Comment Nathalie Kosciusko-Morizet nationalise la campagne pour les municipales à Paris

Publié à 15h29, le 30 septembre 2013 , Modifié à 15h43, le 30 septembre 2013

Comment Nathalie Kosciusko-Morizet nationalise la campagne pour les municipales à Paris
(Maxppp)

STRATÉGIE DE CAMPAGNE - Elle vise la mairie de Paris en 2014 mais rebondit sur chaque sujet national un brin polémique pour faire campagne. Ainsi va la stratégie de Nathalie Kosciusko-Morizet pour battre une Anne Hidalgo résolument parisiano-parisienne, cherchant au contraire à se démarquer le plus possible de l'action de sa majorité .

La méthode de NKM est simple : appliquer une problématique nationale au cas parisien et faire campagne sur ses solutions. Une méthode qui paye médiatiquement avec quatre passages en matinale pour l'ancienne ministre depuis le 1er septembre, contre deux pour Anne Hidalgo.

Démonstration à partir de trois exemples mis à l'agenda de NKM ces 15 derniers jours.

1 - Les Roms

NKM a été l'une des premières à pointer du doigt le "problème rom" qui sévirait en France. Mais par le prisme parisien.

Trois jours après un discours dans lequel Marine Le Pen agite la peur d'une arrivée massive de Roms "inexpulsables" [> des affirmations d'ailleurs passées par la case Désintox dans Libération], la candidate UMP reprend la thématique à sa sauce et déclare sur BFTMV le 18 septembre :

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Vous avez l’impression qu’on harcèle beaucoup les Roms ?

Parce que moi j’ai l’impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens !

"

Elle propose dans la foulée de rétablir des "arrêtés anti-mendicité agressive" dans certains quartiers de Paris, arrêtés non renouvelés par la majorité socialiste en juin 2012, pour des raisons de "légalité" et "d'efficacité".

Le 22 septembre, elle provoque en parlant même d'une ligne "Valls-NKM" en opposition à celle "Hidalgo-Taubira" qui serait la ligne du "laxisme".

Obligée de prendre le sujet au vol, Anne Hidalgo tente de se faire entendre en fustigeant les propos "indignes" de son adversaire et glisse tout de même qu'elle ne souhaite pas que Paris "devienne un campement géant ". Elle dissocie également la "lutte contre les réseaux criminels" et une action plus sociale pour les familles vivant dehors. Mais refuse d'en faire une priorité de campagne.

2 - L'ouverture des magasins la nuit et le dimanche

Sephora doit fermer son magasin des Champs-Élysées la nuit ? NKM a une proposition de loi

Quelques jours après la condamnation de l'enseigne, la candidate communique sur cette idée : que les commerces puissent ouvrir la nuit dans "des zones touristiques d'affluence exceptionnelle".

Rebelote lorsque la question s'étend aux magasins ouvrant le week-end . 

Invitée de RTL ce lundi, NKM recentre la question sur Paris :

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On a aujourd’hui des touristes qui partent le samedi pour faire leurs courses le dimanche à Londres. Il y en a de plus en plus, c’est des milliers d’emplois qui nous échappent comme ça.

Je propose qu’on étende les zones touristiques, qu’on crée de nouvelles zones au sens de la loi Maillé. Sans attendre la transformation de la loi, on peut faire simple.(...)

Cela permettrait à Paris de résoudre tous les problèmes et la municipalité ne veut pas le faire !

"

Le journaliste lui fait remarquer que tous les auditeurs ne sont pas Parisiens ? Peu importe. NKM répète à quel point un exode de Parisiens a lieu chaque week-end pour aller profiter des boutiques londoniennes quand celles de la capitale ferment. 

Anne Hidalgo ne s'est pas encore mise dans sa roue. Il faut dire que la candidate PS a déjà fait preuve d'un revirement sur le sujet en avril, se disant favorable à une éventuelle renégociation des zones touristiques à Paris alors qu'elle y était fortement opposé en 2010. 

3 - Les rythmes scolaires

Le sujet est à la fois 100% parisien et 100% national, une aubaine ! NKM n'a pas hésité longtemps avant de devenir, dans la roue de Jean-François Copé , l'un des chefs de file de la fronde contre la réforme du gouvernement sur les rythmes scolaires. Une position qui lui permet encore une fois d'être visible nationalement tout en insistant sur ce qu'elle propose pour Paris. Comme ce lundi sur RTL :

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Qu’est ce qu’on constate ? A Paris justement, on constate des enfants fatigués, une grande confusion, un manque d’information des familles sur les critères des choix des animations, une confusion entre le temps scolaire et périscolaire.

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La candidate promet alors, si le gouvernement ne revient pas sur sa réforme, d'agir "localement" pour l'améliorer. 

Autre moyen de prendre la tête des antis-réforme, la création d'un site pour parents et enseignants parisiens mécontents : www.nosenfantsmeritentmieux.fr . Un site aux couleurs de l'UMP permettant de "signaler un problème" constaté dans une école de la capitale.

Une sorte de bureau des plaintes dont NKM pourra se faire la porte-parole pendant que son adversaire défend bec et ongle cette mesure mise en place dès 2014 par son maire, Bertrand Delanoë.

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