LAPSUS HISTORIQUE - Alors qu'Alain Juppé vient de reprendre la tête du concours (officieux) du plus *beau* lapsus de la primaire. La concurrence est pourtant rude, chacun ou presque ayant mis le paquet en matière de langue fourchue. Mais cette fois, le maire de Bordeaux met la barre très haut.
Sur Europe 1 mardi 22 novembre, l'ex-Premier ministre attaque de nouveau son adversaire pour le second tour de la primaire, François Fillon, sur la question de l'avortement, dont ce dernier a jugé qu'il ne constituait pas un "droit fondamental". Rappelant que le député de Paris est soutenu par Sens commun, qu'il qualifie de "mouvement politique qui a des positions extrêmement conservatrices, extrêmement traditionalistes", il charge :
"Il y a des points sur lesquels moi j'aimerais bien que François Fillon clarifie ses positions, par exemple sur l'avortement, l'interruption volontaire de retraite... euh de grossesse.
"
Lourd impensé que celui contenu dans cet écart de langage, pour l'homme des grèves massives de 1995... Mais se rattrapant aussitôt, il poursuit sa critique (que partage la gauche) sur le thème de l'IVG :
"[François Fillon] a commencé par dire dans son livre ['Faire', ndlr] que c'était un droit fondamental de la femme. Et puis il est revenu sur cette déclaration dans un débat qu'il a eu devant un certain nombre de ses supporters. Voilà, quelle est sa position ?
"
"Il y a souvent du flou, il y a souvent du flou artistique", conclut-il, usant des éléments de langage préparés dans l'urgence par son équipe et qui ne sont pas sans rappeler l'ambiance d'une autre primaire, celle du PS en 2011.
Plus tôt dans la matinée, le porte-parole de François Fillon, Jérôme Chartier, avait argumenté, sur Europe 1 également, que son champion n'entendait cependant pas revenir sur le droit à l'avortement. Ce que l'intéressé lui-même avait dit fin octobre dans L'Émission politique sur France 2. Opposé à l'IVG "à titre personnel", il avait cependant affirmé :
"Je dis aussi que jamais personne, et certainement pas moi, ne reviendra sur l'avortement.
"
Pour rappel, les autres lapsus en compétition sont : Nicolas Sarkozy et le camp de migrants "sous le métro Stanislas", Jean-François Copé et son gouvernement de "ministres de gauche", Valérie Pécresse et son "Alain Macron", ou encore l'oeuvre collective "François Bayroin".
[BONUS TRACK]
Lors d'un point presse en fin de matinée, François Fillon a répliqué aux attaques d'Alain Juppé, dénonçant une "polémique inqualifiable". Et d'ajouter :
"Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas.
"
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