Après un nouveau Président, la France a un nouveau Premier ministre : Édouard Philippe . Emmanuel Macron a nommé, lundi 15 mai, le député-maire du Havre chef du gouvernement. Et si la rumeur circulait depuis plusieurs jours, le choix peut étonner par ses allures de cohabitation voulue, alors que ce juppéiste s’est présenté lors de la passation comme un "homme de droite". Invité du 20 heures de TF1 ce lundi, le nouveau locataire LR de Matignon a récusé le terme d’"ouverture", lui préférant celui de "recomposition.
"Je me suis dit que la situation dans laquelle nous étions était suffisamment unique pour que nous tentions quelque chose qui n'a jamais été tenté. [Emmanuel Macron] a très tôt, et notamment compte tenu des conditions de son élection, compris qu’il fallait qu’il poursuive le mouvement audacieux qu’il avait engagé et qu’il fallait qu’il s’inscrive non pas du tout dans une logique d’ouverture, mais de recomposition de la vie politique.
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Cette nomination a provoqué certains remous au sein des Républicains (conformément à l’entreprise de "déstabilis[ation]" de la droite voulue par Emmanuel Macron ?). Une vingtaine d’élus LR ont publié, lundi après-midi, un communiqué appelant à "répondre à la main tendue par le président de la République" . Mais d’autres ne sont pas de cet avis.
C’est le cas de François Baroin, leader de la campagne des législatives pour LR. Invité à la même heure, mais au JT de France 2, le sénateur-maire de Troyes a expliqué que l’heure n’était pas encore à la "recomposition". Pour le président de l’AMF (pressenti pour devenir Premier ministre de Nicolas Sarkozy puis de François Fillon), la nomination d’Édouard Philippe et sa volonté d’ouverture a un goût de déjà-vu :
"- François Baroin : Cette recomposition, elle interviendra sur la base du choix des français. Et c’est peut être ça qui nous différencie aujourd’hui. C’est le décalage du temps, et c’est en quelque sorte se prêter à une opération qui ressemble quand même très largement à ce que les autres Présidents ont fait par le passé, même s’ils ne sont jamais allés jusqu’au choix…
- David Pujadas : ...des opérations d’ouverture isolées ?
- François Baroin : Oui… parce qu’on prend l’exemple de la coalition allemande. Il n’y a pas de coalition. Il n’y a pas de recomposition comme il n’y a pas de trahison ou autre. Chacun écrit son histoire.
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"Si [Emmanuel Macron] choisit un Premier ministre de droite, c’est qu’il donne une inclinaison donc le meilleur moyen, la meilleure garantie d’avoir une politique de droite, [...] c’est de voter pour les candidats de la droite et du centre" aux législatives, a malicieusement ajouté François Baroin.