On veut pas chipoter mais ... - Au gouvernement, chaque cafouillage est suivi d'une mise au diapason expresse des ministres pour tenter de rectifier le tir. Mais parfois, quand ça veut pas, ça veut pas.
Le problème du moment est donc la fameuse pause fiscale. A écouter François Hollande et Jean-Marc Ayrault, on n'a pas très bien compris s'il fallait s'attendre à un arrêt des hausses d'impôts en 2014 ou en 2015. C'est donc Najat Vallaud-Belkacem qui a été chargée de clarifier la parole de l'exécutif lors du compte-rendu du conseil des ministres le 18 septembre, par une formule reprise depuis par tous les membres du gouvernement :
La pause fiscale, qui est un processus, est enclenchée dès 2014 et se confirme en 2015.
Bien. Mais alors de combien sera l'augmentation des prélèvements obligatoires, même modérée, prévue en 2014 ? Si l'exécutif est désormais d'accord sur la date, il semble que les petites fiches distribuées aux ministres ne soient pas allées assez loin dans le détail des chiffres.
Résultat, pour Bernard Cazeneuve le 15 septembre dans le JDD, l'augmentation des impôts en 2014 représente 0.05 points de PIB. Ce qui devient 0.05% pour Pierre Moscovici ce jeudi sur Europe 1
Je dis des choses très précises. Après que les prélèvements obligatoires aient cru de manière très forte les années précédentes, ils seront stabilisés à 0.05% en 2014 et totalement stabilisés en 2015.
Ce qui correspond à 3 milliards d'euros de prélèvements :
Cette année c'est 18 milliards d’euros d’efforts, dont 15 milliards d’euros d’économie ! Cela fait 3 milliards de prélèvements, qui correspondent à la lutte contre la fraude fiscale, 0.05% du PIB.
Avec Najat Vallaud-Belkacem, on passe plutôt à 2 milliards d'euros de prélèvements ... pour 0.1 point de PIB. Elle le dit ainsi lors du compte-rendu du conseil des ministres le 18 décembre. Toujours en promettant des "chiffres précis" :
Si vous voulez des chiffres plus précis, en 2014 vous avez une augmentation des prélèvements obligatoires de 0.1 point, ce qui correspond à 2 milliards d’euros, qui sont essentiellement pris sur la lutte contre la fraude fiscale et l’optimisation fiscale.
Et comme deux chiffres différents, ce n'est pas suffisamment illisible, les équipes du ministère de l'économie qui ont répondu aux journalistes du Figaro et de Libération ce jeudi évoquent encore un autre chiffre : 0.15 points d'augmentation en 2014. On peut ainsi lire dans Le Figaro :
Il est prévu que la "pression fiscale" augmente de 3 milliards d'euros en 2014 par rapport à 2014 par rapport à 2013, soit 0.15 points de produit intérieur brut.
Et dans Libé :
(...) raisonnement qui permet d'afficher une augmentation de la fiscalité de seulement 0.15% du PIB l'année prochaine. Soit trois petits milliards.
Alors, certes, c'est toujours moins que les 0.3 points d'augmentation annoncés par Pierre Moscovici en avril et réaffirmés en août. C'est également moins que les 1.4 points d'augmentation réalisés entre 2012 et 2013. Mais en terme de com', ce n'est pas la baisse qui fait mouche, c'est l'imprécision.