TIME MACHINE - Dès l'annonce des résultats le 29 mars, Nicolas Sarkozy s'est empressé de qualifier la victoire de l'alliance UMP-UDI "d'historique" et de taper sur François Hollande qui a "a délibérément choisi d'ignorer le vote des Français". Côté PS, si on parle d'une défaite due notamment à une "bêtise politique", on conteste l'aspect historique du scrutin. Pour Jean-Marie Le Guen, l'affirmation de Nicolas Sarkozy est un "mensonge". Mais le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement ne s'est pas arrêté là et a répliqué de plus belle sur RMC le 30 mars en rappelant au président de l'UMP les résultats des régionales de 2010 :
Quand Nicolas Sarkozy avait perdu 21 régions sur 22, je ne suis pas sûr qu'il avait changé de politique.
Revenons en 2010. Début mars, Nicolas Sarkozy, alors Président de la république, donne une interview au Figaro Magazine et annonce :
Le scrutin des 14 et 21 mars est un scrutin régional : ses conséquences seront donc régionales.
CQFD: aucun changement de politique. Cinq ans plus tard, après la victoire de son parti, le même Nicolas Sarkozy déclare :
Ces résultats dépassent de très loin la considération locale. Les Français ont massivement rejeté la politique de François Hollande et de son gouvernement.
Après la défaite aux municipales de 2008, un léger regain aux européennes de 2009, les élections régionales de 2010 ont été une déroute pour la droite républicaine. Nicolas Sarkozy a enchaîné les défaites politiques aux élections intermédiaires durant son quinquennat sans pour autant changer de cap ni de premier ministre. Les régionales de 2010 ont provoqué un remaniement "technique". François Fillon est resté Premier ministre durant l'ensemble du quinquennat.
Après les régionales, la gauche avec Martine Aubry comme Première secrétaire avait attaqué vivement le gouvernement sur sa décision de ne rien changer. Elle déclarait alors :
Les Français ont parlé, il faut qu'ils soient entendus. Je le dis au président de la République et au gouvernement, entendre les Français, c'est changer profondément de politique
François Hollande, alors ex-Premier secrétaire, déclarait également sur France 2 :
(C'est) un vote de défiance à l'égard du chef de l'Etat.
Des mots que l'on retrouve à peu de choses près dans la bouche du Nicolas Sarkozy de 2015 :
Jamais un pouvoir en place n'avait suscité une telle défiance.