Le multiplex politique du 22 février avec Mélenchon, Le Foll, Le Roux et Dupont-Aignan

Publié à 17h56, le 22 février 2015 , Modifié à 22h30, le 22 février 2015

Le multiplex politique du 22 février avec Mélenchon, Le Foll, Le Roux et Dupont-Aignan
© Montage via AFP

MULTIPLEX POLITIQUE – Après une semaine marqué par l'utilisation du 49.3 par le gouvernement pour faire adopter la loi Macron, voici venu le temps des interviews dominicales.

Au menu de ce dimanche 22 février, Jean-Luc Mélenchon dans C politique, Stéphane Le Foll dans BFM Politique, Bruno Le Roux dans Tous Politiques et Nicolas Dupont-Aignan au Grand Jury.

Comme chaque semaine, le Lab se plie en quatre pour vous livrer les morceaux choisis de ces interviews politiques.

>> Jean-Luc Mélenchon, C Politique sur France 5



#Cohn-Bendit ce dégénéré

On l'a vu, Jean-Luc Mélenchon peut parfois être très virulent envers les Allemands et Angela Merkel (remember). Du racisme, avait dénoncé en juin Daniel Cohn-Bendit.

Pas du tout rétorque Jean-Luc Mélenchon, qui en profite pour envoyer un taquet à son ancien collègue du Parlement européen. Il dit :

Il est totalement dégénéré et j'ai beaucoup de mal à accepter les leçons de monsieur Cohn-Bendit. Non, ce n'est certainement pas du racisme et encore moins de l'ethnicisme.

L'ancien co-président du Parti de gauche attaque la politique de l'Allemagne vis-à-vis de la Grèce. Et sa langue fourche un peu. 'On ne peut pas accepter de continuer de marcher à la baguette de monsieur Schäuble [ministre des Finances allemand, ndlr] ou de monsieur Merkel', dit-il.

#Ambition

Jean-Luc Mélenchon enrage. Contre quoi  ? Contre qui ? De voir la France "trottiner derrière madame Merkel" alors que "nous somme la grande puissance du continent".

Mais, lui qui avait quitté en août 2014 la coprésidence du Parti de gauche, après avoir fait part, en juillet, de son besoin de s'effacer, décide aujourd'hui de ne plus se cacher. Et montre ainsi son ambition :

C'est moi qui parle ici aujourd'hui, nous ne sommes pas 50.  C'est moi que vous avez invité et par conséquent j'ai un devoir […] Mais je jouerai mon rôle. Je sais qu'il faut à un moment donné être capable d'incarner les choses. Ça me coûte de vous le dire : ce n'est pas ma tradition intellectuelle. Mais ça va j'ai compris, je ne suis pas fou. Je vois bien que je vis au XXIe siècle avec les médias et c'est moi qui suis là. 

>> Stéphane Le Foll, BFM Politique



#History

Oui, Stéphane Le Foll le reconnait : le Parti socialiste a peut-être un peu de mal avec l'autorité et la fronde de certains députés PS contre la voix Macron, obligeant le gouvernement à recourir au 49.3 pour faire adopter ce texte en est un exemple.

Mais ces divisions ne datent pas d'hier. Le porte-parole du gouvernement rappelle l'épisode du traité constitutionnel en 2005, soutenu par le PS après un vote interne. Ce qui n'avait pas empêché certains comme Laurent Fabius ou Jean-Luc Mélenchon de prôner le nom.

Stéphane Le Foll concède :

Ça date, ça date. Je pense que des habitudes ont été prises. Mais ce que je dis c'est que ça n'a pas empêché pas le parti socialiste d'avancer. […] Et surtout aujourd'hui ça n'empêche pas et ça n'empêchera pas le gouvernement d'agir. 

#Pitbull

Longtemps, Stéphane Le Foll a été celui chargé au PS de dire "non" quand François Hollande faisait lui le jeu de la synthèse. Mais le porte-parole de gouvernement ne se reconnait pas dans ce portrait d'homme brutal, de "pitbull" de François Hollande. Il dit :

Ce n'est pas exactement ce que je suis. La preuve c'est que Dominique Besnehard a très bien dit ce que je suis.

Une remarque qui fait bien rire sur le plateau de BFM Politique, où les mots de l'agent de stars ont été évoqués un peu plus tôt.

Mais qu'avait dit Dominique Besnehard ? Exactement ceci :

Il y en a un que je trouve très beau et très viril, c'est Stéphane Le Foll. C'est l'ancien insignifiant qui avec l'âge est devenu très charismatique. Il a un physique de cinéma. Il me fait penser à Tom Hanks.

>> Bruno Le Roux, Tous Politiques France Inter / Le Parisien



#La responsabilité du FN

Comme Jean-Christophe Cambadélis, Bruno Le Roux accuse le FN d'être responsable de la profanation du cimetière de Sarre-Union, perpétrée selon Le Monde par au moins un militant antifasciste. Le chef de file des députés PS dit :

Quand on voit des cimetières comme ce qu'il s'est passé à Sarre-Union, totalement dégradé par des jeunes qui ne sont pas des professionnels de l'antisémitisme mais qui sont dans un milieu où il y a plus de 40% d'électeurs Front national aujourd'hui. Il est responsable.

Bruno Le Roux fait "le lien entre le développement des idées" et dénonce le radicalisme de la base frontiste. "Quand nous sommes dans un pays où il y aujourd'hui des intentions de vote à 30%, des villages qui votent à 40, 45% pour le Front national, j'imagine qu'il y a des idées véhiculées qui ne sont pas les plus républicaines", ajoute-t-il.

#Tête de Turc

Emmanuel Macron est peut-être le chouchou du François Hollande. Il n'est en revanche pas celui de l'Assemblée nationale. Bruno Le Roux estime d'ailleurs que certains députés étaient moins opposés à la loi croissance qu'à la personne même du ministre de l'Économie. Dénonçant un "dogmatisme qui fait que l'on doit être contre", il ajoute :  

Par moment je ne savais plus exactement si on devait être contre la loi ou si on devait être contre monsieur Macron.

"Monsieur Macron" ? Une référence à la manière dont Martine Aubry désigne le ministre de l'Économie

#Antisémitisme de salon

Bruno Le Roux revient sur les propos de Roland Dumas lundi 16 février sur BFMTV à propos de "l'influence juive" que jouerait la femme de Manuel Valls sur le Premier ministre.

Le patron des députés PS dénonce un "antisémitisme de salon". Et en profite pour fustiger le comportement des… frondeurs. Non pas vis-à-vis de Roland Dumas mais à propos de la loi Macron. Il dit :

Cela aurait dû nous amener à faire corps encore plus, à être encore plus à la hauteur. Parce que quand il y a un délitement comme ça dans la société, on doit aussi y répondre par la façon dont on place nous-mêmes le débat. 

Manière de dire que la semaine passée, certains n'ont pas été "à la hauteur des enjeux". 

>> Nicolas Dupont-Aignan au Grand Jury RTL / LCI / Le Figaro 



#Documents

Nicolas Dupont-Aignan n'est pas venu les mains vides dans le studio du Grand Jury. Il a amené une publicité que reçoivent en ce moment, selon lui, les entreprises. Et que dit cette réclame ? Le député de l'Essonne lit :

Ouvriers roumains qualifiés. Nos intérimaires pour vos projets en 2014 : maçons, plombiers, soudeurs, plaquistes, électriciens, charpentiers. Contactez-nous. Coût horaire charges comprises : 13 €.

Nicolas Dupont-Aignan en profite pour dénoncer la politique menée contre le chômage. "L'emploi est en train de fuir de notre pays, soit par les délocalisations, soit par ce que j'appelle les nouveaux esclaves. Et nos concitoyens n'ont plus de boulot", dit-il pour expliquer qu'il faut "lutter contre la concurrence déloyale" et "baisser les charges sur les PME". 

Le député assure qu'il a montré ce document à François Hollande. Et le président a considéré, d’après Nicolas Dupont-Aignan, qu'il avait raison mais qu'il était coincé à cause de "nos partenaires". 

#IVe Reich

Nicolas Dupont-Aignan évoque le cas grec, estimant que l'on doit aider le pays "si on veut qu'il nous rembourse un jour". Mais il n'est pas optimiste, à cause du jeu allemand.

On a d'un côté une organisation dictatoriale qui ne respecte pas la démocratie. Vous savez, on dit en Grèce que c'est un IVe Reich économique qui est en place, qui n'est plus militaire mais économique. C'est l'Allemagne qui gouverne l'Europe. C'est malsain.

Nicolas Dupont-Aignan refuse de dire s'il reprend à son compte l'expression "IVe Reich". "Les peuples européens ne peuvent plus supporter l'attitude de Madame Merkel qui dicte sa conduite et refuse le suffrage universel d'un pays", admet-il néanmoins.

#Anachronisme

Comme énormément d'élus de droite, Nicolas Dupont-Aignan ne veut plus de Christiane Taubira au ministère de la Justice. Pourquoi ? Parce que la garde des Sceaux serait laxiste. Et, pour le prouver, le député de l'Essonne détaille les condamnations des auteurs des attentats de janvier à Paris.

"J'ai ressorti le parcours de monsieur Coulibaly : condamné en 2001 à trois ans pour vol à main armée, dont deux avec sursis ; en 2001 à nouveau condamné à quatre ans, deux avec sursis ; en 2002 à 12 mois ; en 2004 à six ans, cour d'assises des mineurs du Loiret, vol à main armé ; en 2005 à trois ans ; en 2007 à 18 mois pour trafic de drogues ; en 2013 à cinq ans, il n'en fera que quatre", dit-il avant de dénoncer "un laxisme incroyable de notre système judiciaire". Il ajoute : 

Quand on voit que madame Taubira est encore en fonction, quelle insulte au peuple français car la loi Taubira libère nos délinquants.

Sauf que Nicolas Dupont-Aignan dénonce le laxisme de Christiane Taubira en évoquant des peines d'avant 2012 – hormis une en 2013 – soit avant qu'elle ne devienne ministre de la Justice. Ce que le journaliste de RTL Jérôme Chapuis fait remarquer au président de Debout la France. Ce dernier explique que c'est encore pire avec la loi Taubira. 

Du rab sur le Lab

PlusPlus