JUSTE UNE MISE AU POINT - Il a "vu pire" et considère qu'il "n'y a pas de quoi en faire tout un plat". Hué dans sa propre ville pendant son discours lors du meeting de Nicolas Sarkozy, samedi 22 novembre, Alain Juppé réagit sur son blog ce lundi.
"Restons sereins", écrit-il d'abord, avant non seulement de s'expliquer sur les propos qui ont outré une partie de l'assistance, mais aussi de demander des "clarifications" de la part de la "direction de l'UMP" et de son futur président.
Ce dernier doit être désigné samedi 29 novembre, soit dans cinq jours. Pour l'ancien Premier ministre, c'est justement la tension inhérente à toute fin de campagne qui explique les huées dont il a été la cible. "Les campagnes électorales finissent toujours dans l'effervescence et l'énervement", écrit-il, se voulant apaisant. Mais très rapidement, il estime qu'il "faut en tirer quelques leçons".
Le maire de Bordeaux, candidat à la primaire de la droite pour 2017, explique d'abord son idée d'un rassemblement de la droite et du centre en vue de la prochaine présidentielle "pour faire échec au Parti socialiste". Dans son esprit, ce rassemblement s'adresserait "à l'opposition républicaine, c'est-à-dire à tous ceux qui s'opposent sans ambiguïté au pouvoir actuel". Il écrit :
"Il est indispensable que la future direction de l'UMP clarifie la ligne politique de notre mouvement [Alain Juppé est membre du triumvirat qui assure la direction temporaire de l'UMP, ndlr]. Il ne s'agit pas de fusionner des partis. Nous avions réussi à le faire en 2001/2002 avec l'UDF et le RPR. De nombreux centristes nous ont hélas! quitté en 2012. Aujourd'hui l'UDI veut garder sa spécificité. Pas de fusion-absorption donc, mais une alliance sans exclusive, dans le respect mutuel.
"
Autre point l'ayant mis en difficulté à Bordeaux : l'organisation de primaires ouvertes en 2016 (une consultation qui ne serait pas réservée aux seuls militants UMP). "Nicolas Sarkozy y a fait une allusion dans son discours", rappelle Alain Juppé. Il estime que "là encore une clarification est nécessaire" :
"Qui pourra voter et selon quelles modalités? Le nouveau président de l’UMP devra dire ses intentions.
"
Sa conclusion est une mise en garde à l'égard de Nicolas Sarkozy sur l'organisation de cette élection préalable à la présidentielle :
"Nous apprécierons alors si ses propositions sont acceptables ou pas.
"
Un point sur lequel Alain Juppé rejoint François Fillon.
Au cours du week-end, l'entourage d'Alain Juppé a estimé auprès de plusieurs médias que l'absence de réaction de Nicolas Sarkozy pendant que l'ancien Premier ministre se faisait malmener par ses partisans constituait "une faute politique grave". Certains sarkozystes, notamment Brice Hortefeux, avaient quant à eux balayé l'idée de "piège" tendu au maire de Bordeaux.
Quant à Bruno Le Maire, adversaire de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, il est resté prudent sur la question dimanche soir, refusant de "distribuer les bons et les mauvais points." Mais ce lundi, il est passé à l'attaque contre l'ex-chef de l'État, le prenant à parti, entre autres, sur la question du "rassemblement" avec le centre :
"Là où je suis un peu surpris des sifflets c'est qu'après tout, cette idée de grand rassemblement sans clivages de gauche ni de droite où l'UMP absorberait l'UDI et se reconstituerait en une espèce de grande formation un peu nébuleuse, c'est l'idée de Nicolas Sarkozy.
"