Marine Le Pen le répète à l'envi : elle n'intervient pas dans la tambouille des villes FN. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir un avis sur la façon dont les nouveaux maires gèrent depuis six mois les communes gagnées lors des dernières municipales. Invitée lundi 22 septembre sur BFMTV, la présidente du Front national l'a même clamé haut et fort :
"Je trouve que mes nouveaux maires font des débuts remarquables. […] Mais je sais très bien que durant les six prochaines années, on ira regarder si l'adjoint au maire d'Hayange est mal coiffé ce matin.
"
Car voilà, de l'aveu même de l'ancienne candidate à l'action présidentielle, les journalistes se rendent dans ces communes comme on va "au zoo". Et, au cours de ces visites, ils ont relevé certaines mesures, des faits qui ont pu choquer parfois, surprendre d'autres fois.
Le Lab vous en rappelle cinq (liste non-exhaustive). Et non, il n'y a aucun problème de cheveux :
>> La non-commémoration de l'abolition de l'esclavage
Un peu plus d'un mois après son élection, le maire FN de Villers-Cotterêts Franck Briffaut fait parler de lui en refusant de commémorer l'abolition de l'esclavage, samedi 10 mai. "Ces commémorations entrent bien souvent dans une culpabilisation un peu à la mode ces dernières années. Ce qui permet à certains de faire de la récupération politique", avait-il déclaré à L'Express.
Un choix "stupide" selon Marion Maréchal Le Pen, qui avait critiqué cette décision sur i>Télé :
"C’est plus intelligent de faire un discours politique intelligent lors d’une commémoration plutôt que de susciter ce genre de polémique.
"
Marine Le Pen elle-même avait déclaré que, elle, serait allée à la commémoration et aurait "dénoncé l'esclavage actuel", la présidente du FN visant tout particulièrement le Qatar.
>> Le retrait des délégations de la première adjointe d'Hayange
Fabien Engelmann a fait le ménage depuis qu'il a pris la mairie d'Hayange. Et ce ménage s'effectue plus particulièrement dans ses rangs. Début septembre, le maire FN a obtenu le retrait des délégations de sa première adjointe, Marie Da Silva. Cette dernière accuse le premier édile de comptes de campagne frauduleux.
Le vote lui-même du retrait des attributions de Marie Da Silva est contesté par certains membres du Conseil municipal . 19 septembre, Fabien Engelmann a annoncé qu'il se séparait de deux d'entre eux : Patrice Hainy, adjoint aux sports, et d'Emmanuelle Springmann, adjointe au commerce, au développement économique et à la culture.
Officiellement, le maire FN d'Hayange conserve le soutien de Marine Le Pen. Mais en off, certains hauts gradés s'inquiètent du cas Engelmann.
>> La suppression de la gratuité des repas pour les enfants défavorisés au Pontet
Fin juin, le maire FN du Pontet Joris Hébrard a décidé d'en finir avec la gratuité de la cantine pour les plus pauvres. Le premier édile du Pontet l'avait expliqué à France bleu :
"Il faut responsabiliser les parents d'élèves pour leur montrer que tout n'est pas gratuit.
"
"Ça m'étonnerait que des gens ne puissent pas payer 1.57 euros par jour", avait-il encore ajouté.
Peu après son élection, Joris Hébrard avait fait voter une hausse de 44% de ses indemnités, augmentation finalement rejetée en août par la préfecture du Vaucluse. Mi-septembre, la mairie a décidé de ne plus financer l'organisation du Téléthon dans la commune pour des raisons financières.
>> L'exclusion de la Ligue des droits de l'Homme à Hénin-Beaumont
Début avril, le nouveau maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois a décidé de mettre la Ligue des droits de l'homme à la porte du local municipal dont elle disposait gratuitement "depuis une dizaine d'années". Interrogé par France Info, celui qui est aussi secrétaire national du FN s'expliquait :
"La Ligue des droits de l'Homme, c'est une association politisée, qui a passé son temps à s'engager dans la campagne pour dire tout le mal qu'elle pensait de nous.
Donc nous arrêterons d'avoir des liens avec eux, point.
Ils perdront évidemment (leur local et leur subvention).
"
>> L'interdiction d'étendre le linge aux balcons à Béziers
Robert Ménard n'est pas membre du FN mais, élu du Rassemblement Bleu Marine, il peut quand même figurer dans cette liste. L'ancien président de reporters sans frontières a pris lui aussi plusieurs mesures controvorsées comme l'instauration d'un couvre-feu pour les moins de 13 ans.
Le 19 mai, par arrêté municipal, Robert Ménard a également décidé "d'interdire d'étendre du linge aux balcons, fenêtres et façades des immeubles visibles des voies publiques".
Cette décision se justifiait par un souci esthétique selon le maire. Bien que rare, la mesure n'était pas pour autant inédite : elle avait déjà été prise en 2009 à Mantes-la-Jolie dans le quartier des bords de Seine.
[BONUS TRACK] Dans son interview du lundi 22 septembre, Marine Le Pen a loué le bilan de "ses" maires aux travers d'exemples. Voici ce qu'elle a dit :
"Moi ce que je sais c'est que des municipalités comme Hénin-Beaumont ont baissé la fiscalité au bout seulement de quelques semaines. Que les impôts n'ont augmenté nulle part, y compris dans des villes comme Fréjus qui [est] pourtant une des villes les plus endettées de France du fait de l'ancienne municipalité. Que la police municipale est augmentée partout pour augmenter le niveau de sécurité. À Béziers par exemple, les musées sont aujourd'hui gratuits et que le maire de Béziers est en train de mettre en place une mutuelle municipale précisément pour aider les plus modestes de ses administrés.
Eh bien toutes ces grandes mesures-là, qui répondent encore une fois aux promesses qui avaient été faites, sont remplies. Et d'ailleurs je pense que les administrés sont assez contents si j'en crois les résultats des européennes dans ces villes.
"
On notera donc que Marine Le Pen fait de Béziers une ville FN alors qu'elle est gérée par Robert Ménard, non membre du parti.