Islam : Arnaud Montebourg se souvient d'un Nicolas Sarkozy "Président communautariste"

Publié à 09h52, le 30 août 2016 , Modifié à 09h55, le 30 août 2016

Islam : Arnaud Montebourg se souvient d'un Nicolas Sarkozy "Président communautariste"
Arnaud Montebourg et Nicolas Sarkozy © Montage Le Lab via AFP

COMMUNAUTARISME PARTOUT - Nicolas Sarkozy, comme une bonne partie de la droite et du FN, aime à dénoncer l'attitude "communautariste" du gouvernement socialiste vis-à-vis de l'islam. Son idée : en s’accommodant de certaines revendications dans une recherche de "paix sociale" (et de bulletins de vote), la gauche serait en partie responsable de dérives anti-républicaines liées à la deuxième religion de France. Début juin, l'ancien chef de l'État fustigeait ainsi le "communautarisme militant encouragé" par François Hollande. Mais il peut lui arriver d'être taxé des mêmes errements.

Mardi 30 août, c'est ainsi Arnaud Montebourg qui rappelle une période pas si lointaine où Nicolas Sarkozy était un "président communautariste". Sur RTL, le candidat à la présidentielle (mais pas encore à la primaire PS) revient sur la volonté de l'ex-patron de LR de légiférer pour interdire le burkini, quitte à "changer la Constitution". "Vous imaginez la France, cinquième puissance mondiale, qui va changer sa Constitution pour traiter le problème fondamental des maillots de bain sur ses plages ? L'image qu'on va donner au reste du monde ?", s'étrangle Montebourg.

Il ajoute :

 

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Si j'avais à répondre à monsieur Sarkozy, je dirais que je ne sais pas qui croire de monsieur Sarkozy. Il y a le Sarkozy du discours du Bourget - car lui aussi a fait un discours au Bourget, c'est le 15 avril 2003 devant l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), où il y avait d'un côté les hommes, de l'autre côté les femmes, et il a dit : 'Je veux construire l'islam de France avec vous'. Donc ça c'est le Président communautariste. Et puis il y a le Nicolas Sarkozy bravache qui aujourd'hui veut faire une loi à tout propos. Donc je voudrais comprendre quelque chose dans le logiciel de cet homme-là.

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En critiquant l'inconstance de l'ancien Président sur le sujet de l'islam, le chantre du Made in France en profite donc pour rappeler ses premières démarches pour organiser les institutions de l'islam du temps où il était ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac (et non "Président"), auprès d'une fédération d'associations souvent pointée du doigt pour ses liens avec les Frères musulmans - majoritairement par le FN mais également par certains à droite.

L'anecdote est en tout cas vraie. En 2003, au rassemblement de l'UOIF au Bourget, "l'harmonie culmine" entre le premier flic de France et l'organisation musulmane, rappelait Libération en 2012. Il leur promet alors "un jour, la présidence du CFCM" en voie de création, rapporte le quotidien. Et fait donc ce discours "devant une assemblée où hommes et femmes ont été soigneusement séparés, assis chacun de leur côté".

Or, il s'agit du même homme qui, en 2016, fait de "l'égalité entre les hommes et les femmes" un argument majeur pour interdire le burkini. Ce 24 août sur TF1, il martelait encore :

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Sur le territoire de la République, les femmes et les hommes sont tenus d’une égalité stricte. On n’enferme pas les femmes derrière des tissus.

 

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Entre cette époque révolue et aujourd'hui, les relations de Nicolas Sarkozy avec l'UOIF s'étaient sérieusement dégradées. Jusqu'à ce que, début avril 2012, le gouvernement interdise de venue en France six prédicateurs musulmans pour le congrès de l'organisation, et que Nicolas Sarkozy (Président, cette fois), n'écrive cette missive furibarde :

 

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Je ne tolérerai pas que puissent s'exprimer au cours d'une manifestation publique organisée sur le sol français les porteurs de messages d'appels à la violence, à la haine, à l'antisémitisme, qui constituent des attaques insupportables contre la dignité humaine et les principes républicains.

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[BONUS TRACK] Schizo

Sur RTL, Arnaud Montebourg est également interrogé sur ses violentes attaques à l'encontre de François Hollande et du gouvernement. Mais il se défend catégoriquement d'avoir "tapé comme un sourd" sur les intéressés, tout en en remettant une sérieuse couche :

 

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Je ne crois pas, je ne crois pas du tout. J'ai juste dit que le bilan était indéfendable et que François Hollande ne devrait pas se représenter. Pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas gagner avec un bilan pareil, surtout quand on est l'auteur de renoncements et de reniements. Le choix que devrait faire François Hollande est de ne pas se représenter. Il ne peut mener qu'à une élimination programmée dès le premier tour de l'élection présidentielle.

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Mais à part ça, l'ancien ministre du Redressement productif "ne souhaite pas entrer dans des polémiques, y compris avec le gouvernement"...

Du rab sur le Lab

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