C'est une petite concrétisation de la stratégie macronienne de "déstabilisation" de la droite. Après une campagne "et de droite et de gauche" et la nomination d'un Premier ministre issu des rangs de Les Républicains en la personne d'Édouard Philippe, Emmanuel Macron voulait poursuivre ses tentatives de "recomposition" du paysage politique en faisant entrer plusieurs cadres LR dans le premier gouvernement de son quinquennat. Ils ne sont finalement que deux, d'après ce qu'a annoncé le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler mercredi 17 mai.
Le député de l'Eure et ancien candidat à la primaire Bruno Le Maire, qui lui avait envoyé des signes dès le soir du premier tour de la présidentielle, est ainsi nommé ministre de l'Économie. Le voilà donc de retour au gouvernement après son passage à l'Agriculture et au secrétariat d'État aux Affaires européennes durant le quinquennat Sarkozy. Il atterrit à Bercy après un premier échec à y entrer en 2011.
Gérald Darmanin, ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy et proche de l'ex-chef de l'État mais surtout de Xavier Bertrand, est pour sa part nommé ministre de l'Action et des comptes publics. Pour l'exécutif, il a l'avantage de représenter une autre partie de la droite, plus traditionnelle, que les deux premiers cités. Xavier Bertrand, qui avait accusé Emmanuel Macron d'avoir utilisé son nom comme "écran de fumée" en le faisant fuiter comme (Premier) ministrable, s'est cependant désolidarisé de son lieutenant tout en lui souhaitant la "réussite" :
A mon ami @GDarmanin qui a fait un choix différent du mien et donc ne me représente pas, je souhaite la réussite. #GouvernementPhilippe
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 17 mai 2017
>> Ces tweets que Gérald Darmanin devrait supprimer maintenant qu'il est ministre
Des nominations qui ont entraîné cette réaction rapide et lapidaire de Bernard Accoyer, secrétaire général de LR : "Les membres de notre famille politique qui ont choisi, en nombre très réduit, de rejoindre ce gouvernement ne font plus partie des Républicains."
Les membres de notre famille politique qui ont choisi, en nbre très réduit,de rejoindre ce gouvernement ne font plus partie des Républicains pic.twitter.com/68xgUHujVK
— Bernard Accoyer (@BernardAccoyer) 17 mai 2017
Une "exclusion" à laquelle Bruno Le Maire a répondu lui aussi publiquement : "La France vaut mieux que les partis. La France mérite mieux que les exclusions. La France attend de nous un engagement total, pour retrouver notre dignité et notre grandeur."
.@lesRepublicains ont fait le choix de m'exclure de notre parti.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 17 mai 2017
Ma réaction : https://t.co/9w8DY0IyuMpic.twitter.com/XB3YkZ4LNm
Plusieurs absences de droite sont donc toutefois à noter dans ce gouvernement : celle de Nathalie Kosciusko-Morizet d'abord, candidate à la primaire LR et proche de la ligne d'Emmanuel Macron, dont le nom circulait fortement pour le ministère de la Défense. Jean-Paul Delevoye, secrétaire d'État durant le second quinquennat de Jacques Chirac (et président de la commission d'investiture de La République en marche), tout comme Anne-Marie Idrac (secrétaire d'État du premier quinquennat Chirac et du quinquennat Sarkozy), ne font pas non plus partie de ce premier gouvernement de l'ère Macron. Idem pour Thierry Breton, ministre de l'Économie sous Jacques Chirac (2005-2007), et le sénateur apparenté LR Jean-Baptiste Lemoyne , premier parlementaire de droite à rejoindre En marche !.
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