DIFFÉRENT - Alain Juppé ne veut pas "se résigner à l’affrontement, au communautarisme, puis demain à la guerre civile". Dans le contexte post-attentats, le maire de Bordeaux est toujours à la recherche de ce qu'il nomme "l'identité heureuse". Ce qui passe par des positions parfois très différentes du parti qu'il ambitionne de représenter en 2017.
Libération raconte, jeudi 29 janvier, le déplacement de l'ancien Premier ministre à Branges (Saône-et-Loire), effectué mercredi. Devant quelque 800 sympathisants, Alain Juppé a notamment mis en garde contre des solutions sécuritaires du type "Patriot Act à la française" en réaction aux attaques terroristes. Et défendu une vision "respectueuse de la diversité", comme l'écrit le quotidien, qui ajoute : "Juppé se méfie des excès des défenseurs zélés de la laïcité".
Interrogé par Libération en marge de ce déplacement au sujet de l'autorisation, décidée par le gouvernement, faite aux mères voilées d'accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, le "meilleur ennemi" de Nicolas Sarkozy développe une réponse quelque peu inattendue et convoque sa "maman" :
"Quand ma maman allait à la messe, elle portait un foulard.
"
Façon de ne pas s'offusquer d'une telle autorisation et surtout de ne pas en demander l'annulation. Soit un positionnement diamétralement opposé à celui de l'UMP qui, le 20 janvier, écrivait dans un communiqué présentant ses "propositions pour l'éducation" :
"Le champ d'application du principe de laïcité, au titre de l'égalité entre l'homme et la femme, doit être étendu aux accompagnateurs bénévoles des sorties scolaires ainsi qu'à l'université pour les étudiants.
"
Une revendication récurrente d'un certain nombre de cadres du principal parti d'opposition, qui souhaitent donc revenir à la circulaire adoptée par Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale de Nicolas Sarkozy, selon laquelle les parents qui portent des signes religieux ostensibles ne pouvaient pas accompagner les enfants lors des sorties scolaires.
C'est la deuxième fois en très peu de temps qu'Alain Juppé se démarque ainsi des ténors de l'UMP. Le 14 janvier, à contre-courant d'une bonne partie de ses petits camarades, il expliquait ne pas vouloir céder à "la manie de nous précipiter sur de nouvelles lois" anti-terroristes, une semaine après l'attaque contre Charlie Hebdo. En attendant 2016 et la primaire de la droite (et du centre ?), l'ex-Premier ministre se donne un an pour "faire émerger les mesures fondamentales, essentielles au sursaut national", rapporte Libération.