Quand l'UMP devient plus progressiste que la gauche sur la GPA

Publié à 11h37, le 31 janvier 2013 , Modifié à 11h47, le 31 janvier 2013

Quand l'UMP devient plus progressiste que la gauche sur la GPA
(Maxppp)

PARADOXE - Forcée de ne pas brouiller sa communication sur le mariage homosexuel et la PMA, la majorité refuse en bloc la légalisation de la gestation pour autrui, pour les couples homosexuels comme pour les couples hétérosexuels. Et certains à l'UMP apparaissent finalement plus nuancés, voire plus progressistes, sur le sujet.

On reprend. Soucieuse de ne pas voir le débat sur la PMA parasité, la majorité répète fermement ce message : la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes n'ouvrira pas la porte à la gestation pour autrui pour les couples d'hommes.

Le gouvernement sait qu'au moindre petit pas dans cette direction, il serait accusé de vouloir faire passer en douce une pratique aujourd'hui totalement interdite en France. Sur un air de "aujourd'hui la PMA, demain la GPA" [>> accusation qui a d'ailleurs fusé après la circulaire de Christiane Taubira sur les certificats de nationalité].

Cette stratégie de communication a pour conséquence de faire taire toute opinion nuancée sur les mères porteuses dans la majorité, que celle-ci concerne les couples homosexuels ou hétérosexuels. A gauche, et au sein même du gouvernement, tout le monde n'est pourtant pas opposé à cette pratique.

Comme le soulignait Le Lab le 17 janvier, Najat Vallaud-Belkacem, Aurélie Filippetti et Alain Vidalies ont même plaidé en 2010 pour une autorisation encadrée de la GPA. Mais hors de question aujourd'hui d'en reparler car il faut "être le plus clair possible pour les Français".

Résultat, profitant de leur rôle d'opposant, certains à l'UMP, libres de parole, n'hésitent pas à s'emparer d'un sujet volontairement délaissé par la gauche. Autoriser les mères porteuses pour tous, non. Mais dans certains cas, pourquoi pas. C'est la position défendue par Nadine Morano depuis plusieurs années. Invitée de Radio classique ce 31 janvier, l'ancienne ministre a de nouveau plaidé pour une GPA "strictement médicale" :

Je suis favorable à la GPA dans le cadre uniquement d’un problème médical, pour les femmes qui ont une malformation utérine ou une absence utérine, pour un couple qui pourrait devenir parent mais dont la mère ne peut assurer la gestation.

Il y a à peu près 800 cas par an de femmesdans ce cas, qui produisent encore des ovules et peuvent donc devenir mère.

C’est la seule cause d’infertilité à laquelle on n’apporte pas de solution en France. Pour un homme qui ne produit pas de sperme, il y a le don de sperme. Pour une femme qui ne produit pas d’ovule, il y a le don d’ovocyte.

Une position défendue également par des sénateurs UMP. Comme l'a rappelé Publicsenat.fr le 30 janvier, une vingtaine d'entre eux ont signé une proposition de loi en janvier 2010 pour "autoriser et encadrer la gestation pour autrui" pour les couples hétérosexuels, lorsque "la femme est dans l'impossibilité de mener une grossesse à terme".

Le dépositaire de cette proposition, Alain Milon, n'a pas changé d'avis. Interrogé par Publicsenat.fr, le sénateur UMP du Vaucluse propose que la GPA, "l’accouchement et les soins de grossesse" soient pris en charge par la sécurité sociale. En contrepartie, la mère porteuse ne serait pas payée, elle agirait sous "une forme de don".

A l'époque, ces idées étaient encore plus largement partagées par les socialistes, et notamment par des ténors comme Jean-Pierre Bel (actuel président du Sénat) ou François Rebsamen (actuel président du groupe socialiste au Sénat). Devenus muets depuis.

Du rab sur le Lab

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