Rivarol n'était apparemment pas suffisant. Jean-Marie Le Pen a décidé d'aller plus loin, cet été, alors qu'il bataillait bec et ongles contre les mesures prises à son encontre par la direction du Front national. Comme le rapporte Mediapart ce jeudi 3 septembre, le patriarche a accordé, au mois de juillet, une interview publiée dans Empros et Chryssi Avghi, deux journaux liés à Aube Dorée, le parti néonazi grec.
Allez savoir pourquoi mais le patriarche Le Pen aimbe coyoyer Aube dorée. "Moi, les eurodéputés d'Aube dorée je les connais. Je leur serre la main. Ils se distinguent. Et je me réjouis car quand je salue les députés d'Aube dorée, les autres s'énervent", s'amuse-t-il, comme s'il avait besoin de rappeler qu'il vit politiquement à travers ses provocations.
Dans cette interview, Jean-Marie Le Pen parle beaucoup d'immigration. "Dans la circonscription de Provence Alpes Côtes d'Azur où je suis élu, dans les écoles tout juste un élève sur trois est Européen de sang. Et en Corse, 30 % sont marocains", explique-t-il avant d'ajouter :
"L'on sait que le président de la République française a été élu parce que 90 % des immigrés ont voté Hollande.
"
Le fondateur du FN dit aussi, par ailleurs, qu'Aube dorée sera la "manivelle [terme qu'il ne se souvient pas avoir utilisé, ndlr] qui va mettre en mouvement l'Europe". Car Jean-Marie Le Pen aime vraiment ses comparses grecs. Peu importe que ce mouvement soit xénophobe, antisémite et considère qu'Adolf Hitler était un visionnaire. Peu importe que ses membres aient une propension plutôt élevée à lever le bras droit bien haut. Comme le rappelle Mediapart, deux militants ont été condamnés en septembre 2014 pour l'attaque sanglante d'un centre social d'Athènes. "Je comprends ce que traverse Aube dorée, car j'ai été traqué et j'ai subi des injustices", se désole Jean-Marie Le Pen. Il précise :
"Les médias ont du pouvoir, je l'ai vécu, mais moi j'ai mes convictions. Nous ne sommes pas obligés de nous plier en deux pour leur plaisir !
"
Si Aube dorée a donc mauvaise réputation, c'est la faute des médias. Mais aussi un peu de Marine Le Pen alors. En mars dernier, alors que la présidente du FN essayait encore de créer un groupe au Parlement européen, elle avait apporté son soutien à une manifestation en Italie rassemblant Pegida et Aube dorée . Avant de nuancer : "Il n'y avait pas d'accord du tout, ni avec Pegida, ni avec les hurluberlus d'Aube dorée."
Quoiqu'il en soit, cette interview risque de perturber encore un peu plus les universités d'été du Front national, samedi 5 et dimanche 6 septembre, à Marseille. Un rassemblement où doit se rendre Jean-Marie Le Pen.
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