En s’emparant du sujet de la procréation médicalement assistée (PMA), Bruno Le Roux et les parlementaires socialistes poussent une nouvelle fois le gouvernement à prendre position, suscitant de possibles divisions parmi les ministres. [A l’image du pataquès survenu sur la taxation des œuvres d’art]
Mais s’il y en a une qui ne veut pas endosser le rôle du "cavalier seul", c’est bien Dominique Bertinotti. La ministre chargée de la Famille s’astreint à un exercice de communication très contrôlé pour ne désavouer personne. Ni les députés, ni le Premier ministre.
Exemple ce 12 octobre sur Canal Plus. Alors que la journaliste cherche à connaitre sa position personnelle sur la procréation médicalement assistée et à savoir si la ministre soutiendra l'amendement des députés, Dominique Bertinotti s’en tient à une "ouverture au dialogue" affichée :
[L’initiative des députés] est normale puisque dans la présentation d’une loi, il y a le temps du travail législatif qu’il faut respecter. Il est normal qu’aux travers des questions de parentalité, toutes les questions puissent être abordées, dont la procréation médicalement assistée.
Lorsqu’on sonde son entourage, impossible d’avoir plus de détails sur l’avis personnel de la ministre : le travail législatif doit se faire, un point c’est tout.
Sur le sujet, l’impression de division pourrait être rapide. L’accès à la PMA pour les couples de femmes était une promesse de François Hollande, Jean-Marc Ayrault a refusé le 10 octobre que cela rentre dans ce projet de loi [mais plutôt dans "un texte complémentaire"], certains députés y sont très favorables … Bref, la ministre marche sur des œufs.
Pour n’entrer en contradiction avec personne, elle n’en dira pas plus pour le moment.
Et lorsqu’on se penche sur ses différentes interviews, on s’aperçoit qu’il en a toujours été de même. Alors que l’autre ministre en charge du dossier, Christiane Taubira, n’hésite pas à afficher ses positions, Dominique Bertinotti s’en tient à sa ligne du "débat d’abord". Résultat, ses interviews apportent parfois plus de questions que de réponses, comme le 16 septembre dans "On n’est pas couché". A chaque interrogation précise, la ministre a répondu :
Aujourd'hui, le projet de loi n'est pas ficelé. Nous sommes dans la phase des auditions.
Le projet de loi sur le mariage pour tous sera examiné en conseil des ministres le 31 octobre. D’ici là, l’amendement de Bruno Le Roux pourra tout aussi bien passer à la trappe ou bénéficier d’un fort soutien des députés, gênant pour le gouvernement.