Régionales : comment Bartolone justifie l'absence de propositions sur la sécurité dans sa profession de foi

Publié à 09h39, le 01 décembre 2015 , Modifié à 17h02, le 02 décembre 2015

Régionales : comment Bartolone justifie l'absence de propositions sur la sécurité dans sa profession de foi
Claude Bartolone © AFP

RHÉTORIQUE - C'est un petit instant radio dont se délectent déjà les adversaires de Claude Bartolone. La tête de liste PS pour les régionales en Île-de-France ne dégaine pas toujours ses meilleurs arguments en premier, ce qui ne le fait pas forcément paraître sous son meilleur jour. C'est ce qu'il s'est passé, mardi 1er décembre, sur France Inter.

Celui qui est également président de l'Assemblée nationale est interrogé par la journaliste Léa Salamé sur sa profession de foi pour la région. Plus précisément, sur l'aspect sécurité de celle-ci. Plus précisément encore, sur l'absence de propositions en la matière. Et sa première réponse n'est pas des plus pertinentes :

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- Léa Salamé : Vous avez déclaré ce dimanche : 'Après les attentats, je n'ai pas une ligne à enlever à mon programme, seul l'ordre des priorités change'. Et vous parlez évidemment de la sécurité. Le problème, Claude Bartolone, c'est que j'ai regardé attentivement votre profession de foi, je l'ai sous les yeux là, vous promettez douze engagements, douze promesses aux Franciliens, pas une ne porte sur la sécurité...



- Claude Bartolone : Eh bien pour une bonne raison, [...] la profession de foi a été imprimée avant les événements.



- Léa Salamé : Oui mais après janvier, après les attentats de janvier. Et il n'y a pas un mot sur la sécurité...

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Voilà Claude Bartolone bien feinté. Car si les candidats n'ont effectivement pas pu modifier leurs documents officiels de campagne après les attentats du 13 novembre, ceux de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher ont eu lieu voilà dix mois...

Le camp de Valérie Pécresse ne se prive donc pas de jubiler. De l'une des porte-parole de la candidate LR en Île-de-France, Agnès Evren, au compte officiel de soutien à l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, on se moque gaiment de cet argument foireux :

Mais Claude Bartolone n'arrête pas là son argumentation. Il reprend, plus terre-à-terre :

 

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Oui mais je vous rappelle que [la sécurité], ce n'est pas dans les compétences de la région. Et donc j'ai essayé de mettre en avant ce qui correspondait le plus à la nécessité de renforcer la République sur la région Île-de-France. 

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Ce qui est vrai. La sécurité en tant que telle ne fait pas partie des attributions de cet échelon territorial. Pour une liste détaillée des compétences des régions, c'est par ici.

L'échange entre le candidat socialiste et la journaliste se poursuit sur ce thème, le premier assurant que beaucoup a été "fait" en matière de sécurité par la majorité socialiste sortante (sous la présidence de Jean-Paul Huchon), alors même que "cela ne relève pas de ses compétences" :

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- Claude Bartolone : Et puis [...], alors que ce n'est pas dans les compétences de la région, la région a beaucoup fait en termes de sécurité.



- Léa Salamé : C'est pas dans les compétences de la région, la sécurité, mais la sécurité peut - et c'est une question de priorités - cofinancer des commissariats...



- Claude Bartolone : C'est ce qu'elle fait.



- Léa Salamé : ... des casernes de gendarmerie, des équipements pour la police, des caméras de vidéosurveillance. Il y a aussi un budget sécurité...



- Claude Bartolone : Mais c'est ce que fait la région.



- Léa Salamé : ... un budget sécurité qui a été divisé presque par cinq en dix ans par les socialistes.



- Claude Bartolone : Non pas du tout ! J'ai entendu cette remarque faite par l'opposition, c'est faux. Jamais la région ne s'est désengagée de la question de sécurité, alors que ça ne relève pas de ses compétences. Et lorsque vous regardez l'ensemble des régions de France, s'il y a une région où on a voulu financer des commissariats alors que l'État se désengageait, s'il y a une région où on a a fait des programmes de vidéosurveillance, s'il y a une région où on a installé des bornes d'alerte pour les usagers sur les quais, c'est la région Île-de-France.



- Léa Salamé : Donc Valérie Pécresse ment quand elle dit que vous avez divisé par cinq le budget sécurité ?



- Claude Bartolone : Elle ment d'autant plus qu'elle aurait dû dire qu'alors que ce n'était pas dans les compétences de la région, la région a fait.

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Et "Barto" d'enfoncer le clou par un bon gros argument de type "je ferais pas trop le malin, à sa place" :

 

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Et en plus, je vais vous dire une chose, s'il y a en a une qui devrait se taire, comme l'ancien président de la République, c'est bien elle. Parce que sous leur gouvernement, on a perdu 13.000 postes de policiers et de gendarmes et on en a fini avec les Renseignements Généraux qui seraient bien utiles pour réussir à faire remonter les renseignements que les machines ne feront pas forcément remonter.

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Pas suffisant, toutefois, pour clouer le bec de ses adversaires :

Il faut dire que Valérie Pécresse a fait de la sécurité le thème central de son programme. Quitte à établir des liens surprenants entre terrorisme et fraude dans le métro... 

Et la campagne continue. Jusqu'à vendredi soir, officiellement.



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