La leçon de bonne nomination de Hollande, deux ans avant de proposer le nom de Jacques Toubon

Publié à 18h45, le 18 juin 2014 , Modifié à 18h49, le 18 juin 2014

La leçon de bonne nomination de Hollande, deux ans avant de proposer le nom de Jacques Toubon
François Hollande, en mai 2012. © Canal Plus.

PASSION ARCHIVE - C'est une vidéo d'archive qui a mal vieilli. Une leçon de politique signée François Hollande, sur l'importance de recevoir des "alertes" de ses conseillers, afin de "nommer les bonnes personnes aux bons endroits", deux ans avant de déclencher de vives protestations dans son propre camp en voulant nommer Jacques Toubon, Défenseur des droits.

LA THÉORIE

Filmé par Patrick Rotman en mai 2012, François Hollande détaille ce qu'il attend de ses conseillers, réunis au grand complet. Un discours de la méthode au cours duquel il définit le "rôle du chef de l'État : être en alerte par rapport à ce qui, à un moment, peut mobiliser notre peuple".

Le Président de la République, fraîchement élu, lance alors à son équipe :

Quand je parle des alertes, c'est aussi des nominations. Il est vrai que bien nommer est déjà bien diriger. [...]
Nommer les bonnes personnes aux bons endroits. Il peut y avoir une bonne personne mais qui ne va pas donner le meilleur d'elle même parce qu'elle n'est pas au bon endroit. Donc c'est vraiment très important la connaissance des hommes et des femmes.

Une vidéo, diffusée le 21 août 2013 sur Canal Plus, isolée par le Lab :


Depuis cette réunion, 23 des 50 conseillers de François Hollande sont partis ou vont le faire dans les jours qui arrivent.

LA PRATIQUE

François Hollande propose la nomination du chiraquien Jacques Toubon pour succéder à Dominique Baudis comme Défenseur des Droits. De nombreux élus socialistes s'y opposent publiquement en rappelant son vote au début des années 1980 contre la dépénalisation de l'homosexualité et contre l'abolition de la peine de mort. Le Premier ministre Manuel Valls, le secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen et le patron des députés PS, Bruno Le Roux, ont pris sa défense sur l'air du "il a changé!". Mais le président (PS) de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone "n'aurait pas proposé Jacques Toubon". Et le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, est ouvertement "un peu interrogatif, c'est le moins que l'on puisse dire".

La nomination de l'ancien garde des Sceaux dans le premier gouvernement Juppé en 1995 ne peut être empêchée que par un vote des 3/5e des voix de la commission des lois. "Si je sens que le dossier n'est pas bon, si je me rends compte que ça ne va pas passer, j'irai demander à Jacques Toubon de décliner la proposition", a prévenu Jean-Jacques Urvoas, président de cette puissante commission des lois du Palais Bourbon. Mais pour Jacques Toubon, qui a envoyé un court message à l'AFP, il n'en est "pas question".

Du rab sur le Lab

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