Tous ces politiques qui s'estiment copiés par le candidat Arnaud Montebourg

Publié à 15h40, le 22 août 2016 , Modifié à 15h50, le 22 août 2016

Tous ces politiques qui s'estiment copiés par le candidat Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse, pour l'annonce de sa candidature à la présidentielle, dimanche 21 août 2016 © PHILIPPE DESMAZES / AFP

COPYRIGHT MADNESS - Chacun voit Montebourg à sa porte. Depuis ce dimanche 22 août et l'entrée en lice de celui qui n'est pas Superman pour 2017, un certain nombre de ses concurrents ou opposants lui reprochent de leur avoir piqué leurs propositions.

Lors de la présentation des principaux axes de son "projet France", Arnaud Montebourg a bien précisé que celui-ci était "socialiste [...] mais pas seulement". L'ancien ministre vante en effet un programme aux accents "écologiques", issu du "gaullisme social", "républicain" et "de gauche". Ce qui fait beaucoup d'inspirations. Rien de bien étonnant, partant de là, à ce que certains *non-montebourgeois* y retrouvent quelques unes de leurs idées.

Mais ça ne leur fait pas nécessairement plaisir. Voici donc une première liste (non exhaustive ?) de ceux qui ont crié au plagiat.

# Le camp Valls

L'une des premières revendications de ce type n'est pas venue de la gauche de la gauche, mais du camp... vallsiste. Luc Carvounas, sénateur-maire PS d'Alfortville et proche du Premier ministre, a ainsi ironisé sur les idées de "spoil system à la française" et de "proportionnelle intégrale", avancées par Arnaud Montebourg et également présente dans "son livre" à lui, La politique autrement : Réinventons nos institutions (publié en novembre 2014).

Admettons. Ces mesures ne sont pas pour autant radicalement neuves. Et surtout, la gauche n'en a pas le monopole. Nicolas Sarkozy, par exemple, veut lui aussi importer le "spoil system" en France, soit le fait qu'en cas d'alternance, des "responsables d’administration" plus en phase avec la nouvelle couleur politique de l'Élysée soient nommés en remplacement des anciens.

Quant à la proportionnelle, elle a été défendue par de nombreux responsables politiques. Arnaud Montebourg veut ainsi que 50 des 350 futurs députés (contre 577 aujourd'hui) soient élus sur ce mode de scrutin, afin que certains partis politiques ne soient plus "exclus de la représentation parlementaire". Soit la même argumentation que le centriste François Bayrou ou le Front national.

# Le camp Mélenchon

Le suivant à avoir dégainé est Alexis Corbière. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a ainsi considéré que "la mélenchonisation du discours" de l'ex-ministre de François Hollande "est une bonne nouvelle". Et d'affirmer que le programme du chantre du "Made in France" comprenait aussi une partie de "Made in Mélenchon" :

Jean-Luc Mélenchon lui-même, sur sa page Facebook dimanche soir, reprend cet angle d'attaque, écrivant que "sa 'Mélenchonisation' partielle aide à la propagation de certaines de nos idées". L'ancien candidat du Front de Gauche, aujourd'hui en course sans appui partisan, voit dans "les thèmes choisis" par Montebourg un moyen "d'élargir l’audience" de son propre discours : "sixième République, relocalisation industrielle, et surtout dénonciation des traités européens". Il ne crie donc pas à la récup', mais se réjouit de voir l'ex-ministre donner du crédit à des idées qu'il défend de longue date. Sans compter ses attaques contre François Hollande ("Le bilan de ce quinquennat n'est pas défendable") qui "confirment la critique que nous en avons fait inlassablement pendant cinq ans", estime Mélenchon.

# Le camp NDA

Nicolas Dupont-Aignan est un habitué du procès en plagiat intenté à ses adversaires (voir ici ou ). Il n'a donc logiquement pas manqué l'occasion de s'en prendre en ces termes à Arnaud Montebourg. "Debout la France copié !", s'est-il rapidement insurgé, trollant l'intéressé en l'appelant à le "soutenir pour la présidentielle".

Dans le viseur du candidat souverainiste, la partie "européenne" du programme de l'ancien ministre du Redressement productif - qui veut demander aux Français "un mandat de dépassement des traités européens et de refondation de l'Union européenne" et promet de décréter la "fin de l'austérité".

# Le camp frontiste

Du côté du FN, c'est l'idée du septennat unique non renouvelable dont on estime avoir été dépossédé. "Arnaud Montebourg a récupéré très clairement une des propositions du Front national, très ancienne d'ailleurs", a déclaré ce lundi Nicolas Bay, secrétaire général du parti d'extrême droite.

Là aussi, c'est vrai. Mais là aussi, le FN n'est pas le seul (ni le premier) à prôner cette mesure. Édouard Balladur, Raymond Barre ou encore Jacques Delors s'en étaient faits les avocats bien avant Marine Le Pen. Et aujourd'hui, Claude Bartolone, Xavier Bertrand ou Jean-Frédéric Poisson militent également pour cette réforme du mandat présidentiel.

# Et son bilan alors ?

Il y a donc ce programme, qui serait une collection d'idées copiées ici ou là. Et puis il y a un bilan, que les socialistes pro-Hollande aimeraient bien coller aux basques de Montebourg le plus longtemps possible. Ayant été durant deux ans membre de ce gouvernement qu'il dézingue désormais à l'envi, après avoir soutenu le candidat Hollande au second tour de la primaire de 2011, il pourra difficilement y échapper.

Ce que n'ont surtout pas manqué de lui rappeler quelques figures de la majorité, de Thierry Mandon à Jean-Christophe Cambadélis en passant par Jean-Marie Le Guen.

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