Depuis la non-qualification d'Hervé Mariton, il est celui qui fait figure d'outsider ultime pour la primaire à droite. S'il a gagné en notoriété depuis le premier débat entre prétendants à ce scrutin (et les quelques polémiques dont il a été l'acteur et l'objet depuis, voir ici et ici), Jean-Frédéric Poisson sait que ses chances de l'emporter sont infimes. Il le reconnaît et ne dira pas le contraire, à l'opposé de certains "petits" candidats qui assurent qu'ils "peuvent gagner" contre toute attente. S'il y va, c'est donc avec d'autres intentions : il veut peser sur la suite et "infléchir" le programme du futur vainqueur.
Le président du Parti Chrétien Démocrate participait vendredi 28 octobre à l'émission Bistro libertés sur TV Libertés, web-télé trèèèèèès droitière et membre de l'autoproclamée "réinfosphère". Interrogé sur le score qu'il peut espérer faire le 20 novembre, au soir du premier tour de la primaire, le député des Yvelines ne se laisse pas aller au péché d'orgueil : "Je ne peux pas vous faire le reproche de considérer qu'aujourd'hui, la probabilité la plus importante est que je ne gagnerai pas cette primaire ; je l'accepte", explique Jean-Frédéric Poisson. Fervent chrétien, il se fend tout de même d'une petite blagounette quant à ses espoirs d'intervention divine dans son aventure électorale :
"Je sais qu'il peut tout arriver, je crois d'autant plus dans les miracles que ce n'est pas moi qui m'en occupe, donc tout ça va très bien.
"
Mais outre l'hypothèse d'une telle *immaculée élection*, il lui faut bien penser à l'avenir plus pragmatiquement. Il affiche donc un objectif chiffré ambitieux - 10% des voix - afin de s'inviter dans la discussion pour le second tour et au-delà. Il explique, se basant sur une fourchette de participation entre 2 et 3 millions d'électeurs :
"Je suis entré dans cette élection en sachant où j'entrais, en considérant qu'effectivement, malgré tous les défauts qu'elles ont, les familles de la droite et du centre sont les plus susceptibles de réformer le pays à partir de 2017 dans une tranquillité et une paix qui seront relatives parce que le pays est exaspéré, mais malgré tout dans cet état d'esprit. Et à partir de là, je me dis : 'J'y suis parce que je veux être en capacité d'infléchir le projet de celui ou de celle qui portera les couleurs de ces familles à partir de décembre prochain.'
À partir de quand est-ce qu'ont peut le faire ? Ça dépend de la configuration du second tour, mais on peut considérer que dès lors que vous réalisez un score à deux chiffres, [...] on se cave comme on dit [au poker], c'est-à-dire qu'on a le droit de s'asseoir à la table, pour payer les blindes les unes après les autres. Un score à deux chiffres, quand il y a 2 millions d'électeurs, ça veut dire 200.000 voix. Si c'est 2.5 millions, 250.000 voix. Si c'est 3 millions d'électeurs, 300.000 voix. C'est beaucoup.
"
Assez pour être en position d'"écrire" aux deux candidats qualifiés pour le second tour, les interroger sur un certain nombre de points programmatiques et faire son choix en fonction de leurs réponses (dont il espère qu'elles tiendront compte de ses exigences). Il promet d'ailleurs de "publier" ces courriers... et se laisse la liberté de ne choisir personne si tout cela ne lui convient pas.
200 à 300.000 voix, c'est donc "beaucoup". Mais cet opposant irréductible au mariage entre personnes de même sexe sait aussi relativiser ce chiffre. Il dit ainsi : "300.000 personnes, ça n'est pas la moitié des Franciliens qui ont défilé contre le mariage pour tous - dont moi - au mois de mars 2014 à Paris." Un appel du pied supplémentaire aux intéressés, comme pour leur faire miroiter l'inscription grâce à lui de leurs revendications dans le programme de celui ou celle qui sera désigné champion(ne) de la droite. Mais une partie de ceux-là devrait aussi se reporter sur François Fillon qui, bien que toujours distancé dans les sondages, est le seul des prétendants au second tour à promettre de "réécrire" une partie de la loi Taubira (sur le droit de la filiation).
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