Cela fait quelques jours que Chantal Jouanno a quitté l'UMP pour l'UDI, le nouveau parti de Jean-Louis Borloo. Derrière les explications données par la sénatrice de Paris se cachent des blessures plus profondes. Entre les fillonistes et Chantal Jouanno, c'était la guerre ces derniers temps !
Neila Latrous a enquêté sur ces tensions. Pour Le Lab, Neila Latrous suit les débats internes de l'UMP en chantier. Elle est journaliste et coauteur de UMP, un univers impitoyable aux éditions Flammarion.
"Avant ils demandaient ma tête. Maintenant, on dirait que je leur manque !"
Malaise. Sur le fond et sur la forme. Si le départ de Chantal Jouanno devait être un mot, il serait celui-là. Sur le fond, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy s’est déjà expliquée. Mal à l’aise que l'écologie et l'Europe aient disparu du discours de l'UMP. Gênée que le bilan de la droite n’ait pas été davantage défendu pendant la présidentielle. Marre d’être perçue comme le vilain petit canard. Voilà pour le fond.
Sur la forme, les relations entre les fillonistes et Chantal Jouanno s’étaient dégradées. Au point que la sénatrice de Paris a décliné l’offre qui lui a été faite d’intégrer le dispositif de campagne du candidat à la présidence de l’UMP.
Plusieurs gestes ont blessé l’ancienne ministre. D’abord, le soutien de François Fillon à Charles Beigbeder et Valérie Montandon aux dernières législatives. Deux copéistes pur jus qui l’avaient attaquée lorsqu’elle s’était émue de la "droitisation" de l’UMP.
Début juillet, un texto de François Fillon met le feu aux poudres. Il demande à Chantal Jouanno – qu’il surnommait "tête de pioche" quand elle était sa ministre - de ne pas trop se montrer à ses côtés. Trop bobo, trop progressiste :
Tu comprends, les militants sont super à droite
Mi-septembre, la sénatrice tombe de sa chaise en apprenant la promotion de Valérie Montandon au groupe UMP de Paris. La jeune élue en devient la vice-présidente. Chantal Jouanno se sent trahie presque puisque ce sont ses amis fillonistes qui ont poussé sa candidature au nom du rassemblement pour 2014.
Déçue par l’entourage de François Fillon, peu convaincue par la ligne Jean-François Copé, Chantal Jouanno se laisse approcher par l’UDI qui la "draguait" depuis trois mois. Elle quitte l’UMP le weekend dernier.
Une partie des élus lui demande désormais de restituer ses mandats. Une pétition vient d’être lancée auprès des grands électeurs par le président de la Fédération UMP de Paris Philippe Goujon et le président du groupe UMP au Conseil de Paris Jean-François Legaret.
Jointe par téléphone, Chantal Jouanno ironise :
Quand j'étais à l'UMP, tout le monde me critiquait et demandait ma tête. Et maintenant que je suis partie, ils ne parlent plus que de moi. On dirait que je leur manque !
Selon nos informations, la sénatrice de Paris a revu Nicolas Sarkozy. Et lui a détaillé les raisons de son départ de l’UMP. L’ancien président n’a pas condamné son choix.
Neila Latrous (@Neila)