LE CHOIX DES MOTS - "Le FN n'est pas d'extrême droite." C'est Marine Le Pen qui le dit. Par contre, il a eu par le passé une "dimension sociale et nationale". Ça, c'est Jean-Marie Le Pen qui le dit. Or, dans l'inconscient collectif, l'association des termes "social" et "national" a une fâcheuse tendance à rappeler ce qu'il est convenu de nommer "les heures les plus sombres de notre histoire".
Reprenons. Cité par Le Monde lundi 29 juin, celui-dont-la-parole-ne-doit-plus-engager-le-FN estime que sa mise au ban du parti qu'il a cofondé il y a plus de 40 ans ne date pas de ses dernières sorties polémiques (sur Pétain ou le "détail" de l'histoire). À son sens, le processus a en réalité été engagé durant la campagne présidentielle de 2012.
Il explique :
"Marine installe son PC boulevard Malesherbes, à Paris. Beaucoup de responsables du FN sont écartés, d’autres ne sont que des alibis. Quelqu’un l’a convaincu, ou peut-être s’est-elle convaincue elle-même, qu’il fallait rompre avec la dimension de droite populaire, sociale et nationale du parti pour une conception plus économatrique [ndlr : économétrique ?] que sociale.
"
À en croire le "Menhir", fut donc un temps où le Front national avait une dimension "sociale et nationale". Pas si loin du "national-socialisme", n'est-ce pas ? Dans la bouche de Jean-Marie Le Pen, l'analogie est loin d'être anodine...
D'ailleurs, comme l'ont rappelé différents chercheurs dans les colonnes du Monde ou de l'Humanité, le parti avait un slogan pour le moins évocateur au début des années 90 :
"Le social, c’est le Front national.
"
Mais tout cela, c'est fini, regrette Jean-Marie Le Pen. Une transformation impulsée selon lui par sa fille et présidente du parti. Il ne dit en revanche pas si lui-même continue de revendiquer cette orientation politique...
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[BONUS TRACK] Philippot ou "le petit remplacement"
Si vous avez bien suivi les précédents épisodes de la douloureuse rupture FN / Le Pen, il ne vous aura pas échappé que le patriarche tape comme un sourd et dès qu'il en a l'occasion sur l'actuel vice-président du parti, Florian Philippot. Cet article du Monde ne fait pas exception.
Tranquillement, Jean-Marie Le Pen explique :
"Philippot joue un rôle disproportionné auprès du chef du mouvement, il monopolise la communication. Il est plus souvent à la télévision que ne l’est Marine Le Pen, c’est le petit remplacement.
"
"Petit remplacement", "grand remplacement"... Vous l'avez ?