Jérôme Cahuzac est-il en campagne contre le parti socialiste ?D’après l’Opinion, l’ancien ministre du Budget dit à qui veut l’entendre dans sa circonscription que le candidat socialiste ne sera pas au second tour. Mais outre cela, l’ancien député de Villeneuve-sur-Lot interfère pleinement dans la campagne.
C’est pourquoi il ne sera pas auditionné par la commission d’enquête sur d'"éventuels dysfonctionnements de l’Etat" le 12 juin, comme annoncé initialement par son président Charles de Courson. Mais le 26 juin. Soit après le deuxième tour de la législative partielle à Villeneuve-sur-Lot.
Contacté par le Lab, le député socialiste Thomas Thévenoud reconnaît être intervenu pour faire modifier la date de son audition au Palais Bourbon.
Je vous confirme être moi-même intervenu. Ce n’était pas possible de l’auditionner trois jours avant le premier tour. J’ai donc fait savoir au rapporteur et au président de la commission qu’il était surprenant que Jérôme Cahuzac soit auditionné en pleine période électorale dans son ancienne circonscription.
Et l’élu d’ajouter, ferme :
Je ne veux pas d’interférences.
En off, dans l’Opinion, un député PS résume la situation :
Auditionné quatre jours avant le premier tour de la législative partielle à Villeneuve-sur-Lot, il aurait été au cœur de l’actualité. Auditionné trois jours après le second tour, il ne sera plus en mesure de peser sur le scrutin.
L’Opinion rapporte une autre anecdote amusante sur ce dossier : "le jour où Jérôme Cahuzac a appris que son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale était repoussée du 12 au 26 juin, il a décroché son téléphone, appelé le palais Bourbon, et piqué une grosse colère. « Puisque c’est comme ça, je ne viendrai pas !», a-t-il menacé."
Si le PS se montre aussi sourcilleux de ne pas voir l’ancien ministre interférer dans la campagne législative – dans laquelle il était à deux doigts de se lancer -, c’est qu’il craint pour sa majorité absolue.
Plusieurs sondages ont notamment montré que l’accession au second tour de Bernard Barral, le candidat officiellement investi par le PS, n’était pas assurée. Et comme la majorité absolue socialiste à l’Assemblée nationale ne tient plus qu’à quelques menus fils, après les pertes des législatives partielles d’Amérique du Nord et d’Europe du Sud, l’immiscion de Jérôme Cahuzac dans la campagne, et encore plus via son audition par les députés, est un handicap supplémentaire dont la rue de Solférino se serait bien passée.