Cazeneuve s'affiche au QG de Hamon... mais le sermonne (à nouveau) sur le "rassemblement" et le bilan de Hollande

Publié à 12h54, le 09 mars 2017 , Modifié à 12h58, le 09 mars 2017

Cazeneuve s'affiche au QG de Hamon... mais le sermonne (à nouveau) sur le "rassemblement" et le bilan de Hollande
Le visage radieux de Benoît Hamon ne permet pas de masquer le regard ombrageux de Bernard Cazeneuve © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Les deux hommes s'étaient déjà vus très officiellement le 30 janvier à Matignon, au lendemain de la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la Belle Alliance Populaire. Une traditionnelle photo dans le bureau de Bernard Cazeneuve en était sortie, mais ils ne s'étaient pas montrés ensemble sur le perron et devant les caméras pour incarner la nécessaire unité du PS pour la campagne présidentielle. Service minimum. Plus d'un mois s'est écoulé et c'est cette fois le Premier ministre qui fait le déplacement jusqu'au QG du candidat pour faire passer ce message un peu plus clairement.

On a donc pu voir Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon se serrer la main devant les locaux de ce dernier, puis attablés à l'intérieur du QG avec le slogan de l'ancien ministre de l'Éducation nationale en fond, puis à la sortie devant une forêt de caméras et de micros. Benoît Hamon s'est d'ailleurs ouvertement et à plusieurs reprises félicité de ces belles images :

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Nous avons évoqué cette campagne avec beaucoup de simplicité [...] et surtout beaucoup de sérieux et de rigueur. [...] C'est pour moi un immense honneur et privilège qu'il soit venu jusqu'ici pour m'apporter son soutien et échanger avec moi [...].

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Il l'a même tweeté (trois fois) :

De son côté, Bernard Cazeneuve n'a pas franchement fait varier son message par rapport au mois de janvier. À l'époque, et alors que Manuel Valls venait de perdre au second tour de la primaire, le chef de la majorité avait enjoint le tout nouveau champion du PS de "rassembler et inscrire son projet dans notre identité commune". Il avait surtout ajouté que la gauche "ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat de François Hollande".

Depuis, le candidat a envoyé quelques signaux à toute cette partie du Parti socialiste qui est légitimiste et ne se reconnaît pas forcément dans son programme - certains ayant carrément déserté pour soutenir Emmanuel Macron. En meeting et dans les médias, Benoît Hamon n'oublie jamais de saluer l'action de l'exécutif en matière éducative et de santé notamment, encensant les ministres Najat Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine ainsi que le secrétaire d'État au Commerce extérieur Matthias Fekl (qui a d'ailleurs intégré son équipe de campagne).

"Je suis venu ici ce matin à la demande de Benoît Hamon après avoir eu l'occasion de dire à plusieurs reprises ma disponibilité dans cette campagne pour être utile", a certes rappelé le Premier ministre en préambule. Mais il en aussi remis une couche sur ce fameux "rassemblement" des socialistes et la défense du quinquennat de François Hollande (au moins dans ce que son bilan a de "positif"), signe qu'il n'est pas pleinement satisfait des rares gages donnés par Benoît Hamon.

Il a en effet déclaré, en toute "franchise", "sincérité" et "amitié" bien sûr:

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Je lui ai dit ce que je lui ai toujours dit franchement : nous sommes à un moment où il faut rassembler, et rassembler tous ceux qui sont déterminés à lutter contre le Front national. Et pour ce qui concerne le candidat investi par la primaire, il faut rassembler toute sa famille politique. J'avais dit cela à Benoît Hamon lorsque je l'ai vu pour le féliciter au lendemain de sa victoire et je lui redis aujourd'hui avec la même sincérité, la même amitié que celles qui président à nos relations.



Cela signifie qu'il faut inscrire l'espérance qu'il incarne dans la continuité de ce qui a été fait de positif pendant ce quinquennat. Il faut aussi être capable, dans ce contexte, d'essayer de faire en sorte que tous ceux qui s'en prennent au projet européen trouvent une réponse forte, européenne [...].

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Voilà Benoît Hamon de nouveau averti...

Continuant sur sa récente lancée anti-FN, Bernard Cazeneuve a également rappelé sa détermination à "lutter" contre "l'extrême droite, dont les thèmes, les thèses, fracturent chaque jour davantage la République et le consensus autour des valeurs républicaines par la convocation des outrances, des impasses, des mensonges", mais aussi contre "une droite dont on voit qu'elle est capable elle aussi de céder à cette pente". Il a ajouté :

 

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Les Français ont bien compris que je n'ai pas d'ambition pour moi-même [il ne se représentera pas aux législatives, ndlr] et que j'ai la seule préoccupation de l'intérêt général, de l'avenir aussi de ma famille politique à laquelle je suis attaché, de la lutte contre l'extrême droite qui représente un danger pour la République et que tout ce que j'essaye de faire dans cette période, je ne le fais pas pour moi-même. Je le fais pour la France, par amour pour mon pays et aussi par attachement aux valeurs qui sont celles de ma famille politique.

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