Les alliances sont prêtes, les bans publiés, et la cérémonie aura lieu ce mardi 5 novembre à la Maison de la Chimie à Paris à partir de 17h15. Jean-Louis Borloo et François Bayrou sont prêts à se dire oui devant une centaine de journalistes et une centaine d'invités, dont des parlementaires et responsables des deux mouvements.
Mais certains vont manquer à l'appel. La noce ne plaît pas à tous. Dans les rangs de l'UDI particulièrement, des parlementaires ne digèrent pas le soutien de François Bayrou à François Hollande lors de la dernière élection présidentielle.
Parmi les absents de ce mardi, sur trente députés UDI, cinq ont fait savoir qu'ils viendraient pas à un mariage qui ne les enthousiasme pas. François Sauvadet, Jean-Christophe Fromantin, Yannick Favennec, Thierry Benoit et François Rochebloine seront absents ce mardi. Chez les sénateurs, Hervé Maurey a également partagé sa perplexité.
Pour Yannick Favennec, député UDI de Mayenne, "on marie la jeune UDI, avec quelqu'un dont la fidélité n'est pas exemplaire", explique-t-il au Lab. Le vice-président de l'UDI estime que François Bayrou est un homme seul et que cet "arrangement" ne lui sert qu'à exister :
François Bayrou est une espèce de SDF de la politique, qui cherche une maison pour renaitre de ses cendres et exister à nouveau. Moi je me passerai bien de Bayrou. C'est un homme seul.
Le parlementaire ne digère pas ce qu'il considère comme un arrangement électoral :
Je n'irai pas manger le gâteau, ni partager les dragées. Je trouve que ce mariage est basé sur des intérêts électoraux plutôt que sur des valeurs communes.
Je me suis engagé à l'UDI pour un projet pour les Français, plutôt que pour un mariage basé sur des petits calculs entre ennemis d'hier, amis d'aujourd'hui, et peut être ennemis de demain.
Pilier de l'UDI, François Sauvadet ne sera pas non plus du rendez-vous. Au Figaro, il affirme "exercer sa claude de conscience" et ne pas se rendre au mariage. Lui a un problème avec les alliances pour les élections locales. La charte du rassemblement stipule qu'elles seront examinées au cas par cas.
Dans sa ville de Dijon, le Modem soutient le maire socialiste François Rebsamen. "Je ne veux pas d'alliances à la carte", martèle-t-il. L'élu de Bourgogne attaque François Bayrou qu'il décrit comme une girouette :
Je l'ai connu balladurien, chiraquien, centriste, refusant de voter Nicolas Sarkozy en 2007, votant pour François Hollande en 2012.
De son côté, le député UDI François Rochebloine raconte au Lab qu'il s'agit là du "mariage de la carpe et du lapin". Il dénonce un "mauvais arrangement électoral".
"Le centre va être plus fort nous dit on … un et un en politique ça fait jamais deux", précise-t-il. Des arrangements qui sont définis dans un texte auquel le parlementaire ne croit pas :
Cette charte, on ne peut rien dire contre cette charte. C'est l'encéphalogramme plat. (...)
Ma crainte c'est que l'UDI ne sorte pas renforcée de cette affaire. La question du leadership va se poser et j'espère que Jean-Louis Borloo sera candidat. (à la prochaine présidentielle, ndlr).
Du côté de Jean-Christophe Fromantin, le député-maire de Neuilly a exposé notamment au Figaro magazine ses interrogations quant à cette alliance. "Je n'ai ni envie de le voir, ni envie de le connaître", disait-il au sujet de François Bayrou.
Au Lab, il ajoute :
L'accord ne repose sur rien. (...) Au lancement de l'UDI, les choses étaient claires : il n'y aurait pas de démarche de l'UDI vis-à-vis du Modem. Je me sens trompé, je l'ai dis dans ce sens à Jean-Louis Borloo. Ce n'était pas le contrat de départ.
Thierry Benoit, le député de l'Ile-et-Vilaine est sur la même longueur d'ondes que ses collègues et émet "les plus grandes réserves" sur cette union. Il regrette que cet "arrangement politique" soit très éloigné des préoccupations des Français. Au Lab, il exprime une crainte :
Il ne faut pas que François Bayrou nous emporte dans une tourmente. L'UDI peut sortir renforcée si Bayrou assume qu'il s'est trompé, et qu'il le montre. Mais pour l'instant, ce ne sont que des intentions.
Ces absents ont des points communs : aucun n'envisage, pour le moment, de quitter l'UDI et tous jurent fidélité à Jean-Louis Borloo. Mais ils sont aussi d'accord pour dire qu'ils ne sont pas seuls et que la majorité des parlementaires de l'UDI est perplexe à l'idée de voir leur mouvement se rapprocher du Modem.
Le mariage-conférence de presse sera donc aussi le moyens pour François Bayrou et Jean-Louis Borloo de compter leurs soutiens.
Du côté du Modem, on affiche davantage d'enthousiasme. Même parmi les certains sceptiques de la première heure. L'eurodéputé Jean-Luc Bennahmias parle d'un Pacs, plutôt que d'un mariage. "Ca donne moins d'obligations", sourit-il.
S'il sera bien présent pour la cérémonie, le parlementaire européen se dit méfiant : "pas de Borloo, mais de ses petits camarades", déclare-t-il au Lab. Le candidat à la mairie de Marseille craint que des désaccords se heurtent à l'alliance sur les scrutins municipaux :
Le problème c'est que l'UDI doit être d'accord entre elle là dessus. C'est leur affaire. (...)
En ce qui nous concerne, il y a des choses impossibles. Contrairement à l'UDI, je ne vois pas comment on peut soutenir monsieur Santini, ni Balkany, ni Ceccaldi-Raynaud à Puteaux.
La lune de miel s'annonce animée.