Une épidémie de "à titre personnel" parmi les ministres

Publié à 18h46, le 16 octobre 2012 , Modifié à 08h52, le 17 octobre 2012

Une épidémie de "à titre personnel" parmi les ministres
Jérôme Cahuzac, Vincent Peillon et Marisol Touraine (montage via Maxppp)

Comment exprimer son opinion lorsqu'on sait que le sujet est un peu sensible au gouvernement ? Les ministres ont trouvé une formule magique : le "à titre personnel". A utiliser lorsqu'on se démarque de la ligne directrice ou quand on a dit une grosse bêtise.

Le "à titre personnel" est une astuce qui marche à toutes les sauces. Dans la bouche de Marisol Touraine le 15 octobre, il visait à prendre des distances sur la procréation médicalement assistée. Sujet polémique du moment : le gouvernement ne veut pas inclure la PMA pour les couples de femmes dans son projet de loi sur le mariage pour tous, mais le groupe socialiste à l'Assemblée va voter un amendement en ce sens.

La ministre des Affaires sociales et de la Santé ne peut pas s'opposer à la ligne gouvernementale, elle se permet donc un :

Je suis personnellement favorable à ce que la PMA soit accessible à tous.

Dans le communiqué de Vincent Peillon le même jour, le "à titre personnel" est utilisé comme un mot d'excuse. La veille, il avait estimé que le débat sur la dépénalisation du cannabis méritait d'être rouvert, avant d'être recadré par Jean-Marc Ayrault. D'où ce communiqué :

Vincent Peillon a rappelé une réflexion personnellehier en réponse à une interpellation dans l’émission Tous Politique au sujet de la politique à mener en matière de lutte contre le trafic du cannabis.

Ce rappel ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière avec la position du Président de la République et du Gouvernement sur le sujet. Il n’y a donc pas lieu à polémique.

Le "à titre personnel" a également eu bon dos ce 16 octobre avec Jérôme Cahuzac. Sur France Inter, le ministre du Budget a reconnu qu'il avait parlé trop vite deux jours plus tôt en annonçant que le gouvernement était favorable à une nouvelle redevance audiovisuelle pour les résidences secondaires. En fait, c'est tout le contraire : Jean-Marc Ayrault est contre. Alors l'excuse tombe :

Je ne crois pas que le gouvernement ait changé d’avis mais il arrive au ministre du Budget de s’avancer peut-être exagérément en ayant indiqué qu’à titre personnel il trouvait que cette mesure pourrait aider France Télévision.

En réalité, lors de cette annonce, la déclaration de Jérôme Cahuzac n'avait rien de personnelle. Le ministre parlait bien "au nom du gouvernement".

Pas sûr que toutes ces opinions personnelles plaisent à Jean-Marc Ayrault, qui a répété ce 16 octobre sur Europe 1 qu'il n'attendait qu'une chose de ses ministres : la défense de la ligne du gouvernement.

On est pas là pour se faire de la pub pour soi-même, on est pas là pour faire des débats de société, on est la pour défendre son ministère et défendre la politique du gouvernement. Et il n'y a qu'une politique du gouvernement.

Du rab sur le Lab

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