Alain Juppé a pris un coup sur la tête dimanche 20 novembre. Grand favori des sondages pendant toute la campagne, le maire de Bordeaux était arrivé en deuxième position (28,6%) du premier tour de la primaire de la droite, nettement distancé par François Fillon (44,1%). Autant dire que ses chances de victoire étaient quasi nulles, d’autant plus que Nicolas Sarkozy s’était immédiatement rallié à François Fillon. Selon Sud Ouest, certains proches d’Alain Juppé ont alors plaidé pour un retrait pur et simple de leur candidat.
Ce dimanche 4 décembre, le quotidien régional révèle qu’Alain Juppé a bien envisagé de se retirer. Le maire de Bordeaux a appelé la Haute autorité de la primaire le 20 novembre. "On lui répond que le retrait du deuxième entraîne ipso facto la qualification du troisième, à savoir Nicolas Sarkozy", écrit le journaliste. Hors de question de se retirer au profit de son ancien rival, alors que les deux candidats se sont régulièrement affrontés pendant la campagne, notamment à propos de François Bayrou.
Dès le lendemain du second tour, le président du comité d'organisation de la primaire Thierry Solère avait évoqué ce risque juridique. "Conformément au droit électoral, la seule raison qui permette d'interrompre la primaire dès le premier tour serait que l'un des candidats dépasse 50 % des voix. Si le deuxième de la compétition avait décidé de se retirer du second tour, le droit aurait permis au candidat arrivé en troisième position de revendiquer l'accès au second tour", expliquait-il au Scan du Figaro .
On comprend mieux pourquoi l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac avait "décidé de continuer le combat ", comme il l’avait lancé dès le début de sa déclaration, le soir du premier tour. Une façon de dévoiler que la question s’était posée. Soutien d’Alain Juppé, le maire de Roubaix Guillaume Delbar s’était d’ailleurs publiquement interrogé : "A-t-on besoin d’un second tour après une telle mobilisation ?", avait-il tweeté. Le sarkozyste Marc-Philippe Daubresse avait lui aussi évoqué la possibilité de se passer d'un second tour.
Dès le 21 novembre, l’Obsécrivait que la possibilité d’un retrait d’Alain Juppé avait bien été envisagée après l’annonce des résultats, retardant même sa prise de parole et l’annonce du soutien de NKM .
Ce renoncement aurait eu des conséquences sur le parti Les Républicains. "Financièrement, un retrait n’est de toute façon pas très intéressant", observait auprès de l’Express le trésorier du parti Daniel Fasquelle au lendemain du premier tour. Et pour cause : en organisant bien les deux tours comme prévu, LR a récupéré la bagatelle de 17,2 millions d’euros, dont 6 à 8 millions pour la campagne de François Fillon.
[EDIT 19h45] : Ajout des propos de Thierry Solère.