Avec Emmanuel Macron, Alain Juppé manie le chaud et le froid. Un jour il salue son discours sur l'Europe, un autre il pourfend sa politique du logement. Un jour, il envisage à voix haute un "grand mouvement central" pour les élections européennes, un autre il marque sa distance d'avec La République en marche. Tiraillé entre une droite made in Wauquiez qui lui ressemble de moins en moins et ce centre-droit macroniste qui ne le séduit pas totalement, le maire de Bordeaux fait monter l'attente autour de son avenir politique.
Mais s'il soupèse encore ses options, il semble avoir en tout cas décidé de ne pas formellement rejoindre le parti présidentiel, contrairement à d'autres cadres de LR (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Thierry Solère). L'ex-Premier ministre ne goûte guère son identité essentiellement basée sur la personne d'Emmanuel Macron et le manque d'enracinement politique de ses élus. Ainsi peut-on lire, dans L'Opinion mercredi 29 novembre :
"Il n’ira pas à La République en marche – Alain Juppé juge que ce parti 'n’existe qu’autour de son chef' et que ses élus sont 'hors sol'.
"
Pas sûr que son lieutenant Édouard Philippe, devenu Premier ministre d'Emmanuel Macron (ce qu'il lui avait d'ailleurs déconseillé) et chef de la majorité sans pour autant être membre de LREM, soit totalement d'accord avec lui... Mais peut-être les deux hommes ont-ils eu l'occasion d'en discuter au cours de leurs échanges qui se poursuivent encore aujourd'hui ?
Pour l'heure, Alain Juppé semble plus soucieux de l'avenir immédiat de son parti, Les Républicains, dont Laurent Wauquiez devrait être élu président au mois de décembre. Et s'il n'a toujours pas officiellement soutenu son poulain, le juppéiste Maël de Calan lui aussi candidat à cette élection, le finaliste de la primaire de la droite s'affichera tout de même avec lui lors d'un meeting à Bordeaux début décembre. Le résultat du scrutin et le poids réel de l'aile modérée au sein de LR devrait être un indicateur de plus dans la réflexion d'Alain Juppé...
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