ON N'EST JAMAIS TROP PRUDENT - Hervé Mariton continue à faire entendre sa petite musique à l'UMP. Premier député du parti d'opposition à avoir annoncé son intention de voter la loi Macron, le député de la Drôme assume ses prises de position parfois à contre-courant de celles de l'état-major de la rue de Vaugirard. Il le fait à nouveau lundi 9 février, en partant en guerre contre le "Hollande bashing".
Alors certes, "la France serait dans un bien meilleur état si Nicolas Sarkozy avait été réélu président de la République en 2012", juge Hervé Mariton sur Sud Radio. Mais "le peuple est souverain" et "François Hollande a été élu pour cinq ans", ajoute-t-il. L'ancien candidat à la présidence de l'UMP considère donc que "la délégitimation du président de la République" n'est "pas heureuse".
Contrairement à *certains* au sein de son parti, souligne-t-il :
"Moi, je n'ai jamais participé, à l'UMP, de l'esprit de ceux qui ont délégitimé dès le début François Hollande. [...] Je n'ai jamais été de ceux qui considéraient qu'il était illégitime. Cette espèce de 'Hollande bashing', de délégitimation du président de la République, ça n'est pas heureux dans le fonctionnement des institutions de la République.
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Surtout, il voit dans les critiques systématiques à l'égard du chef de l'État une forme d'imprudence vis-à-vis de l'avenir :
"J'ajoute qu'à un moment ça peut se retourner contre nous parce que, eh bien ma foi, il peut y avoir une bonne série de chiffres de la conjoncture économique à un moment donné, il peut y avoir des circonstances extraordinaires dans lesquelles les personnes assument convenablement et correctement leur mission, ce qui a été le cas, aussi bien de la part de l'exécutif que de l'opposition, au moment des événements du mois de janvier.
Et donc, est-ce qu'il faut mépriser François Hollande, est-ce qu'il faut le sous-estimer ? Sûrement pas. S'il-vous-plaît, ne jamais sous-estimer l'adversaire.
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Car la principale leçon qu'Hervé Mariton tire de l'élection du socialiste Frédéric Barbier dans le Doubs, dimanche 8 février, est "une leçon d'humilité". Cette première législative partielle gagnée par le PS depuis 2012, alors que l'UMP a été éliminée au premier tour et que le FN est passé à quelques centaines de voix d'un troisième siège de député, doit servir d'avertissement pour son parti, estime-t-il :
"Nous n'avons pas automatiquement gagné les élections de 2017. Bien prétentieux étaient ceux qui pensaient que ce serait un chemin facile pour 2017. [...] Je suis inquiet aujourd'hui, parce que je vois que nous sommes d'ores et déjà placés dans une séquence pré-primaire présidentielle, avec un débat totalement polarisé par une affaire de casting, des choix de personnes. C'est important [...] mais notre organisation reste trop fragile, nos idées trop en pointillés, nous sommes totalement passionnés, polarisés par le théâtre d'ombres du débat des leaders.
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Fin janvier sur LCI , il avançait les prémices de cette théorie. Il pronostiquait alors l'inefficacité future du "Hollande bashing" et insistait sur "l'urgence" de "trouver une nouvelle compréhension de l'opposition" :
"Nous devons fonder une nouvelle manière de nous opposer. Il y a eu deux années, on en pense ce qu'on veut, mais deux années de délégitimation du président de la République, avec un président de la République 'au 36ème dessous'. Les termes de la gauche sur 'le pédalo', les termes de la droite, avec un président 'nullissime' et perçu comme tel. [...] Il se trouve qu'il y a eu ces événements [du mois de janvier] et que la délégitimation de François Hollande ne fonctionnera plus de la même manière demain. Donc il est urgent de trouver une nouvelle position, un nouveau discours, une nouvelle compréhension de l'opposition.
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>> À lire également sur Le Lab : Pour Hervé Mariton, le "ni-ni" ne peut pas être "la position définitive, générale et systématique de l'UMP"