Son cabinet avait affirmé le 2 mai au Lab qu'aucune prise de parole de Fleur Pellerin n'était programmée sur le dossier Dailymotion. Mais la ministre de l'Economie numérique est finalement sorti de son silence dans une interview au Journal du Dimanche.
Jeudi, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, avait annoncé avoir refusé que Yahoo! devienne l'actionnaire majoritaire du Français Dailymotion, en accord avec le ministre de l'Economie et des finances.
Une heure plus tard, Pierre Moscovici assurait ne pas avoir été "particulièrement impliqué" dans cette décision, sans pour autant émettre de réserve sur le fond de la déclaration.
Et pendant que plusieurs patrons de start-ups, dont Pierre Kosciusko-Morizet , co-fondateur de Price Minister qu'il avait revendu à Rakuten, faisaient connaitre leur opposition à la décision du gouvernement de décourager Yahoo!, le gouvernement devait s'exprimer sur la cacophonie supposée régner à Bercy .
Dimanche, Fleur Pellerin s'efforce de faire la synthèse dans les colonnes du JDD : Oui, l'Etat "était légitime à faire connaître sa position dans le dossier, parce qu'il est l'actionnaire de référence d'Orange." Et la ministre de donner raison à Arnaud Montebourg :
"L'accord avec Yahoo! n'était pas suffisamment équilibré : il aurait pu conduire à une absorption totale et à une disparition de Dailymotion.
"
Pour autant, nuance aussitôt Fleur Pellerin :
"Il n'est pas question de dire à certains investisseurs étrangers : "Vous n'êtes pas les bienvenus".
Le financement de notre économie passe par nos capacités à les attirer.
"
Objectif : donner raison à son collègue du gouvernement tout en ménageant les entrepreneurs ? Pas tout à fait. Car Fleur Pellerin déplore - avec diplomatie - un peu plus loin dans l'interview, une erreur de communication de la part d'Arnaud Montebourg, sur le mode "Ca aurait dû" :
"Arnaud Montebourg est monté au créneau avec détermination pour essayer d'obtenir des concessions de la part de Yahoo!
Cela aurait dû rester dans le secret des négociations commerciales.
"
Et de préciser plus tard :
"La communication n'était pas exactement alignée comme il aurait fallu qu'elle le soit.
"
BONUS TRACK : Le retour de la "tension amicale"
La ministre de l'Economie numérique se livre aussi dans l'interview à une libre adaptation du concept de "tension amicale", théorisée par le chef de l'Etat lors de son passage télévisé le 28 mars . Sauf qu'à ce moment-là, le concept de François Hollande valait pour la relation avec l'Allemagne d'Angela Merkel .
Pour Fleur Pellerin, la "tension amicale" concerne plutôt... l'Amérique, et plus particulièrement les entreprises du numérique :
"Dans nos échanges avec les acteurs américains, comme Google ou Apple, il y a une "tension amicale".
Mais nous ne vivons pas dans une économie fermée. L'écomonie numérique n'est pas un village gaulois !
"