#MULTIPLEXPOLITIQUE – C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, le Lab se plie en quatre, voire plus, pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.
Au programme en ce 20 septembre : François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot, François Bayrou, François Baroin et Xavier Bertrand.
- Deuxième partie
>> François Baroin dans C politique sur France 5
#Point sur les "i"
Le président de l'Association des maires de France a surpris en déclarant début septembre que sa ville de Troyes n'avait pas les moyens d'accueillir davantage de réfugiés . Lorsque le journaliste Claude Weill s'étonne de ce manque "d'humanisme", François Baroin lui reproche de tronquer ses propos et reprend froidement son raisonnement :
"Pour moi vous faites partie des journalistes sérieux, ce n’est pas bien et normal de la part de quelqu’un comme vous, avec autant d’expérience, de faire comme tout le monde et de prendre le bandeau en dessous d’une émission sans dire la totalité et l’intégralité de ce que j’ai proposé.
J’ai dit que l’humanité gouverne tous les autres principes, que le droit d’asile est un droit constitutionnel et une vertu européenne, et qu’une fois que le principe d’humanité est mis en place, le sens des responsabilités doit être mis en œuvre.
La ville de Troyes a quatre centres d'accueil, le département en a six, on est au double de la moyenne nationale et régionale. Nous, nous accompagnons des demandeurs d’asile depuis des années et des années quand l’immense majeure partie de notre territoire ne sait pas ce que c’est.
"
François Baroin répète qu'il n'accueillera pas davantage de réfugiés car il ne le peut pas :
"Vous ne pouvez pas aller sur ce terrain-là, vous ne pouvez pas répéter comme un papier calque des insultes de gens qui ne vont pas au-delà du bout de la phrase, et lorsque je dis que je ne le ferai pas, je ne le ferai pas car les places sont saturées, que nous en accueillons beaucoup plus que d’habitude, que nous voulons continuer à faire notre travail dignement et que nous ne sommes plus en situation d’accompagner.
"
A voir ici en vidéo :
#Histoires de campagne
Contrairement à beaucoup , le sénateur et président de l'Association des maires de France n'est pas candidat (pour le moment ?) à la primaire de 2016. Il a cependant un conseil pour ceux qui participeront, un conseil tiré de sa propre expérience, lorsqu'il était porte-parole de Jacques Chirac en 1995 et qu'il s'en était mis "plein la figure" avec un certain Nicolas Sarkozy. Il explique :
"La politique est une matière humaine, pas scientifique, donc il faut être attentif à l’organisation, aux entourages, aux boîtes de com’, à tout ce qui va se mettre en place. Ce sont des hommes d’État, ils ont de l’expérience, ils se connaissent bien. Moi j’ai vécu de près la campagne de 1995 puisque j’étais porte-parole de Jacques Chirac. C’était pas facile non plus. Nicolas Sarkozy était porte-parole de Balladur…on s’est mis plein la figure à l’époque.
Et au final, la route est longue, il ne faut pas se donner trop de coups, faire en sorte que le débat porte le plus possible sur les idées et que l’enjeu de l’importance de la victoire conditionne tout le reste.
"
>> Xavier Bertrand dans BFM Politique
#Plus de problème, plus de FN
Pour la tête de liste LR dans la grande région Nord, Marine Le Pen - sa concurrente dans cette région - n'a aucun intérêt à ce que les problèmes des Français s'améliorent... puisqu'elle progresse grâce à ces problèmes. Il dit :
"Elle ne parle que des problèmes en essayant de les grossir, elle a besoin des problèmes.
Le jour où il n’y a plus de problème, il n’y a plus de Front national. Le jour où il n’y a plus de problème migratoire, de chômage, de misère … (...) Elle a besoin que les gens soient dans leurs problèmes.
"
Xavier Bertrand explique par ailleurs pourquoi il préfère parler de "la fille de Jean-Marie Le Pen" et non de "Marine Le Pen" :
"C’est surtout elle qui essaye de masquer son héritage. Elle a fait mine de découvrir qui était son père. Elle a été élue au FN parce que son père lui a laissé sa place.
"
#Pas de fusion
C'est la proposition formulée par un "ministre anonyme influent" en début de semaine : réaliser des fusions techniques de listes LR et PS au second tour des élections régionales lorsque le FN risque de l'emporter. Notamment dans la grande région Nord, donc. Xavier Bertrand refuse catégoriquement cette option :
"J’aurai la même liste et le même projet au premier et au deuxième tour, c’est une question d’honnêteté. Je ne changerai pas. (...) Chacun se positionnera mais moi je proposerai le même projet, identique. Elle crève de ça la politique, de ces magouilles, de ces arrangements.
"
Demandera-t-il cependant au PS de se désister en cas de triangulaire et de position défavorable pour les socialistes ? Xavier Bertrand répond simplement : "Je ne parle qu'aux électeurs, les trucs d'états-majors ça ne m'intéresse pas."
Également candidat à la primaire de 2016 , le double-candidat promet qu'il n'attaquera cette campagne qu'en septembre 2016, date de la campagne officielle, et qu'il se consacrera en attendant intégralement à sa région. Il lance alors ce *magnifique* slogan :
"Ma priorité donnée à la région, c’est pas du vent, c’est pas du flan, c’est du concret.
"
- Première partie
>> François Bayrou dans le Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro
#Bravo l'arbitre
En bon supporter, vous avez suivi la victoire du XV de France contre l'Italie pour son entrée dans cette Coupe du monde 2015. Mais si vous avez observé la prestation des joueurs, François Bayrou tient lui à féliciter ... l'arbitre. Invité à s'exprimer sur la rencontre, il dit :
"D'abord, c'est une victoire nette donc le supporter enthousiaste ou inconditionnel que je suis, ça lui fait plaisir. La presse est un peu sévère ce matin, moi j'ai trouvé qu'il jouait mieux que ce qu'on peut le dire. Et il y a quelqu'un sur le terrain que j'ai trouvé vraiment excellent et c'est rare que j'ai ce sentiment, c'est l'arbitre. Parce que le rugby ça se joue non pas à 30 comme on le croit mais à 31. Et moi j'ai trouvé que cet arbitre était élégant, lisible, rapide dans ses décisions donc petit coup de chapeau totalement désintéressé parce que je ne le connais pas et encouragements pour les Bleus.
"
Le match a, en effet, été marqué par de nombreuses décisions arbitrales. Ainsi, l'arbitre n'a pas hésité à changer son jugement après avoir consulté la vidéo, notamment sur un essai français finalement annulé. Sinon, la métaphore politique sur l'arbitre au milieu des joueurs, vous l'avez ?
#Double Jeu
Non, Emmanuel Macron n'est pas Christophe Willem. Mais, quand même, ses déclarations concernant le statut "plus adéquat" de la fonction publique, il énerve légèrement le leader du Modem. François Bayrou dénonce ici le "double jeu" du ministre de l'Économie. Il dit :
"Il participe au double jeu qui consiste à susurrer à l'opinion que l'on est d'accord avec elle, sans jamais rien changer, en faisant un pas en avant, un pas en arrière.
"
Une attaque similaire à celle lancée par François Fillon quelques heures plus tôt.
>> Cécile Duflot dans 12/13 Dimanche sur France 3
#Still close
Cécile Duflot est évidemment interrogée sur les départs en chaîne que subit Europe Écologie - Les Verts, ponctués par celui de Stéphane Gatignon, maire de Sevran, vendredi 18 septembre. Mais c'est surtout celui de François de Rugy qui est regretté. Elle dit :
"Je serai toujours plus proche de François de Rugy qui est écologiste que de n'importe quel autre. Je le regrette parce qu'ils savent que les écologistes ont progressé et gagné dans le rassemblement et pas en participant à des petites combinaisons de vieilles politiques.
"
Le tout avant de critiquer le maire de Sevran, acerbe à son égard :
"Je pense qu'il le fait [l'attaquer] pour que vous le mettiez à l'écran. Ce sont des phrases très violentes, des attaques personnelles contre moi. C'est fait pour que vous en parliez
"
#Un référendum ? Non merci
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a proposé le 19 septembre un "référendum" aux électeurs de gauche pour adopter une "position commune" en vue des régionales. Une initiative peu engageante pour l'ancienne ministre du Logement. Elle dit :
"Jean-Christophe Cambadélis regarde les choses un peu à l'ancienne, il considère que ce sont les partis politiques qui décident pour les électeurs. Le référendum, il va être très simple, il va avoir lieu au mois de décembre, parce que chaque citoyen de ce pays et chaque citoyenne aura un bulletin de vote.
"
#Confiance en Hollande (enfin presque)
La COP 21, la grande conférence mondiale sur le climat, aura lieu à Paris en décembre. Une occasion rêvée pour les écologistes de porter leur projet et de se faire entendre de François Hollande. D'ailleurs, Cécile Duflot a confiance en la capacité du chef de l'État de bien mener cette négociation. A défaut d'autre chose. Elle dit :
"Bien sûr, je pense qu'il est sincèrement convaincu désormais et qu'il est pleinement impliqué. Et, de toute façon, on n'a pas le choix, c'est à lui qu'il faut faire confiance puisque c'est le président de la France aujourd'hui.
"
>> Jean-Luc Mélenchon sur Agora de France Inter et l'Obs
#Conseil de lecture
En introduction de l'interview, le journaliste présente Jean-Luc Mélenchon en soulignant son "tempérament". L'ancien candidat à la présidentielle lui rétorque :
"C'est marqué dans la Bible : 'Dieu vomit les tièdes'. Sinon, nous avons notre penseur communiste italien qui dit : 'je hais les indifférents'. Je tâche de ne pas me rendre indifférent à la passion de la chose publique.
"
Relancé sur cette allusion à la Bible, il préconise une lecture précise des écrits du ... Pape. Il explique :
"En ce moment, si vous ne savez pas quoi lire d'autre que mes livres, je vous conseille de lire le Pape. L'Église catholique, pour la première fois depuis bien longtemps, a élu un chrétien à la tête de l'Église, donc ça change des choses.
"
#6ème Constitution ou la guerre civile
Interrogé sur les mesures à prendre pour redonner du sens à la politique et faire participer le peuple (l'émission s'appelle "Agora", ndlr), Jean-Luc Mélenchon l'affirme : il a trouvé "l'angle révolutionnaire". Il explique :
"Il faut arriver à trouver l'angle d'une stratégie révolutionnaire. Moi j'en ai trouvé une : on vote, on change de Constitution.
"
Développant son concept de "référendum révocatoire", il finit son intervention en expliquant qu'une nouvelle Constitution est nécessaire pour éviter "un bazar généralisé". Il dit :
"Ou bien vous choisissez des procédures démocratiques et tranquilles ou bien vous aurez un bazar généralisé et la guerre civile. Parce que la réponse alternative à ce que je propose, c'est quoi ? La chasse aux arabes et aux musulmans. C'est ça que propose Madame Le Pen.
"
#Être à gauche, c'est chanter la Marseillaise
D'habitude à l'extrême gauche, on est plus emballé pour chanter l'Internationale que la Marseillaise. Mais Jean-Luc Mélenchon n'est pas de ceux-ci. Il explique notamment, via l'idée d'une "mentalité majoritaire" à inculquer à ses "camarades", qu'il a eu beaucoup de mal à faire adopter ce chant. Il dit :
"On peut marier le rêve et le concret mais il faut avoir la mentalité majoritaire. Quand vous êtes en France, vous chantez la Marseillaise. J'ai eu un mal de chien à faire chanter des camarades qui pensaient que c'était le chant des Versaillais.
"
>> François Fillon au Grand Rendez-Vous Europe 1/iTélé/Le Monde
#Lapsus
Visiblement, François Fillon n'est pas satisfait du traitement accordé à son livre Faire où des passages isolés sont ressortis dans les médias concernant son sentiment vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Le portrait dressé serait plutôt "affectueux" comme l'explique Jean-Pierre Elkabbach avant de lire un passage à haute voix, sur un ton presque poétique. Une intervention coupée par François Fillon :
"Franchement, Jean-Pierre Elkabbach pourquoi vous dites ça avec ce ton là ? Pourquoi vous vous moquez ? J'ai écrit ce livre parce que je voulais dire des choses que je ressens, je voulais exprimer des émotions, je voulais exprimer mon ressentiment personnel. Là, on est vraiment dans le système médiatique, avec cette espèce de commisération pour les gens qui disent les choses qu'ils ressentent, cette absence totale de respect.
"
Au passage, en utilisant le mot "ressentiment", François Fillon s'offre un joli lapsus puisqu'il est généralement synonyme de rancune ou d'hostilité. A moins que ...
#Soutine à Macron
La phrase d'Emmanuel Macron sur le statut de fonction publique jugé "plus adéquat" prononcée le 18 septembre semble plaire à l'ancien Premier ministre. Interrogé sur cette phrase, il répond :
"Le problème avec le ministre de l'Économie c'est que je soutiens presque la totalité de ses propos mais ça ne débouche pas sur grand chose.
"
Et, là encore, les propos du ministre de l'Économie, prononcés en off, devraient rester lettre morte en atteste le recadrage de François Hollande le 19 septembre.
#Indécence
François Fillon n'est pas fan de l'humour de Manuel Valls. Ce dernier a plaisanté, lors des Journées du patrimoine, sur son avenir présidentiel "entre 2022 et 2032". Une blagounette très "hollandaise" qui n'a pas fait rire l'ancien Premier ministre. Il dit :
"Je trouve cette phrase, même si elle est anecdotique ou freudienne, totalement indécente. Il y 6 millions de chômeurs, 2 millions de jeunes qui n'ont ni travail ni formation et qui ne sont pas à l'école, on est passé de la cinquième à la sixième place mondiale en termes économiques etc. Avec un bilan pareil, Valls devrait arrêter de nous faire miroiter la perspective d'avoir encore quinze ans avec la gauche.
"
[Article édité au fur et à mesure des déclarations politiques]