Jean-Marie Le Pen, seul contre tous… y compris au Front national ? Le discours antisystème du patriarche du FN, dopé ces derniers jours par l’unanimisme de la classe politique dans la condamnation des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes, ne fait décidément pas consensus au sein de son parti.
Lundi 9 janvier, Florian Philippot oppose une réponse lourde de sens aux récents jeux de mots provocateurs de Jean-Marie Le Pen ("Je suis Charlie Martel") ou à son appel à voter FN en plein deuil national : "Vous savez, Jean-Marie Le Pen est inoffensif pour tout le monde aujourd’hui". Ce mardi, au tour de Wallerand de Saint-Just de prendre ses distances avec le président d’honneur du Front national dans un commentaire à l’AFP :
"Encore une démonstration de ce que Jean-Marie Le Pen ne comprend pas bien la société française actuelle, très compassionnelle et médiatique. Cet espèce de jeux de mot peut choquer, donc moi je ne le fais pas car je fais de la politique.
"
Une réflexion sévère de la part du trésorier et avocat du FN. Malgré une critique voilée de l’establishment politique et médiatique, le message est limpide : les prises de position de Jean-Marie Le Pen n’engagent pas l'ensemble du mouvement frontiste.
Tous les ténors du parti ne sont pourtant pas sur cette ligne. À commencer par sa présidente, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, qui défend l’expression de son grand-père au moyen d’une cabriole rhétorique ce mardi sur RTL :
"Finalement, c’est une provocation très « Charlie » du coup.
"
Sur le fond, la députée du Vaucluse rejoint d’ailleurs le doyen frontiste. À l’entendre, l’ensemble de la classe politique porte une lourde responsabilité dans le drame qui a touché la France :
"L'important, c'est la cohérence dans le temps (…). Quand je les vois tous communier dans l'émotion collective, alors qu'hier il fallait être là pour défendre la liberté d'expression et qu'ils criaient tous à l'islamophobie, je rigole.
"
De là à prétendre que le FN fut le seul à soutenir la liberté de ton de Charlie Hebdo dans les moments de tension, il n’y a qu’un pas, que Marion Maréchal-Le Pen franchit... abusivement.