Quand le premier ministre s’énerve, tout le monde en prend pour son grade : Bercy se voit accusé d’avoir buggé sévèrement sur le dossier "pigeons", Valls se fait sérieusement recadrer , et la "bande des quatre" ministres est tournée en ridicule.
Voilà les surprises que réserve un portrait consacré au Premier ministre par Le Nouvel Obs, ce jeudi 11 octobre.
Trois piques en une seule interview
Sur nouvelobs.com
Ne vous fiez surtout pas à son agenda - évidemment partagé en live sur les réseaux sociaux - annonçant une bien inoffensive inauguration de mairie, dans la banlieue nantaise, ce jeudi 11 octobre dans la soirée – à Basse-Goulaine, paisible bourgade de 7.995 habitants, lors du dernier recensement pratiqué, en 2009 pour être précis :
Non.
- Après plusieurs critiques, parfois exprimées ouvertement, y compris par des ministres, sur son autorité,
- Après sa quasi-disparition sur plusieurs sujets clefs de l’agenda médiatique, début octobre,
- Jean-Marc Ayrault, est pleine phase "affirmation de soi".
C’est notamment ce qu’apprend un portrait très autorisé du Premier ministre, publié, sur une double page, dans Le Nouvel Observateur, ce jeudi 11 octobre, et qui comporte quelques remises au point signées Jean-Marc Ayrault himself, passées, jusqu’à présent, relativement inaperçues.
Attaque numéro 1 : Bercy a foiré sur le PLF, et il ne fallait pas intervenir sur les #geonpi
Jean-Marc Ayrault y fait par exemple porter la responsabilité du bug dit des pigeons - ces entrepreneurs qui ont contraint le gouvernement à une marche arrière sur le stratégique budget 2013 quatre jours après sa publication – sur Bercy.
Des entrepreneurs nantais m’avaient alerté du problème.
Nous aurions pu corriger cette anomalie par amendement lors du débat parlementaire, tout était prêt … […]
L’étude d’impact de cette mesure n’a pas été préalablement réalisée par Bercy.
Oui oui, vous n’avez pas rêvé : en plus du recadrage des ministres de Bercy, Jean-Marc Ayrault se permet une double réponse … à François Hollande lui-même.
Le chef de l’Etat avait en effet légèrement moqué son trop fort attachement à Nantes … et, surtout, sur le fond, c’est bien l’Elysée qui a déclenché la réponse si rapide à la grogne des entrepreneurs.
Attaque numéro 2 : Non, mes ministres ne m’ont pas dépassé à Solférino
Jean-Marc Ayrault recadre également les quatre ministres dits "de la bande des quatre", réputés, voire revendiquant, avoir eu une influence décisive dans l’accession d’Harlem Désir à la tête de Solférino.
Le coup est asséné avec violence, cette fois, le premier ministre usant d’une métaphore toute militaire :
Je les ai obligés à rentrer dans le rang et à se rallier à la motion présidentielle que j’ai conçue avec Martine Aubry.
Attaque numéro 3 : Je décide, Valls exécute
L’activisme de Manuel Valls, sacré "vice-président" par Le Nouvel Observateur et donné comme remplaçant possible à un Ayrault en chute libre dans les sondages, est lui aussi sérieusement moqué par le Premier ministre, qui affirme son autorité sur le locataire de la Place Beauvau :
Nous avons une réunion hebdomadaire le lundi matin, pour parler de la politique de sécurité.
C’est moi qui lui ai demandé de se rendre à Amiens, après les émeutes du mois d’août.
Je l’ai aussi convié à une réunion à Marseille avec Christiane Taubira pour que les politiques de sécurité et de justice soient étroitement coordonnées. »
Enfin, un affichage : l'homme qui murmure à l'oreille du président
Le dernier exemple n’est pas une attaque, mais l’affirmation d’une proximité, d’une complicité, même.
Toujours dans ce portrait de l’Obs, Ayrault revendique une relation tellement forte avec le chef de l’Etat, qu’il évoque même, entre les lignes, des échanges … quasi-télépathiques :
Nous nous comprenons sans avoir besoin de fournir de longues explications.
Le 17 septembre, France 2 diffusait un reportage excessivement mis en scène autour de cette relation.