NOSTRADAMUS - Ou quand une confidence faite à une journaliste en 2006 ressort fort à propos presque 10 ans plus tard. Chiraquien entre les chiraquiens, François Baroin était à l'époque ministre de l'Outre-mer. Et alors que se profilait un duel Royal-Sarkozy pour la présidentielle 2007, il n'aurait pas misé un kopec sur la victoire de l'ambitieux ministre de l'Intérieur d'alors. Il pronostiquait même l'élection de la candidate socialiste face à celui qu'il soutient aujourd'hui ardemment pour la primaire de la droite et du centre de 2016.
L'histoire est racontée à France Inter par la journaliste du Figaro Solenn de Royer, mercredi 28 octobre. Dans une chronique retraçant quelques uns de ses souvenirs à bord de l'avion présidentiel, elle raconte cette anecdote :
"[François Baroin] avait pris mon cahier de notes. Et il avait commencé à dessiner… Le visage de Sarkozy d'un côté, le visage de Ségolène Royal de l'autre. Et à côté il avait écrit son pronostic pour la présidentielle de 2007 : Royal 52%, Sarkozy 48%. Confidence de Baroin : 'Sarkozy est incapable de rassembler. Il ne peut pas gagner.'
"
Une preuve de plus, s'il en fallait une, que le pronostic politique est loin d'être une science exacte. Sur un plan plus politique, c'est donc du fait de son incapacité à "rassembler" que Baroin annonçait la défaite de celui qu'il ralliera finalement et dont il sera un ministre important.
Or, c'est justement sur le "rassemblement" et l'unification d'une famille politique déchirée que Nicolas Sarkozy fait campagne depuis son retour en politique, de la présidence de l'UMP devenue Les Républicains à la primaire pré-présidentielle. L'anecdote est donc à double-tranchant pour l'actuel sénateur et président de l'Association des maires de France : certes, ce vieux commentaire n'est pas des plus chaleureux, mais c'est précisément sur les défauts qu'il trouvait à Nicolas Sarkozy, démentis par les faits et sa victoire de 2007, que le patron de LR entend reconquérir l'Élysée.
Aujourd'hui, l'ex-ministre du Budget apporte un soutien sans faille à l'ex-chef de l'État pour la primaire. Notamment par toute une série d'attaques contre le principal adversaire de ce dernier : Alain Juppé. "Ceux qui étaient prêts à mourir pour Jacques Chirac sont dans leur immense majorité aux côtés de Sarkozy", avait ainsi lâché François Baroin mi octobre. Le "meilleur d'entre nous", toujours soutenu aujourd'hui par Jacques Chirac himself, avait sûrement apprécié.
Comme quoi, "la routourne va vite tourner".