LE CHAÎNON MANQUANT - Marion Maréchal-Le Pen s'est retirée de la politique, très certainement pour une durée déterminée. Mais si elle s'écarte pour le moment de la chose publique, la future ex-députée FN n'en met pas pour autant de côté ses objectifs. Et le premier d'entre eux réside dans la fameuse union des droites qui n'a pas eu lieu avec le Front national tendance Marine Le Pen. Un sillon que la nièce de la présidente du FN continue de tracer dans son début de pré-retraite.
Dans une interview à Valeurs Actuellesrepérée par Le Monde mercredi 17 mai, Marion Maréchal-Le Pen dit ainsi "appartenir à la 'droite Buisson'", du nom de l'ancienne éminence grise sulfureuse de Nicolas Sarkozy. "J’ai été très marquée, récemment, par son livre 'La cause du peuple', dans lequel j’ai vu exposés de manière claire les fondements de cette droite nationale, identitaire, sociale, qui est la mienne", indique-t-elle.
Elle évoque également le clivage gauche-droite, dont les principaux cadres actuels du FN estiment qu'il n'est plus opérant, lui préférant celui opposant "les patriotes" aux "mondialistes". Marion Maréchal-Le Pen, elle, veut encore y croire, tout en concédant qu'il "est inexact dans la structuration actuelle des partis politiques". Et d'identifier Laurent Wauquiez, numéro 2 de Les Républicains, comme l'une des figures de la droite traditionnelle qui permettrait, en s'alliant au Front, de le remettre au goût du jour :
"Un profil comme Laurent Wauquiez change la donne. Mais il faut voir ce qu’il fera de ce pouvoir ! Si c’est pour avoir un nouveau Sarkozy, ce n’est pas utile. [...] Ce qui est sûr, c’est que dans le paysage politique actuel à droite, il fait partie de ceux dont les déclarations laissent penser qu’on aurait des choses à se dire et à faire ensemble.
"
Avec sa ligne de droite dure sur les sujets liés à l'identité, à la religion et à l'assistanat, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes est souvent accusé de proximité avec le FN. En décembre dernier, le président du groupe FN au conseil régional lui avait en pleine séance proposé une carte d’adhérent du FN avant de se lever de son siège et de lui remettre une rose bleue (le logo de Marine Le Pen pour la présidentielle). Plus récemment, Benoît Hamon l'avait traité d'"hologramme de Marine Le Pen" lors de L’émission politique de France 2 le 9 mars.
De son côté, Laurent Wauquiez n'a eu de cesse de répéter qu'il souhaitait lutter contre le FN, écartant toute idée de rapprochement, d'alliance ou quoi que ce soit de ce style, mettant surtout en avant ses divergences économiques avec le parti d'extrême droite. Reste à savoir ce qu'il en serait si, dans les années qui viennent, Marion Maréchal-Le Pen cherchait à défendre plus personnellement sa ligne, débarrassée des questions liées à la sortie de l'euro et centrée sur l'identité et l'immigration...
C'est en tout cas ce genre de considérations, entre autres, qui provoque une rupture de plus en plus claire au sein de LR, entre une frange modérée voire centriste (et attirée par Emmanuel Macron) et une autre plus droitière et conservatrice (qui a établi un cordon sanitaire entre elle et le nouveau chef de l'État). Laurent Wauquiez fait bien évidemment partie de la seconde, ayant catégoriquement refusé d'appeler à voter Macron au second tour face à Le Pen et s'opposant à toute entrée au gouvernement de membres de son parti.