LA DÉPRIME - Henri Guaino broie du noir. Sur BFMTV vendredi 5 septembre, le député UMP des Yvelines a développé une vision *un peu tristoune* de l'état du pays. "Nous traversons une crise politique qui n’a cessé de s’aggraver depuis des mois. Je me demande même si nous ne nous acheminons pas vers une crise de régime", a-t-il lancé dès le début de son interview.
Ce très proche de Nicolas Sarkozy ne pourrait d'ailleurs pas être plus en accord avec Jean-Jacques Bourdin, lorsque celui-ci lui fait remarquer que cette "crise politique" ne concernait pas seulement la gauche et François Hollande, mais qu'elle était globale :
Les partis sont par terre, les institutions sont branlantes, la fonction présidentielle est atteinte, le gouvernement - je ne vous fais pas un dessin, bientôt on va changer tous les trois mois, comme sous la IIIe République ?
On est à la fin d’un cycle politique. Comme du temps de Guy Mollet - personnage tout à fait respectable mais quand il est parti, la République était au bord du gouffre -, il y a un désordre dans la société qui est terrifiant.
Henri Guaino est visiblement très affecté de voir se succéder les événements qui "désacralisent le pouvoir politique", comme le livre de Valérie Trierweiler ou les remaniements en série. "Il faut respecter les institutions, c'est tout ce qu'il nous reste", explique-t-il dans un sourire qui cache mal son inquétude.
Ce délitement du pays, tout le monde ou presque en est responsable, selon lui :
[Le livre de Valérie Trierweiler] participe à la désacralisation du pouvoir politique, de la fonction présidentielle. Ça fait un mal fou, ça fait du mal de toute façon, vrai ou faux.
Vrai ou faux, nous sommes entrés dans une période de désacralisation du pouvoir politique auquel tout le monde participe : les médias, les politiques eux-mêmes, les juges, etc. Ça laisse la société en prise directe avec toutes les forces qui menancent toujours de la servir : l’argent, la technique, les corps intermédiaires, etc.
Nous sommes au cœur d’une grave crise politique qui ne peut cesser, dans ces conditions, de s’aggraver.
Mais le député des Yvelines ne se contente pas de décrire un pays au bord du gouffre. Il propose une sortie de crise, qui passe évidemment par l'arrivée à l'Élysée d'un véritable "homme d'État", à la différence de François Hollande qui "est un politicien de la IVe République, qui n'a pas pris la mesure de la dimension et des responsabilités de la fonction de président de la Ve République" :
La France a besoin à sa tête d’un homme d’État. Parce que la France, ça va peut-être choquer beaucoup de vos auditeurs, mais c’est un vieux pays monarchique, un pays extraordinairement divers dont tout le fil directeur de l’histoire a été le rapport entre le souverain et le peuple face à toutes les féodalités. C’est une vieille histoire, vous ne changerez pas la nature de notre pays.
[...] Appelez ça sauveur, homme providentiel, souverain… Comme vous voudrez.
[...] On voit bien que quand on met à la tête de l’État quelqu’un qui n’est pas fait pour occuper cette fonction, qui n’a pas envie, qui n’en mesure pas la portée ou la responsabilité, c’est une catastrophe. Le pays se défait, l’économie se défait, la société se défait.
Et bien sûr, dans l'esprit d'Henri Guaino, Nicolas Sarkozy peut être cet "homme providentiel". Il regretterait d'ailleurs que l'ancien chef de l'État brigue la présidence de l'UMP, "parce qu'un ancien président doit rester au-dessus de la mêlée et pas rentrer dans le jeu partisan". Mais, étant l'un de ses plus fervents supporters, il le soutiendra bien sûr s'il décide de reprendre la tête du parti.