvoir".