JOUR J - C’est en effet ce lundi 4 mai que le cas du président d’honneur du FN Jean-Marie Le Pen doit être examiné par le bureau exécutif du parti frontiste qui doit éventuellement sanctionner son fondateur pour ses propos répétés sur les chambres à gaz ou sur le maréchal Pétain .
Un nouvel épisode qui pose la question de la liberté d’expression au sein du parti de Marine Le Pen. Pour Bruno Gollnisch, eurodéputé FN tendance Jean-Marie Le Pen, refuser la liberté de parole au patriarche frontiste est contraire à l’ADN du parti. Sur France Info, ce lundi 4 mai, Bruno Gollnisch développe :
"C’est grâce à l’action de Jean-Marie Le Pen que beaucoup de gens sont aujourd’hui élus députés, sénateurs, députés européens. En un temps où on a fait manifester des millions de Français en faveur de la liberté d’expression, il serait paradoxal que le seul qui en soit privé soit Jean-Marie Le Pen.
"
D’ores et déjà, Jean-Marie Le Pen a pourtant accepté à contrecœur que sa parole n’engage plus le parti, selon Bruno Gollnisch. Ce que souhaite sa présidente de fille. Et l'eurodéputé de renchérir :
"Je suis pour la liberté d’expression, je suis pour la liberté d’expression. Je suis pour l’irrespect à l’égard du discours officiel. Je suis pour récuser des tabous.
"
Au même moment, sur RMC, Wallerand de Saint-Just, avocat du FN, ex-avocat de Jean-Marie Le Pen et tête de liste du parti d’extrême droite aux régionales en Ile-de-France, tenait le discours inverse de celui de Bruno Gollnisch, dont il a également été le conseil. D’après lui, la liberté d’expression n’existe pas au FN, et il l’explique clairement :
"Je vais principalement lui dire que sa thèse selon laquelle il a une liberté d’expression totale comme président d’honneur est une thèse totalement erronée. On n’a absolument pas de liberté d’expression quand on occupe un poste important dans un mouvement politique et que c’est contraire à tout ce qu’il nous a enseigné pendant 40 ans. Nous sommes un parti de discipline et d’ordre.
"
Ce n’est pas la première fois que cette problématique tiraille le parti de Marine Le Pen. L’eurodéputé FN Aymeric Chauprade en a fait les frais. L’ex conseiller aux relations internationales de Marine Le Pen s’était interrogé, début janvier 2015, à haute voix après qu’une de ses vidéos où il estimait que la "France est en guerre avec des musulmans" et parle de "cinquième colonne" a été "censurée" par Marine Le Pen qui a enjoint les membres du FN de ne pas diffuser le document.
A l’AFP, Aymeric Chauprade, qui ne "comprenait pas" la décision de la présidente du FN, constatait :
"C’est difficile d’accepter une certaine liberté d’expression au FN. Je pose la question de la possibilité pour nos élus d’être force de proposition publique.
"
Il existe par ailleurs des précédents au FN sur la difficulté pour ses membres, et ses élus, d’avoir une certaine liberté d’expression, voire même une position divergente de celle du chef. Ainsi Joëlle Bergeron, élue au Parlement européen sur une liste FN, avait-elle été virée pour avoir déclaré qu’elle était favorable au droit de vote des étrangers, comme l’avait révélé le Lab .
Un crime de lèse-majesté au Front national, semble-t-il, que d'avoir une position divergente de Marine Le Pen. Et même "le Menhir" Jean-Marie Le Pen en sait désormais quelque chose.