SILENCE ASSOURDISSANT - Tout le monde a donné son avis au sujet de l'accord sur la Grèce arraché après 17 heures de négociations à Bruxelles, lundi 13 juillet. Tout le monde... sauf trois hommes. Trois candidats à la primaire de la droite et du centre pour 2016 et donc prétendants à l'Élysée en 2017 : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Bruno Le Maire (qui n'est pas encore "prêt" à déclarer officiellement sa candidature, rappelons-le).
Stupeur, étonnement, questionnement : force est de le constater, c'est silence radio du côté de ces têtes d'affiche de Les Républicains. François Fillon, lui aussi dans la course à l'investiture de la droite pour la prochaine présidentielle, a réagi sur son blog en confiant son "soulagement" après l'obtention de ce compromis, tout en estimant que "le plus dur commence" et qu'il "faudra s'assurer de la bonne foi des autorités grecques et de la résilience de son peuple".
# Nicolas Sarkozy
Après avoir tonné dans une interview au Monde que la Grèce s'était "d'elle-même" mise "de fait" hors de la zone euro, après avoir changé d'avis sur le sujet et appelé à un "compromis", après être *discrètement* intervenu en pleines négociations en critiquant François Hollande à la télévision... après tout ça, pas un mot de l'ancien chef de l'État et président du parti de la rue Vaugirard.
Pourtant, ce n'est pas comme s'il n'avait rien à voir dans l'obtention de cet accord mettant un terme (provisoirement ?) à la crise grecque... n'est-ce pas, Éric Woerth ?
# Alain Juppé
La dernière prise de position publique du maire de Bordeaux ? Trois petites lignes publiées sur son blog vendredi 10 juillet, sous le titre "Grexit 3" :
"Le gouvernement grec a transmis à Bruxelles les propositions que la zone euro attendait de lui. La voie semble donc ouverte à la négociation et à la conclusion d’un accord équilibré. Tous ceux qui sont attachés à l’Europe avec la Grèce s’en réjouissent.
"
L'ancien Premier ministre se "réjouissait" donc par avance de cet accord. Rappelons que deux jours plus tôt, il jugeait "irresponsable" la position française consistant à la recherche d'un compromis "à tout prix". Depuis, rien. Ah si. Un message de tristesse après l'annonce de la mort de l'acteur Omar Sharif et deux au sujet du Festival d'Avignon :
Mort d'Omar Sharif.Tristesse.Tant d'émotions dans tant de chefs d'œuvre!Sa beauté, sa classe , la noblesse qu'il dégageait me fascinaient
— Alain Juppé (@alainjuppe) 10 Juillet 2015
Moments de bonheur au @FestivalAvignon où s’expriment toute la vitalité et la diversité de la création artistique. #FDA15#OFF15
— Alain Juppé (@alainjuppe) 11 Juillet 2015
Festival d'Avignon. Shakespeare dans le "in", Molière dans le "off". Hors festival l'expo P.Chereau.Extraordinaire effervescence culturelle.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 12 Juillet 2015
[Edit 9h25]
À peu près à la seconde où nous publiions cet article, Alain Juppé a finalement publié un billet sur son blog. Il estime qu'il est "difficile de comprendre le cheminement du gouvernement Tsipras" qui a finalement accepté des mesures refusées par son peuple par référendum une semaine plus tôt. Il ajoute :
"Est-ce le résultat de la fermeté de la majorité des membres de l’Eurogroupe ? Est-ce la victoire du bon sens ? Peu importe en vérité. Ce qui compte, c’est de repartir sur de nouvelles bases, d’aider la Grèce à s’en sortir dès lors qu’elle est décidée à remettre de l’ordre dans ses affaires et, surtout, de recréer la confiance réciproque. Je me réjouis en tout cas que nous puissions conserver la Grèce avec nous [...].
"
Le fruit d'une réflexion de près de 24 heures, donc.
# Bruno Le Maire
Le 22 juin, le député de l'Eure fustigeait sur France Info l'action du Premier ministre grec Alexis Tsipras, dénonçant ses "mensonges" qu'il qualifiait de "faute". Il se disait tout de même favorable à un accord :
"Tant mieux s’il y a un accord et si on sort de cette crise permanente.
"
Il faudra s'en satisfaire, puisque l'homme du renouveau ne s'est plus exprimé sur le sujet depuis. Son seul tweet, lundi :
Tout est en place à #Evreux place du général de Gaulle pour les ceremonies du 14 juillet. pic.twitter.com/Qx4Sq5tyqG
— Bruno Le Maire (@Bruno_LeMaire) 13 Juillet 2015
Auprès du Lab, un proche de Bruno Le Maire indique que cette absence de réaction dans l'immédiat est "voulue", "assumée" et vise à se donner le temps de "voir ce qu'il y a dans l'accord en profondeur et de prendre de la hauteur". Le fruit de cette rélexion vous sera livré "demain sur RTL", précise-t-on encore.
[Edit 10h50 : ajout précision proche Bruno le Maire]
À LIRE SUR LE LAB :
> Crise grecque et Eurogroupe : la voix de Michel Sapin vue par Yanis Varoufakis
À LIRE SUR EUROPE1.FR :
> Jean-Marie Le Guen : sans accord avec la Grèce, "c'était le chaos économique"