SANCTION - La gestion par le Front national de "l'affaire Chauprade" est pour le moins chaotique. Désavoué puis soutenu par Marine Le Pen en l'espace de trois jours, l'eurodéputé est finalement écarté de son poste de chef de file des élus FN au Parlement européen, révèle L'Opinion jeudi 22 janvier.
Une décision confirmée dans la foulée par un communiqué du parti :
"Édouard Ferrand est nommé à la tête de la délégation française FN– RBM au parlement européen en remplacement d’Aymeric Chauprade, il sera en outre chargé des Français de l’étranger.
"
Son remplaçant : Édouard Ferrand, 49 ans. L'Opinion le décrit ainsi :
"Docteur en science politique, passionné de chasse, Edouard Ferrand est aussi conseiller régional de Bourgogne. Bien que responsable de la fédération de l'Yonne du Front national, il a été élu sur la liste du sud-ouest, que conduisait Louis Aliot. Il aura en charge d'organiser le travail des 23 eurodéputés FN, et de travailler à l'éventuelle constitution d'un vrai groupe au Parlement européen, ce que Marine Le Pen et Aymeric Chauprade n'ont pas réussi depuis l'été.
"
Une véritable sanction pour Aymeric Chauprade donc, qui vient s'ajouter au mélodrame causé par la publication le 15 janvier de sa vidéo, intitulée La France est en guerre.
Dans un premier temps, Marine Le Pen avait demandé que la vidéo de l'eurodéputé, dans laquelle ce dernier estime que "la France est en guerre contre des musulmans" et que les musulmans constituent une "cinquième colonne", ne soit pas diffusée par les cadres du parti frontiste pour "des raisons juridiques". Après l'avoir publiquement désavoué le 19 janvier, la présidente du FN estimait deux jours plus tard que son ancien conseiller en relations internationales la mettait "en danger médiatique", "incapable" qu'il était de "la moindre discipline".
Rebondissement jeudi 22 janvier : la présidente frontiste apporte finalement son soutien à Aymeric Chauprade dans la défense de sa liberté d'expression. Visé par une plainte de SOS Racisme notamment, l'eurodéputé bénéficiera donc, à la demande de Marine Le Pen, de "l'ensemble des moyens juridiques [du Front national] afin de l'aider à organiser sa défense".
"Les frais d'avocat d'Aymeric Chauprade seront à la charge du Front national", confirmait au Lab l'ancien avocat du FN, Wallerand de Saint-Just. Dans son communiqué, le parti frontiste justifiait ainsi cette décision :
"Au moment où la liberté d’expression est revendiquée par tous, il est paradoxal de continuer à accorder à des associations stipendiées et résolument politisées le privilège exorbitant de poursuivre tous ceux qui expriment une opinion divergente.
Journalistes, écrivains, élus sont aujourd'hui victimes quotidiennement de ce terrorisme intellectuel et judiciaire dont l'objectif est de maintenir une chape de plomb sur les sujets de l'immigration et du fondamentalisme islamiste. La France a pourtant plus que jamais besoin d'un débat libre sur ces sujets essentiels dans la détermination de son avenir.
"
Et voilà finalement - second rebondissement le même jour - que l'intéressé est débarqué de ses fonctions à Strasbourg... On attend désormais le prochain épisode.
>> À lire également sur Le Lab :
Le FN Aymeric Chauprade se défend en parlant d'Himmler, de Mein Kampf et du Coran
De la difficile liberté d’expression au FN, par Aymeric Chauprade