SABOTAGE - Visiblement, l'instauration d'un groupe de travail sur la primaire de la droite et du centre pour 2017 n'a pas rassuré tous les prétendants. Certes, celle-ci sera "ouverte", condition jugée indispensable par Alain Juppé comme François Fillon. Mais les inquiétudes des deux anciens Premiers ministres demeurent.
Début mars, Alain Juppé prévenait : "Si on ne dépasse pas les 500.000 électeurs, je me présenterai directement devant les Français." En clair, une participation trop faible pourrait à ses yeux favoriser Nicolas Sarkozy, ce qui pousserait le maire de Bordeaux à partir en solo pour la présidentielle, malgré la primaire.
Mercredi 18 mars, c'est au tour de François Fillon de faire part de ses doutes. Auprès du Figaro, il reconnaît d'abord que "jusqu'à présent, Nicolas Sarkozy s'est montré irréprochable dans la préparation de la primaire". Mais "jusqu'à présent" seulement, car c'est pour l'avenir que le député de Paris se méfie :
"On peut se retrouver avec un règlement nickel et, ensuite, une organisation sabotée, le temps qui manque pour mettre en place les 8.000 bureaux de vote ou des tentatives pour décourager la participation.
"
Fichtre, voilà qu'à plus d'un an et demi de la primaire, François Fillon s'inquiète déjà d'un éventuel "sabotage". Certainement les séquelles de son affrontement avec Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP en 2012, qui ne fut pas à proprement parler "nickel", pour reprendre les termes de l'ancien Premier ministre.
Le Figaro ajoute que Fillon a estimé auprès de Frédéric Péchenard, directeur général de l'UMP et dircab de Nicolas Sarkozy, qu'il faudrait "commencer à réfléchir à la préparation de la primaire quasiment maintenant". Or... c'est déjà le cas depuis un petit moment. Le groupe de travail sur le scrutin, piloté par Thierry Solère, député proche de Bruno Le Maire, doit rendre son rapport courant avril. Mais les conditions pour s'y présenter et pour y voter ont déjà été arrêtées et, de manière générale, le travail des représentants de tous les ténors du parti sur le sujet est terminé.
Pour parer à tout soupçon quant à la participation - que le parti espère proche de celle de la primaire du PS en 2011 -, la question des bureaux de vote a fait l'objet d'une intense réflexion. Selon les informations du Lab, sur les 8.000 bureaux de vote prévus, 4.000 seront répartis sur la simple base des circonscriptions électorales. Il y en aura donc automatiquement 7 sur chacune des 577 circonscriptions.
L'autre moitié dépendra des scores réalisés par la droite et le centre aux dernières élections et les circonscriptions où la droite fait de bons scores bénéficieront de plus de bureaux de vote que les autres.
Ne vous étonnez donc pas de voir la circo de Neuilly, par exemple, dotée de 4 ou 5 bureaux de vote additionnels, en plus des 7 réglementaires. En revanche, les terres de gauche moins favorables à l'UMP n'auront pas de rab. Une manière de s'assurer que le peuple de droite se déplacera massivement pour choisir son champion.
Suffisant pour calmer les inquiétudes de François Fillon ?
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