Il dit croire en l'indépendance de la justice mais estime qu'il existe des "zones d'ombres" impliquant l'exécutif. Invité de RTL ce 2 juillet, Bruno Le Maire évoque une possible "affaire d’État" après la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Une affaire d’État concernant le pouvoir en place et non l'ancien Président.
En début d'interview, celui qui brigue la présidence de l'UMP commence par expliquer qu'il n'y a pas de "justice de droite ou de gauche", reprenant ainsi le discours d'un de ses soutiens, le député Thierry Solère :
Il y a une décision de justice. La décision de justice, elle s’impose à tous. Il n’y a pas de justice pour les puissants, une justice pour les faibles. Il n'y a pas une justice de droite ou de gauche. Il y a une justice républicaine qui s’impose à tous.
Puis le candidat change de ton et charge le gouvernement en place. A ses yeux, il existe des "zones d'ombres" sur les conditions dans lesquelles les écoutes - point de départ de l'enquête qui a abouti à la mise en examen de Nicolas Sarkozy - ont été menées, et sur l'état des informations de François Hollande et de ses ministres :
C’est le cœur de cette affaire, savoir quand ces écoutes ont été décidées, quel a été leur contenu et quand François Hollande, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Madame Taubira (…) ont été informés de ces écoutes. Que savaient-ils du contenu de ces écoutes qui portaient sur un ancien président de la République, un avocat et peut-être d’autres personnes ?
Bruno Le Maire va jusqu'à parler "d'affaire d’État" :
Tant que nous ne savons pas quand le Président et son gouvernement on été informés, cette affaire de justice peut devenir une affaire d’Etat.
Le député UMP revient ici sur une polémique qui avait touché principalement la Garde des sceaux en mars dernier, lorsque les écoutes visant Nicolas Sarkozy avaient été révélées. Jean-Marc Ayrault avait en effet assuré avoir eu connaissance des écoutes, lui et Christiane Taubira, le 26 février 2014, jour de l'ouverture d'une information judiciaire contre l'ancien Président pour violation du secret de l' instruction et trafic d'influence. La veille, la même Christiane Taubira avait au contraire affirmé avoir été mise au courant le 7 mars seulement, jour de leur révélation par Le Monde.
Un imbroglio qui avait poussé l'opposition à comparer Christiane Taubira à Jérôme Cahuzac en la qualifiant de menteuse et en demandant sa démission. La ministre avait quant à elle parlé d'un "malentendu" et aucunement d'un mensonge.
Manuel Valls a quant à lui toujours assuré avoir été informé des écoutes le 7 mars, à la lecture du Monde. Quant à François Hollande, il a été mis au courant le 4 mars, lors des perquisitions faites aux domiciles et bureaux de Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy.
Le contenu des écoutes - réalisées dans le cadre d'une toute autre affaire, celle sur un éventuel financement de la campagne de 2007 par la Libye - a poussé les juges à soupçonner l'existence d'un "réseau" d'informateurs au sein de la police et de la justice, pouvant renseigner Nicolas Sarkozy ou ses proches dans les procédures judiciaires le concernant. Après une garde à vue d'une quinzaine d'heures, l'ancien chef de l'Etat a été mis en examen pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel.