STIGMATISATION – D'ordinaire, Manuel Valls et le FN s'interpellent par médias interposés. Mais pas ce mardi 10 mars, pas à 12 jours du premier tour des départementales. Lors de la séance de questions au gouvernement, le Premier ministre a été attaqué par la députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen. Et l'élue du Vaucluse n'a pris aucun gant.
Pas vraiment ravie de la sortie de Manuel Valls , dimanche 8 mars, au Grand Rendez-Vous, Marion Maréchal-Le Pen a dénoncé des attaques "de plus en plus injurieuses" de la part des socialistes à destination des frontistes. Se référant à Michel Onfray , la benjamine de l'Assemblée a lancé :
"Gardez donc votre mépris crétin et vos leçons de République pour votre propre parti qui en moins de trois ans a oscillé entre phobie administrative et faux diplôme – sans doute Cambadélis a-t-il trouvé le sien au fond de sa poubelle – comptes en Suisse et prises illégales d'intérêts.
"
Et hop, en moins de 30 secondes, Marion Maréchal-Le Pen vise Thomas Thévenoud, Jean-Christophe Cambadélis, Jérôme Cahuzac , Kader Arif et Sylvie Andrieux "et tant d'autres qui ont volé les Français", selon elle. L'élue FN ajoute :
"Au nom de la République, vous revendiquez la stigmatisation de Marine Le Pen et de 30% des électeurs français quand vous condamnez toutes les autres stigmatisations et toutes les formes d'amalgames.
"
Cette stigmatisation, justement, Manuel Valls la revendique. Répondant à Marion Maréchal-Le Pen, le Premier ministre a ôté l'espace d'un instant sa veste de chef du gouvernement pour ne plus porter que celle de chef de la majorité. Et sa réponse a été aussi tranchante que la question de la députée FN.
Il a commencé :
"Si en deux minutes, il fallait résumer l'outrance, la démagogie et le vrai visage de l'extrême droite, vous venez de le démontrer parfaitement. L'insulte, la calomnie, c'est ce qui fonde votre parti.
"
Et Manuel Valls de reconnaître que, oui, il mène campagne "dans le strict respect des lois de mon pays". Oui, il mène "campagne contre l'extrême droite", car "à partir du moment où l'extrême droite a réalisé le score de 25% aux élections européennes", "à partir du moment où les enquêtes d'opinion donnent [au FN] 30% aux prochaines élections départementales", Manuel Valls considère que pour l'image de son pays, que pour notre démocratie, "cela représente un danger".
Et, pour illustrer ses propos, il évoque ces candidats FN à problèmes , "des dizaines à tenir des propos antisémites, à tenir des propos racistes, à tenir des propos homophobes, à tenir des propos sexistes, à s'en prendre à des ministres de la République".
Il conclut :
"Il est temps que dans ce pays il y ait un débat, qu'on déchire le voile, la mascarade qui est la vôtre. […] Jusqu'au bout je mènerai campagne pour vous stigmatiser et pour vous dire que vous n'êtes ni la République, ni la France.
"
Un instant découpé par le Lab et à revoir ci-dessous en vidéo :