RACISME - Elle a pris son temps avant de s’exprimer. A froid. C’est ainsi dans une interview accordée à Libération, mercredi 6 novembre, que Christiane Taubira a décidé de répliquer face à la multiplication des attaques racistes à son égard. Et notamment au dernier dérapage en date d'une enfant lui criant : "une banane pour la guenon".
Mais pour la garde des Sceaux, ces dérives ne sont pas des "dérapages". C’est bien pire que cela car cela révèle une banalisation de la parole raciste, selon elle.
Ce ne sont pas des dérapages qui sont des inattentions. C’est infiniment plus grave !
Il s’agit très clairement d’inhibitions qui disparaissent, de digues qui tombent.
Et d’expliquer que cette "petite phrase" n’est pas la première de ce genre qu’elle subit. "Je me ramasse depuis longtemps du ‘macaque’, du ‘Y’a Bon banania’, par des manifestants ou des élus qui l’écrivent sur leur site internet", confie cette ancienne candidate à l’élection présidentielle.
Face à ces attaques, elle n’a pas souhaité d’action en justice, porter plainte. "On avait autre chose à faire", justifie celle qui a porté la loi sur le mariage homosexuel avant de préciser néanmoins :
La réponse judiciaire est indispensable : il faut rappeler que le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit.
Mettant en cause, sans les nommer, la précédente majorité UMP et son débat sur l’identité nationale ou la mise en place d’un ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, Christiane Taubira apprécie "avoir eu beaucoup de messages de soutien".
Même si elle déplore que "les réactions n’ont pas été à la mesure", malgré la question au gouvernement de Jean Glavany à l’Assemblée nationale ou "l’interview de l’historien Pascal Blanchard" dans Libération.
Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française.
Et Christiane Taubira d’affirmer avec force :
Des millions de personnes sont mises en cause quand on me traite de guenon. Des millions de gamines savent qu’on peut les traiter de guenons dans les cours de récréation !
Déjà comparée à un singe par une candidate du Front national aux municipales, Christiane Taubira avait rétorqué, parlant de "la pensée meutrière du FN".