COÏNCIDENCE - Nicolas Sarkozy, mis en cause par la justice dans le cadre d'une affaire de trafic d'influence, est persuadé que c'est François Hollande qui "tire les ficelles". La lecture du Journal du Dimanche du 16 mars ne devrait pas le faire changer d'avis.
L'hebdomadaire révèle en effet un extrait de l'agenda officiel, et confidentiel, du président de la République. Où l'on découvre que François Hollande a reçu, vendredi 7 mars à 19h, deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Les deux hommes, auteurs notamment du livre d'enquête Sarko m'a tuer, sont précisément ceux qui ont révélé dans Le Monde que le téléphone de Nicolas Sarkozy avait été placé sous écoute et qu'il était visé par une enquête judiciaire.
Plus étonnant, cet article a été publié le... 7 mars, le même jour que l'entretien.
De quoi renforcer les doutes de Nicolas Sarkozy. Selon l'hebdomadaire, celui-ci a tempêté toute la semaine :
Ils veulent m'abattre, ils sont prêts à tout, jusqu'à écouter le chef de l'opposition pendant des mois et des mois. Dans n'importe quel autre pays, aux Etats-Unis, Hollande serait contraint à la démission.
Ce parallèle avec les Etats-Unis et les écoutes de l'opposition est une allusion au scandale du Watergate, qui avait abouti en 1974 à la démission du président Richard Nixon après que la pose de micros eut été découverte au siège du parti d'opposition démocrate.
Nicolas Sarkozy ne serait pas le premier à y faire allusion même si dans le cas du Watergate, l'histoire était beaucoup, beaucoup plus compliquée qu'une "simple" affaire d'écoutes, impliquant notamment des financements électoraux irréguliers.
Toutefois, si l'on en croit l'Elysée, cette concomitance de la publication de l'article et de la rencontre de ses auteurs avec François Hollande est de l'ordre de la coïncidence. Contacté par le Journal du Dimanche, le Château explique :
Oui le Président les a reçus. Ils écrivent un livre sur lui. Le rendez-vous était fixé de longue date et leur papier dans Le Monde était sorti avant.
Une version conforme à celle de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui ont indiqué au JDD :
Le 7, lors de notre rendez-vous l'information était déjà sortie, et il nous fallait au moins deux jours pour préparer cet article.
Pas de quoi toutefois convaincre Jean-François Copé. Sur le plateau du Grand Rendez-Vous Europe1/i>Télé/Le Monde, le président de l'UMP dit voir se multiplier un "faisceau d'indices graves et concordants" concernant l'influence supposée de François Hollande sur les enquêtes visant Nicolas Sarkozy. Il se montre dubitatif quant à la notion de "coïncidence" :
Je dis aux Français ne soyez pas dupes, c'est une gauche désespérée qui reprend, à quelques jours des élections municipales des vieux réflexes mitterrandiens.
BONUS TRACK : "Chef" de l'opposition ?
Oui, c'est dans la citation de Nicolas Sarkozy plus haut : mettre sur écoute le "chef de l'opposition" pendant des mois et des mois... L'ancien président de la République ne s'était-il pas mis en retrait de la vie politique ?
Cette revendication risque en tout cas de ne pas être au goût de Jean-François Copé, président de l'UMP qui avait fait campagne sur sa volonté d'être le "chef de l'opposition", ou de Marine Le Pen dont le parti serait, selon son secrétaire général Steeve Briois, l'opposition "la plus légitime pour les Français"