Publié à 12h02, le 16 décembre 2015 , Modifié à 14h37, le 16 décembre 2015

Un sénateur-président de département LR, en désaccord avec Nicolas Sarkozy, quitte le parti

© DENIS CHARLET / AFP

TROP C'EST TROP - Dans une interview au Parisien ce mercredi 16 décembre, Nathalie Kosciusko-Morizet, évincée de son poste de numéro deux de LR deux jours plus tôt, avertit :

 

"

A force de se droitiser, les républicains finiront par quitter les Républicains.

"

Premier exemple ce matin avec Jean-René Lecerf, sénateur et président du département du Nord, qui annonce, sur France bleu Nord, qu’il claque la porte du parti.

 

"

Je ne renouvellerai pas mon adhésion aux Républicains l’an prochain.

"

Jean-René Lecerf évoque un problème de "gouvernance" au sein du parti, et même s’il ne mentionne pas Nicolas Sarkozy explicitement, on comprend que c’est lui le problème. Notons que l'ancien candidat à la mairie de Lille était déjà assez iconoclaste, puisqu'il avait approuvé la réforme pénale de Christiane Taubira, taxée de "laxiste" par l'ex-UMP. Il s'était même aventuré à assimiler un discours de Laurent Wauquiez au "langage du FN".

La ligne droitière du parti incarnée par son patron de LR, est de plus en plus contestée par les ténors. Au lendemain du second tour des régionales, NKM s’était déclarée "heureuse que les électeurs n’aient pas appliqué le ni-ni". Le patron de LR avait pourtant estimé, lors d’un meeting d’entre-deux tours, qu’une victoire du PS n’était pas pire qu’une victoire du FN.

Ce même lundi 14 décembre, c’était au tour de Renaud Muselier de régler ses comptes avec Nicolas Sarkozy. L’eurodéputé LR, qui ne valide pas du tout sa tactique électorale, envisage de ne plus le soutenir à la primaire de la droite et du centre en 2016 :

 

"

J’ai toujours été pour Sarko. Je vais peut-être revoir ma position pour ceux qui respectent les adversaires.

"

Mais ce n’est pas tout : Christian Estrosi, ami de l’ancien président et auteur de déclarations sur la "cinquième colonne islamiste" , a étonnament remis en cause la position droitière de Nicolas Sarkozy dans une interview à Paris-Match mardi 15 décembre. Le futur président de la région Paca a estimé que "plus on va à droite, plus on fait monter le FN".

Quand il avait tenu, comme son homologue de Nord-Pas-de-Calais-Picardie Xavier Bertrand, à remercier les électeurs de gauche d’avoir voté pour lui, Nicolas Sarkozy avait regretté que les deux futurs présidents soient "tombés dans le piège". Lui-même avait refusé "d’envoyer la salade" à la gauche.

On se souvient que le patron de LR a tergiversé sur la nécessité ou non de débattre de la ligne au sein du parti, pour finalement dire oui. Mais l’éviction de NKM, remplacée par Laurent Wauquiez, un tenant de l’aile dure de la droite, est la preuve que la ligne est en fait déjà fixée.

[Edit 14h30] Xavier Bertrand, futur président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et Gérald Darmanin, maire de Tourcoing, regrettent tous deux le départ de Jean-René Lecerf et demandent à LR de le "retenir".