Le multiplex politique du 6 novembre avec Le Drian, Sarkozy, Pécresse, Fillon, Le Maire et Montebourg

Publié à 09h58, le 06 novembre 2016 , Modifié à 17h29, le 06 novembre 2016

Le multiplex politique du 6 novembre avec Le Drian, Sarkozy, Pécresse, Fillon, Le Maire et Montebourg
© Montage Le Lab via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE - C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, Le Lab se plie en quatre (voire beaucoup plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.

Au programme de ce dimanche 6 novembre : Jean-Yves Le Drian au Grand Rendez-Vous Europe 1/Les Échos/iTélé, Valérie Pécresse dans BFM Politique sur BFMTV/Le Parisien/RMC, François Fillon dans Questions politiques sur France Inter/Franceinfo:/Le Monde, Bruno Le Maire dans Punchline sur C8, Arnaud Montebourg au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI et Nicolas Sarkozy dans Dimanche en politique sur France 3.

  • Jean-Yves Le Drian


# R.E.S.P.E.C.T.

Il fait partie de ceux qui vont être chargés de mener la contre-attaque. En grande difficulté ces derniers temps, François Hollande compte sur ses plus fidèles lieutenants pour venir à son soutien. Jean-Yves Le Drian, son vieil ami et ministre de la Défense, sort donc d'un silence remarqué depuis la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça... (éd. Stock) et monte au créneau. Lors du Grand Rendez-Vous Europe1/iTélé/Les Échos dimanche 6 novembre, le président de la région Bretagne demande du "respect" pour le chef de l'État, au nom "des institutions" de la République qui sont selon lui fragilisées "dès qu'on attaque le Président dans ses fonctions majeures". Il dit :

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La force de la France, c'est la force de ses institutions. Dès qu'on attaque le président de la République dans ses fonctions majeures, qui sont ses fonctions régaliennes, on remet en cause les institutions et donc la cohésion du pays. Donc dès que ces attaques-là interviennent, je pense qu'il faut réagir fermement. En réaffirmant la place des institutions, le rôle du président de la République, ce rôle d'être garant de la sécurité en particulier, et moi je m'y emploie.



[...] Un certain nombre d'hommes politiques, voire même parfois quelques médias, s'en prennent quasiment systématiquement au président de la République alors que les institutions lui donnent un rôle majeur et que la sécurité de la France est entre ses mains.

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Le message concerne donc en priorité l'opposition dont certains ténors disent "ne pas avoir" de "respect" pour la personne du Président, mais aussi certains au PS qui ne se privent plus de flinguer Hollande plus ou moins ouvertement, à six mois de la présidentielle. 

# Plan A : Hollande. Plan B : Valls

Malgré des pressions de toutes sortes, amicales ou non, François Hollande ne veut pas accélérer et ne dira s'il est candidat à la présidentielle (via la primaire du PS) qu'au mois de décembre. "C'est lui qui aujourd'hui donne le calendrier", dit Jean-Yves Le Drian selon qui "c'est à lui de décider" d'y aller ou non. Et de lui réaffirmer sa loyauté : "Il y a un côté un peu sacré dans tout cela et moi je respecte complètement le délai que souhaite avoir le président de la République et je respecterai son choix. Et si le président de la République estime qu'il doit être candidat, je le soutiendrai.

Il "pense" d'ailleurs que François Hollande est toujours en état de "rassembler" en vue de cette échéance, "s'il le décide". Notamment en raison de l'état actuel de la gauche :

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Quand on voit la façon dont la gauche ressemble à une bombe à fragmentation, ça explose de partout, on voit bien qu'il faut une boussole. Est-ce que la boussole sera le président de la République sortant ? C'est à lui de le dire.

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Mais si jamais cela ne devait pas être le cas (et seulement alors), Manuel valls serait selon Jean-Yves Le Drian "le mieux placé" pour représenter le PS en 2017. On comprend bien que son choix va naturellement à François Hollande, mais lui aussi vient donc d'alimenter publiquement l'idée de ce "plan B" vallsiste, déjà mise sur la table ces derniers jours par un autre fidèle du Président, Michel Sapin. Le Premier ministre se prépare d'ailleurs activement à cette éventualité.

  • François Fillon






# Judas

Le 1er novembre, Valérie Pécresse actait définitivement son éloignement politique de François Fillon en annonçant son soutien à Alain Juppé pour la primaire. Il n'y a encore pas si longtemps, elle disait pourtant rester "affectivement et intellectuellement proche" du député de Paris. Ce dernier voit donc un brin d'opportunisme dans sa décision de rallier la concurrence.

Sur France Inter, Franceinfo: et Le Monde ce dimanche François Fillon est interrogé sur cette défection et apporte une réponse cinglante :

 

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Posez-lui la question mais peut-être qu'elle est partie parce qu'elle sent que les sondages sont [favorables à Alain Juppé]... Je pense que c'est assez clair, tout le monde l'a compris. Valérie Pécresse a tenu des propos extrêmement sévères sur Alain Juppé pendant des mois et des mois, bon aujourd'hui elle va le rejoindre, très bien.

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Voilà qui est dit. Et l'ancien Premier ministre ne veut pas voir de signe trop inquiétant dans cette affaire, rappelant qu'il a avec lui "beaucoup plus d'élus qu'Alain Juppé". "Le socle de parlementaires qui me soutiennent est de loin le plus important, juste derrière celui de Nicolas Sarkozy. Et il a pas beaucoup bougé, il y a plus de 80 parlementaires qui me soutiennent", fait-il valoir.

# Recordman de dédicace

Depuis des mois, François Fillon explique que les sondages sur la primaire "ne veulent rien dire", notamment parce qu'on "ne connaît pas le corps électoral" de ce scrutin. S'il est au mieux donné troisième homme du premier tour, il ne faut donc pas le croire. Le député de Paris a d'ailleurs développé tout un argumentaire pour décrédibiliser ces enquêtes d'opinion. Il lui arrive notamment de mettre en lumière les (bonnes) ventes de ses livres, qui donneraient une autre idée de ses chances le 20 novembre. C'est ce qu'il fait encore ce dimanche :

 

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C'est juste un indicateur comme les autres, m'enfin les livres d'Alain Juppé ne se vendent pas. Hier nous avons battu tous les records de fréquentation [dans une librairie] à Neuilly, on a écrasé la dernière dédicace d'un homme politique qui était celle de Charles Pasqua.

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Une réussite dont il est donc très heureux et contée ce dimanche dans Le JDD. L'hebdomadaire écrit en effet que "François Fillon a battu le record de ventes de la librairie Lamartine, jusque-là détenu par Charles Pasqua. [Il] aurait vendu plus de 380 exemplaires de Vaincre le terrorisme islamique et 100 de Faire (Albin Michel). Même le très sarkozyste Roger Karoutchi s'est fait dédicacer un exemplaire." C'est dire...

  • Nicolas Sarkozy






# Trump, c'est un peu la faute à Obama

Nicolas Sarkozy l'a déjà dit : s'il était américain, il voterait pour Hillary Clinton face à Donald Trump à la présidentielle américaine. S'il a critiqué la "vulgarité" du milliardaire Républicain, cela ne l'a pas empêché à l'occasion de saluer sa tactique et de voir dans son succès la conséquence de l'emprise de "la pensée unique" sur le débat politique. Une "pensée unique" dont il se veut le pourfendeur en France. "La question qui est posée, c'est : 'Pourquoi un discours aussi outrancier, excessif, est entendu ?'. Un discours qui fait écho à ce que pensent les Américains, exaspérés par la pensée unique", répète-t-il aujourd'hui sur France 3. Il ajoute : "Il a quand même passé l'épreuve des primaires d'un très grand parti, le Parti Républicain." Et libre à vous d'y voir un parallèle avec sa propre situation...

Puis, interrogé sur Barack Obama qui s'apprête à quitter la présidence des États-Unis, l'ancien chef de l'État salue tout d'abord le "symbole extraordinaire" qu'il a représenté. Un Barack Obama dont il ne veut pas se permettre de "juger" le bilan... tout en mettant à son *crédit* cette montée de Donald Trump :

 

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Quand je vois la force de Trump aujourd'hui, je me dis qu'il y a quand même un lien entre ce qu'a fait Obama pendant deux mandats et [son succès]. [...] Je dis qu'après deux mandats d'Obama, vous avez un Trump très haut.

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Il critique par ailleurs le fait que Donald Trump s'exprime "avec outrance, avec excès".  "J'ai pas du tout aimé ce qu'il a dit sur les femmes, j'ai pas du tout aimé une certaine forme de langage ordinaire", explique-t-il.

# Ça n'engage qu'elle

Lors d'un déplacement à haute teneur en symbole en Corrèze samedi, Alain Juppé a de nouveau reçu le soutien de Claude Chirac. Cette dernière a également donné des nouvelles de son père, affirmant notamment que Jacques Chirac suivait la primaire "avec beaucoup de joie et d'espoir" et qu'il était "très heureux".

Comment l'adversaire principal du maire de Bordeaux a-t-il réagi à ces déclarations, qui confirment le soutien historique de l'ex-Président à son fils spirituel ? En "imaginant" que cela n'engageait que Claude Chirac :

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J'imagine que Claude n'a pas fait parler son père, de la même manière que Bernadette Chirac qui me soutient ne fait pas parler son mari. Soyons dignes. Le soutien de Claude Chirac... Elle fait ce qu'elle veut c'est parfaitement son droit, ça n'a pas plus d'importance que cela. Vous allez pas me demander non plus si le petit-fils soutien Juppé ou moi. Enfin... Tout ça est un peu ridicule.

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Si elle n'a pas "fait parler son père", Claude Chirac a pourtant clairement fait connaître son état d'esprit. Et s'il est vrai que le "clan" Chirac est divisé et que Bernadette Chirac est un soutien absolu de Nicolas Sarkozy, ce dernier aura bien du mal à faire croire que Jacques Chirac ne soutient pas aussi clairement Alain Juppé. Début octobre 2014 dans Le Figaro, l'ancien chef de l'État faisait savoir qu'il était prêt à "venir coller des enveloppes" pour la campagne de celui qui fut son Premier ministre, ajoutant : "Si j'en avais l'énergie, j'aurais déjà réservé ma place, même une petite, à son QG."

  • Valérie Pécresse




 

#Le rassemblement ? "Ce n'est pas gagné"

Valérie Pécresse soutient Alain Juppé à la primaire de la droite. La présidente de la région Ile-de-France fait désormais le job pour soutenir son candidat... et critiquer Nicolas Sarkozy. Lors de l'émission BFM Politique, l'élue Les Républicains a mis en garde sa famille politique au lendemain des résultats du scrutin :

 

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C’est vraiment important que derrière ce moment de démocratie interne, il y ait un vrai moment de rassemblement parce que ce n’est pas gagné.Encore moins si ce n’est pas Alain Juppé (qui gagne la primaire, ndlr), permettez-moi de vous le dire.

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Un peu plus tôt, Valérie Pécresse avait précisé qu'elle ne "croit pas aux sondages" alors que le maire de Bordeaux est pour le moment donné largement vainqueur de la primaire. Selon elle, "le résultats vont être extrêmement serré". Elle explique : "Je connais ma famille politique, je sais que la primaire est très indécise car on ne sait pas qui va venir voter. Donc le choix va être très serré".

 

#Je dis du bien des gens de gauche

Nicolas Sarkozy aime bien reprocher à Alain Juppé de vouloir se faire élire avec les voix de la gauche pour la primaire de la droite. Valérie Pécresse, soutien du maire de Bordeaux, elle, n'hésite pas à dire du bien de certains présidents de régions... socialistes : 

 

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Aujourd'hui, il y a une force de changement très forte qui est impulsée par les territoires et il y a dans les territoires des élus qui sont des élus très compétents, à gauche comme à droite : un Jean-Yves Le Drian, un Alain Rousset. Si on nous faisait confiance et si on débridait le moteur, on pourrait apporter au futur Etat de la France un surplus de confiance. 

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  • Bruno Le Maire






#  Tout de même, je suis député

C'est l'une des séquences qui a marqué le deuxième débat entre candidats à la primaire, jeudi 3 novembre. Bruno Le Maire rappelant à Nicolas Sarkozy qu'il avait promis d'arrêter la politique s'il était battu à la présidentielle 2012, et l'ancien chef de l'État lui rétorquant un fulgurant : "Je te rappelle que tu as été battu à la présidence de l'UMP. [...] Commence d'abord par être élu. Tu verras que c'est très difficile."

Questionné à ce sujet sur C8 ce dimanche, "BLM" apporte un début de réponse sur le mode "j'ai quand même déjà été élu" :

 

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Il m'est arrivé de gagner des élections. J'ai été élu deux fois député, je compte bien gagner cette élection à la primaire et puis il y aura d'autres élections devant moi, j'en suis certain.

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Député, mais pas (encore ?) président de la République.

# Instant télé

La question de la déconnexion des responsables politiques s'est reposé récemment avec la boulette de Jean-François Copé sur le prix des chocolatines (pardon, des *pains au chocolat*). Dans l'émission Punchline ce dimanche, on voit trois jeunes gens, futurs primo-électeurs en 2017, à l'arrière d'une voiture disserter de quelques sujets politiques. Et notamment de ces fameuses "copélatines" à 10 ou 15 centimes d'euros. Retour plateau avec cette question de Laurence Ferrari à Bruno Le Maire : "Est-ce que vous faites vos courses, est-ce que vous avez de l'argent sur vous ?" S'en suit cet échange un brin inattendu où le candidat à la primaire parle du poulet qu'il vient d'acheter et du prix du kilo de pommes de terre :

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- Bruno Le Maire : J'ai de l'argent sur moi, j'ai fait mes courses ce matin, j'ai acheté un poulet noir...



- Laurence Ferrari : [Rires] Je vous demande pas la liste des courses !



- Bruno Le Maire : Non mais attendez, soyons très concrets. J'ai acheté un poulet pour le déjeuner que je vais faire avec mes enfants dans quelques instants, à 19,90 euros très précisément, je peux vous faire aussi le kilo de pommes de terre. Oui c'est important !

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Mais pourquoi le député de l'Eure entre-t-il dans ces détails ? Pour montrer que lui est en prise avec la réalité quotidienne des Français et que cela a guidé la construction de son programme présidentiel. Il explique : "C'est un point très important. Est-ce que les responsables politiques sont dans la vie quotidienne, dans la réalité, oui ou non ? Moi je le suis pleinement. [...] Chaque mesure que nous avons prise, derrière, il y a le souci du quotidien des Français, pour que ça ne [leur] pose pas de difficulté, mais que ça résolve leurs problèmes."

Une séquence à revoir dans cette vidéo :



  • Arnaud Montebourg




 

 

#Raaasseembléesss

Samedi 5 novembre, les cadres du PCF ont décidé de ne pas suivre le choix de leur secrétaire national Pierre Laurent de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, préférant une candidature autonome. Cette décision est une bonne nouvelle pour Arnaud Montebourg. S'il s'est refusé "à tout commentaire" sur le vote des délégués communistes lors du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, le candidat PS à la primaire de la Belle alliance populaire a rappelé qu'il compte mettre en oeuvre une "stratégie de rassemblement des gauches" et ce "jusqu'en mai", en cas de victoire à la primaire. Cette stratégie, qui "rassemblerait toutes les gauches de Jean-Luc Mélenchon jusqu'au PS", est une "stratégie gagnante" pour 2017 selon lui.

 

Alors que Jean-Luc Mélenchon a besoin du soutien du PCF pour lui apporter les parrainages nécessaires à sa candidature, Arnaud Montebourg a dit avoir "beaucoup d’estime pour Jean-Luc Mélenchon, pour son intellect et sa vision républicaine". Il a cependant ajouté : "Je considère qu’il s’est engagé dans un processus d’ultra-radicalité qui conduit à son isolement".

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