MODERNES – "Je pense que c’est un choix qui n’est pas compris et qui passe mal." Comme de nombreux parlementaires et élus de gauche – socialistes, écolos et communistes – l’ex ministre de l’Ecologie Delphine Batho est sceptique quant à la proposition de François Hollande de nommer Jacques Toubon comme Défenseur des droits.
Invitée de RFI ce jeudi 19 juin, la députée PS des Deux-Sèvres partage la gêne sur Jacques Toubon, qui doit être auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale le 2 juillet. Néanmoins, elle applaudit l’idée de nommer comme successeur de Dominique Baudis une personnalité de droite.
J’approuve l’idée de faire le choix d’une personnalité de droite. Je pense qu’à droite, il y avait d’autres personnalités plus emblématiques.
A-t-elle des noms en tête à suggérer au chef de l’Etat ? Déjà, Delphine Batho aurait trouvé "bien" que François Hollande propose une femme de droite. "Ça aurait été plus moderne", argue-t-elle avant de souffler un nom :
S’il faut donner des noms, je pense que mettre comme Défenseur des droits Rama Yade ça aurait été un peu plus moderne que Jacques Toubon.
Pas certain que Rama Yade aurait accepté cette proposition, elle qui livre une farouche bataille à Laurent Hénart pour succéder à Jean-Louis Borloo à la présidence du Parti radical.
Quant à Jacques Toubon, Delphine Batho explique son opposition à sa nomination comme Défenseur des droits par ses votes passés en tant que député RPR contre la dépénalisation de l’homosexualité ou encore son vote contre l’ensemble du texte abolissant la peine de mort – il a cependant voté pour le premier article spécifiquement sur l’abolition de la peine capitale. Elle développe :
Mon point de vue en tant que députée de gauche, ce n’est pas de dire que le problème c’est le fait de choisir une personnalité de droite. Mais c’est important de choisir quelqu’un qui, par ses déclarations et ses prises de position politique, a marqué en ce qui concerne la défense des droits.
Mis à part Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen et, dans une moindre mesure, Bruno Le Roux, une grande partie des députés de gauche s’opposent à la nomination de Jacques Toubon. Une pétition contre Jacques Toubon, lancée par le socialiste Mehdi Ouraoui et l’écolo Julien Bayou, est proche des 90 000 signatures, dont celle de Cécile Duflot tandis que Jean-Christophe Cambadélis et Claude Bartolone ont exprimé leurs doutes.
A l’AFP et face à cette montée de la contestation, l’intéressé a assuré qu’il n’avait pourtant pas l’intention de renoncer de lui-même à ce poste, comme le souhaiterait pourtant le président socialiste de la commission des lois de l’Assemblée, Jean-Jacques Urvoas.